Pour un instant, la liberté est en partie autobiographique. Le réalisateur Arash T. Riahi, d'origine iranienne, a fui son pays à l'âge de 9 ans avec ses parents. Trop jeunes pour voyager, ses frères et soeurs sont restés plus d'un an en Iran avant de pouvoir les rejoindre. Le reste du récit s'inspire d'amis ou d'évènements réels, qui ont conduit Arash T. Riahi à faire ce film sur un sujet qui lui tient particulièrement à coeur.
L'écriture du scénario, qui a débuté en 2000, a fait l'objet de nombreuses recherches documentaires, rencontres et voyages afin de trouver le ton juste du film entre tragédie et comédie. Arash T. Riahi explique sa démarche: "J'ai effectué plusieurs voyages de recherche en Turquie pour voir ce qui avait changé ces dernières années. Je me suis beaucoup entretenu avec des réfugiés et des membres d'ONG, et j'ai participé à des ateliers d'écriture comme Equinoxe ou le Sundance Lab (...) je me suis aussi rendu à la frontière entre la Turquie et l'Iran pour rencontrer des réfugiés et discuter avec eux. Ils m'ont raconté qu'ils évitent de sortir de chez eux parce qu'ils ont peur de la police secrète iranienne et aussi de la police turque."
Pour un instant, la liberté fait référence à une vie meilleure vers un Occident synonyme de "terre d'accueil". Les réfugiés politiques sont extrêmement nombreux, leurs conditions de vie sont extrêmement précaires, pour ne pas dire misérables. Cette fuite vers l'Occident sonne pour eux comme "un instant de liberté".
En réalisant ce film, Arash T. Riahi a voulu rendre hommage à tous ces gens et réfugiés politiques, qui se sont battus et qui sont morts pour "Un instant de liberté", à tous ces gens qui vivent entre deux mondes, plus vraiment sur leur terre d'origine et pas non plus sur leur lieu de destination.
Une partie du film, censée se dérouler dans la ville turque d'Erzurum, aurait pu ne pas voir le jour, puisqu'une fois sur place, le maire de la ville voulait interdire le tournage. Le film fustige en effet les liens étroits qui existent entre le gouvernement turc et les services secrets iraniens. Le consulat iranien ne voyait pas d'un bon oeil ce film et a tenté de faire annuler les autorisations de tournage. Mais Arash T. Riahi s'est empressé de rappeler au maire que la ville d'Erzurum devait accueillir les JO d'hiver universitaires en 2011 et que l'Occident ne verrait pas d'un bon oeil que la ville ne mène pas ce projet à bien.
Arash T. Riahi a consacré plus d'un an et demi à son casting. C'est entre Berlin, Stockholm, Londres, Paris, Vienne et Francfort que le cinéaste a trouvé ses acteurs, entre professionnels et débutants. Les exigences dues au scénario ont quelque peu compliqué les recherches... "Il nous fallait des comédiens perses qui parlent farsi sans aucun accent, certains devaient avoir une vingtaine d'années, et bien entendu, il fallait surtout qu'ils jouent bien ! Il nous fallait aussi trois enfants âgés de 5 à 7 ans parlant la langue sans aucun accent. Par-dessus le marché, il fallait que les acteurs soient conscients qu'ils allaient participer à un film qui critique le régime. Cela a automatiquement exclu ceux qui voulaient rentrer en Iran (...) Certains d'entre eux ont changé leur nom pour des raisons de sécurité.
Le tournage de Pour un instant la liberté s'est déroulé dans plusieurs pays. Il débute à Ankara, pendant un mois et se poursuit dans la région montagneuse d'Erzurum, à l'Est de la Turquie. La seconde partie s'est tournée en Europe, deux semaines en studio à Vienne et une journée dans la ville de Berlin.
Arash T. Riahi réalise, avec Pour un instant la liberté, son tout premier long-métrage de fiction. Il débute dans le cinéma en réalisant deux documentaires. Le premier, The Souvenirs of Mr. X (2004), rend hommage aux cinéastes amateurs. Le second, Exile Family movie (2006), aborde un sujet cher aux yeux du réalisateur, l'exil d'une famille entre l'Europe et les Etats-Unis.