Un couple de quarantenaire qui s'isole dans une maison délabrée en campagne, c'est le cadre qu'a choisi Hélène Angel pour livrer son film d'épouvante. Le fait qui marque d'entrée est la relation de ce couple, frigide, complexe et sur le déclin, caractérisée par la vulnérabilité de la femme (entre faiblesse physique et mentale) et l'incompréhension du mari. La maison qui se dresse avec ses mystères renforcent cette impression de perdition des personnages, dont l'amour semble inexistant et dont le quotidien va soudain être mis à rude épreuve.
En jouant sur le hors-champ, la paranoïa de son personnage principal et le désespoir du mari, Hélène Angel cherche à créer une tension constante, souhaitant faire hésiter son spectateur, incapable de savoir s'il doit croire en ce que les personnages voient ou s'il doit s'en détacher. Le thème de la folie, du malêtre, de la tension contextuelle auraient pu être réussi s'il n'y avait pas trop souvent des maladresses, qui se révèlent parfois grossières. D'une part les interprètes sont d'un niveau assez médiocre, et on ne sait pas vraiment si c'est à cause des dialogues mal écrits ou de leurs propres lacunes. Toujours est-il qu'on a du mal à ressentir l'impact du duo et de leur relation, ce qui nuit considérablement à l'immersion.
Outre ce défaut majeur, il y a malgré tout un aspect mystérieux développé autour du passé de la maison et du frère disparu de la femme qui nous intrigue. Tout comme ce trou reliant un mur de la cave au jardin, et par lequel un individu semble s'introduire dans la maison. Après une première moitié qui se concentre sur la psychose environnementale et les démons du passé, la dernière partie bascule dans un tout autre genre. Ce n'est plus le hors-champ ou les coins sombres de la maison qui vont être source de tension, mais bien ce qui est sous l'écran, en pleine lumière, en pleine journée. La folie palpable mais modérée en début de film éclate au grand jour et nous surprend. Comme si les personnages avaient creusé un tunnel sans fin vers le néant psychologique, vers la perte totale d'humanité. Je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler trop d'éléments de l'intrigue, mais après un creux ennuyeux dans le récit la fin prend un nouveau rythme et apporte un second souffle, certes tardif, mais appréciable.
Le travail sur les personnages, sur la maison, le passé, et le côté horrifique, ne peut pas atteindre des pics jouissifs en raison d'une réalisation trop souvent fade, d'un rythme inégal et des dialogues insipides. Malgré tout il n'y a pas que du mauvais à tirer de Propriété interdite, qui arrive à poser son ambiance et à offrir grâce à sa durée limitée une plongée dans l'horreur qui a quelques côtés plaisants. Ça ne restera qu'un film de seconde zone, déjà oublié, mais qui ne laissera pas que des mauvais souvenirs, je m'attendais à bien mieux, mais ça aurait pu être pire...