Wesley Snipes avait été attaché au projet dans les années 90. Il avait même proposé un script à la Columbia Pictures à l'époque. L'acteur a finalement pris une autre direction, campant un autre super-héros, Blade.
La maison d’édition Marvel Comics, dont l’audace créative a fait la renommée, présente depuis 1939 toute une panoplie de super-héros, à l’instar de l’incontournable Black Panther, dont la première apparition remonte à 1966, avec la publication du 52e numéro de la revue Fantastic Four, Vol. 1. Ce personnage imaginé par Stan Lee et Jack Kirby a rapidement conquis le public, par delà les clivages ethniques et culturels. Au fil des ans, le succès de la série ne s’est pas démenti, comme en attestent les nombreuses nouvelles publications dont elle a fait l’objet, notamment celles du réalisateur Reginald Hudlin ou du journaliste Ta-Nehisi Coates.
Pour Black Panther, Marvel a vu les choses en grand ! La nouvelle réalisation de Ryan Coogler a été tournée en IMAX dans un format large, mais la version cinéma classique tronquera l'écran. L'idée est bien entendu de pousser les spectateurs à voir le film dans ce format plus spectaculaire mais aussi plus onéreux.
Une panthère humaine sur le toit d'une voiture : c'est le spectacle auquel ont pu assister de nombreux badauds à Busan, en Corée du Sud, où s'est tournée une partie de Black Panther en février 2017. Le super-héros Marvel y apparaît en pleine scène d'action accroché à un véhicule. Le responsable des cascades donne quelques détails sur la séquence en question : "La scène implique environ 150 voitures et plus de 700 personnes, c'est une course-poursuite entre le superhéros et le grand méchant. Elle implique également des hélicoptères et des flingues (qui tirent à blanc)."
Le réalisateur de seconde équipe Darrin Prescott était venu en Corée en novembre 2016 pour contacter les autorités à propos de cette scène, qui implique donc le pont de Gwangan, la plage de Gwangalli, et le marché de poissons de Jagalchi.
Ryan Coogler voulait que la séquence coréenne soit le plus fluide possible. Il a donc demandé que le montage soit fait en direct, ce qui se fait rarement au moment du tournage. Le réalisateur estimait cependant que c’était le meilleur moyen de s’assurer que toutes les cascades et les effets spéciaux apparaissaient bien à l’écran.
Marvel Studios a dû faire face aux critiques adressées au casting de Doctor Strange, qualifié d'un peu "trop blanc". Le producteur Kevin Feige a donné sa réponse au podcast d'Empire, en parlant du film Black Panther :
"C'est un pas que Marvel comics a franchi il y a des années, et il nous a semblé qu'il était plus que temps de le faire dans le film.(...) Il s'agira de l'une des meilleures troupes que nous ayons jamais eu, et 90% du casting sera Africain ou Afro-américain."
Et effectivement, outre Chadwick Boseman dans le rôle titre, on retrouve Michael B. Jordan, Lupita Nyong'o, Forest Whitaker, Danai Gurira, Sterling K. Brown ou Daniel Kaluuya. On peut compter dans les 10% restants les présences d'Andy Serkis (déjà vu au Wakanda dans Avengers 2) ou de Martin Freeman, reprenant son rôle d'agent gouvernemental de Civil War.
Adewale Akinnuoye-Agbaje, Anthony Mackie et Djimon Hounsou ont tous été considérés pour le rôle de T'Challa. Ils ont finalement tous joué dans des films Marvel :
À noter que Hounsou a prêté sa voix à Black Panther dans la série animée.
Le scénariste et réalisateur Ryan Coogler est connu pour son style intimiste, centré sur les personnages. Il s’est fait connaître en 2013 avec Fruitvale Station, un drame récompensé, dont Michael B. Jordan tenait le premier rôle. Son film suivant, Creed : L’Héritage de Rocky Balboa, avec Sylvester Stallone et Michael B. Jordan, lui a permis de montrer qu’il était capable de manier avec talent des sujets et des intrigues complexes.
"Ryan Coogler est un réalisateur incroyable", explique le producteur Kevin Feige. "Il a déjà réalisé deux films qui, selon moi, entreront dans l’Histoire. L’enthousiasme et la passion dont il a fait preuve à la lecture du scénario nous ont vraiment bluffé. Ses idées et son point de vue nous ont vraiment convaincu pour le film." Ryan Coogler, pour sa part, estime que ce sont ses échanges avec Kevin Feige qui l’ont persuadé de réaliser Black Panther. "On voit que Kevin aime vraiment ce qu’il fait. Il a une vision très claire de ce que cet univers représente dans le monde de la culture pop et du cinéma, et de son impact potentiel. Il a une vision globale des choses, mais il est aussi capable de cerner en un clin d’œil ce qui est essentiel dans l’histoire et chacun des personnages."
Le nom du pays africain imaginaire, le Wakanda, est tiré du nom d'une tribu kenyane appelé Wakamba, aussi connue sous le nom Kamba.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le Wakanda n’est pas un pays pauvre. C’est l’unique producteur du vibranium, un métal extrêmement résistant qui prête au bouclier de Captain America son caractère indestructible. Ulysses Klaue (Andy Serkis) n’aspire qu’à en prouver l’existence et à en exploiter les propriétés. Depuis des générations, le vibranium constitue une ressource extraordinaire pour le peuple wakandais et tient une place essentielle dans sa culture. En raison de son efficacité quasi absolue, il entre dans la fabrication du costume de Black Panther ou du bouclier de Captain America. Il sert aussi de source d’énergie pour alimenter tout le pays. Les atouts qui en découlent – technologie, expertise, richesse et pouvoir – sont impressionnants et vont bien au-delà de ce que nous pourrions imaginer aujourd’hui.
Ils font du Wakanda une véritable grande puissance, en dépit de sa politique isolationniste. En observant de plus près cet État fictif, on découvre une société futuriste empreinte de mysticisme et profondément enracinée dans les traditions africaines. Avec un tel potentiel à explorer, la transposer sur grand écran était une réelle gageure créative pour l’équipe du film. "Pour Black Panther et le monde du Wakanda, il s’agissait de trouver quelques grands repères réalistes", résume Nate Moore. "Ce qui rend à nos yeux cet univers crédible, tout en créant quelque chose de passionnant et de tout à fait inédit." La chef décoratrice du film, Hannah Beachler, qui s’essayait pour la première fois au monde des comics, s’est emparée de cette occasion unique d’élaborer et de décliner un paysage aux multiples facettes, entièrement façonné par sa ressource clé, et associant esthétique africaine traditionnelle et modernité extrême.
The Black Panther a été créé en juillet 1966, deux mois avant la création de la Black Panther Party. Il régnait alors une confusion auprès du public, ce dernier croyant que les comics faisaient ouvertement référence au parti. Il a été décidé de renommer le personnage Black Leopard avant que les créateurs ne reviennent finalement sur leur décision.
Ava DuVernay, réalisatrice de Selma, a été approchée par Kevin Feige pour mettre en scène les aventures de Black Panther. Cette dernière a finalement renoncé en raison de divergences artistiques.
Selon Ryan Coogler, le film parle autant du personnage de Black Panther que de la nation du Wakanda et de son peuple : "Nous verrons les amis de T’Challa, les gens qui ont grandi avec lui, ceux dont il a la responsabilité et à qui il doit rendre des comptes quand il est sur le trône. Tout cela est extrêmement important. Nous voulons vraiment que Wakanda soit empreint de réalisme. C’est comme si vous rencontriez un New-Yorkais : vous n’avez peut-être jamais été à New York, mais vous imaginez ce à quoi la ville peut ressembler à travers ses habitants. Les spectateurs ont donc déjà rencontré un habitant du Wakanda, un représentant de cette nation, mais ils n’y ont jamais mis les pieds. Avec ce film, nous les emmenons en plein cœur de cet univers. Ils comprendront mieux comment et pourquoi T’Challa a agi comme il l’a fait dans Captain America: Civil War, et les raisons de sa gestuelle."
Avant d'accepter de mettre en scène les aventures de Black Panther, Ryan Coogler a exigé de travailler avec ses proches collaborateurs, la chef-opératrice Rachel Morrison, la chef-décoratrice Hannah Beachler et le compositeur Ludwig Göransson. Le cinéaste avait notamment travaillé avec eux sur Fruitvale Station (2013).
Connue pour son incarnation de Michonne, la guerrière au katana dans The Walking Dead, la série culte d’AMC, Danai Gurira ne s’est pas posé de questions lorsqu’on lui a proposé le rôle de l’intrépide Okoye, confidente de T’Challa et chef des Dora Milaje. Née aux États-Unis, Gurira a grandi au Zimbabwe. Elle est aussi dramaturge, et ses pièces captivantes sur de grandes figures africaines ont souvent été distinguées. "J’essaie de replacer ces histoires africaines dans un contexte occidental", raconte-t-elle. "Voir des personnages africains évoluer dans un cadre aussi épique que Black Panther est déjà passionnant, mais le point de vue de Ryan Coogler est très enrichissant. Le scénario du film met en scène des Africaines aux commandes d’un royaume prospère et autosuffisant, loin de toute influence extérieure. Ce lieu mythique et merveilleux s’est construit seul, forgeant sa propre modernité pour devenir le pays aux technologies les plus avancées de la planète. J’ai trouvé ça palpitant."
Michael B. Jordan retrouve l'univers Marvel après avoir incarné Johnny Storm alias La Torche dans le controversé Les 4 Fantastiques de Josh Trank. Chris Evans a fait de même en campant également Johnny Storm dans les précédents opus des 4 Fantastiques avant de devenir Captain America. Ironiquement, Black Panther aura combattu avec les 2.
La chef-costumière Ruth E. Carter s'est inspirée des vêtements traditionnels de plusieurs tribus africaines pour confectionner les habits portés par les héros. Les tribus inspirantes sont les Maasai, Himba, Dogon, Basotho, et les Touaregs. Carter a parcouru le monde, du Ghana à Los Angeles, pour trouver les tissues et les accessoires dont elle avait besoin pour les 700 costumes du film.
Le nom du personnage d'Everett K. Ross (Martin Freeman) est inspiré des noms des personnages de Alex P. Keaton (Michael J. Fox) dans Family Ties et Ross Geller (David Schwimmer) dans Friends.
Erik Killmonger est un nouvel ennemi du royaume du Wakanda qui cherche à accéder au trône. Fort de connaissances et de compétences tactiques potentiellement mortelles, c’est un redoutable adversaire pour nos héros. Bien plus qu’une simple relation professionnelle, Michael B. Jordan entretient de profondes affinités artistiques avec Ryan Coogler. Quand le réalisateur lui a proposé de jouer Killmonger, un personnage plus sombre qui sortait de son registre habituel, il a accepté sans hésiter.
"Je baigne dans l’univers Marvel depuis que je suis tout petit. J’ai grandi avec ces comics et ces héros, que j’ai toujours adorés. Je connaissais très bien Black Panther, un personnage que j’ai toujours admiré et que je respecte énormément. Toute mon enfance, j’ai rêvé de lui ressembler", confie l'acteur. "Erik Killmonger représente une menace et un énorme danger pour T’Challa car il connaît parfaitement le Wakanda", précise le Ryan Coogler. "Quand on connaît les faiblesses de ses ennemis, on devient un adversaire redoutable. Le film évoque le nerf de la guerre actuel : l’information. Le monde se divise en deux catégories : ceux qui savent, et les autres. L’atout principal de Killmonger, ce sont les informations qu’il détient."
Denzel Whitaker incarne le jeune Zuri. Bien qu’il ait le même nom de famille que Forest Whitaker, ils n’ont aucun lien de parenté. Ils ont cependant joué un père et son fils dans The Great Debaters de Denzel Washington.
Ryan Coogler cite Le Parrain et la saga James Bond comme inspirations pour Black Panther. Selon lui, son film est une fresque familiale et dramatique sur fond d'espionnage international.
Ryan Coogler cite Blade Runner comme influence concernant le design de Wakanda's city.
La chef-décoratrice Hannah Beachler a également parsemé ses créations d’écriture wakandaise, un langage imaginaire inspiré d’un vieux dialecte nigérian. Comme elle ne connaissait pas grand-chose au monde des comics, elle a suivi quelques leçons de rattrapage auprès d’un spécialiste — son fils adolescent—, ce qui lui a permis de se rendre compte qu’elle devait absolument se familiariser avec l’univers de Black Panther. Des premiers scénarios de Jack Kirby à la reprise récente de la série par Ta-Nehisi Coates, elle a découvert un monde d’une grande richesse : celui d’un super-héros placé au cœur d’intrigues empreintes d’un vrai message social. "Le principe de Black Panther a toujours été de s’emparer de sujets sérieux pour en faire quelque chose de divertissant", estime-t-elle. "C’est formidable de travailler sur un personnage d’une telle longévité, et j’ai mis un point d’honneur à placer des clins d’œil à tous les artistes qui avaient contribué à cette véritable institution. À mes yeux, il était indispensable de bien appréhender cette base et de rester fidèle à l’histoire, tout en la transposant à notre époque, afin de bien coller au projet de Ryan."
Lupita Nyong'o et Winston Duke, qui incarnent les personanges de Nakia and M'Baku, étaient ensemble à l'universite de Yale. Ils ont vu Avengers à sa sortie en 2012, rêvant de participer un jour à la saga super-héroïque. C'est chose faite.
La majorité des décors qu’Hannah Beachler a conçu avec son équipe – notamment ceux du conseil tribal, du laboratoire de recherche et développement wakandais (dirigé par Shuri), de l’ancestrale salle des rois souterraine, et, surtout, des Chutes du guerrier, haut lieu de traditions et de batailles cérémonielles – ont été construits en studio à Atlanta. Erigées sur un plateau en extérieur situé au nord de la ville, ces chutes sont l’un des paysages les plus stupéfiants du film. Pour le public, c’est le premier vrai contact avec le Wakanda, de son héritage ancestral et de ses cérémonies rituelles. Inspirée des majestueuses gorges d’Oribi, en Afrique du Sud, elles sont le fruit de l’étroite collaboration entre les équipes de la création artistique, des effets spéciaux (sous la houlette de Dan Sudick, référence en la matière) et des effets visuels (dirigée par Geoff Baumann).
Le décor des chutes du guerrier mesure 37 x 23 m, et 11 m de haut. Son bassin se situe à 1,80 m du sol. Les falaises culminent donc à près de 10 m, ce qui a permis au réalisateur Ryan Coogler et à Rachel Morrison, sa directrice de la photographie, d’obtenir des panoramiques extraordinaires depuis n’importe quel angle. Vues plongeantes ou plans rapprochés des combats aquatiques, les possibilités étaient multiples. Grâce à la combinaison des images de synthèse et du décor physique, la façade rocheuse des chutes donnera l’impression de faire 30 m de haut. L’équipe en charge des cascades a dû en équiper toutes les surfaces de point d’appuis afin d’assurer la sécurité des figurants et de prévenir tout accident. Des équipes d’artisans ont géré la fabrication de la charpente, sculptée à la main dans du polystyrène expansé, puis soigneusement plâtrée et peinte pour évoquer les plateaux d’une façade rocheuse. Inspirée des rochers des gorges sud-africaines d’Oribi, elle a nécessité l’utilisation de plus de 700 m3 de mousse.
Ce décor vertical comportait de multiples chutes, par lesquelles l’eau se déversait dans un bassin encastré qui servirait au tournage de plusieurs scènes clés. Sur une saillie, l’équipe de Dan Sudick a fabriqué une cascade artificielle munie de six grandes pompes immergées, avec régulateur de température, qui faisaient circuler près de 500 000 litres d’eau en boucle fermée, à raison de 100 000 litres par minute. Hannah Beachler a même inventé un ingénieux système de tunnels, dissimulés à l’arrière de cette structure extraordinaire, pour permettre à plus de cent figurants vêtus des fastueuses parures des quatre tribus du Wakanda (celles des marchands, de la porte, de la mine et de la rivière) d’accéder à ses différents niveaux. Au final, ce fabuleux décor a nécessité quatre mois de travail acharné, pour deux semaines de tournage.
Le décor du conseil tribal, en charge des affaires du pays, est un excellent exemple du mélange entre ancien et nouveau monde. Les installations au style épuré sont magnifiées par les effets spéciaux de Geoffrey Baumann, qui a déjà travaillé sur nombre de blockbusters Marvel, dont Doctor Strange est le dernier en date. Ce lieu a nécessité une attention toute particulière. Pour l’imaginer, Hannah Beachler a d’abord étudié le concept artistique du film, tout en rondeurs, qui l’a incitée à reprendre l’idée du cercle de la vie, présente dans de nombreuses cultures. Elle souhaitait par ailleurs joindre le moderne à l’ancestral.
"Nous voulions que la technologie valorise les parties plus anciennes. Dans le film, le passé et le présent coexistent constamment." L’équipe a donc décidé de placer une structure en ruine au centre de la pièce, sous un sol futuriste en dalles de verre. Les membres du conseil y siègent, ce qui renvoie à leur héritage immémorial. Hannah Beachler a aussi fait graver sur des colonnes métalliques des inscriptions dans un vieux dialecte nigérian, ce que n’a pas manqué de remarquer une figurante originaire de ce pays ! "Elle a examiné le texte et nous a dit qu’elle le comprenait, et que c’était vraiment magnifique. Le mélange d’écrits du ve siècle et de cadre ultramoderne fonctionne parfaitement !"
Michael B. Jordan (Erik Killmonger) devait subir quotidiennement deux heures et demie de maquillage, tandis que le maquilleur Joel Harlow et trois autres personnes lui appliquaient quelque quatre-vingt-dix moulages de silicone individuellement sculptés sur le haut du corps. Ce processus d’application des "scarifications" impliquait de poser chaque pièce puis de la recouvrir de peinture afin qu’elle s’accorde avec la couleur de sa peau. Les entailles du personnage sont autant de souvenirs de ses meurtres au fil des ans. "Les scarifications sont pour lui un souvenir de ce qu’il traverse et de ce qui le garde concentré sur sa mission", précise l’acteur. "C’est aussi un rappel des raisons qui le poussent à accomplir ses meurtres. Ce n’est pas gratuit. Il croit tuer pour la bonne cause. Ces marques le rappellent constamment à l’ordre."
Camille Friend a repoussé les limites pour créer les différentes coiffures des acteurs. Depuis les traditionnelles tresses africaines jusqu’aux sculptures capillaires détaillées, moulées à l’argile, en passant par des perruques sur mesures tissées à la main, son équipe et elle ont expérimenté avec les textures, les couleurs, les fibres naturelles, les fleurs, les baies et même l’omniprésent vibranium (des ficelles enrobées de métal) pour donner vie à une société wakandaise complexe, fière de son histoire, passée, présente et à venir, conforme à la vision de Ryan Coogler. L’un des projets qui a nécessité le plus de travail est aussi celui qui a donné naissance à la révélation la plus spectaculaire d’un personnage : les dreadlocks argentées de Ramonda (Angela Bassett), qui lui descendent jusqu’à la taille. Cette perruque est composée de cent vingt pièces de cheveux roulées et transformées à la main. La responsable des coiffures a également posé des extensions à Michael B. Jordan pour parfaire son apparence. L’acteur n’y était pas habitué, et elle est très fière du résultat : "Erik Killmonger a un style très cool. En gros, nous avons demandé à Michael de se laisser pousser les cheveux autant qu’il le pouvait, puis nous lui avons posé des dreadlocks. C’était une solution parfaite pour lui donner un style complètement différent. Dans le rôle du méchant, ça le rend vraiment imprévisible."
Même si Letitia Wright porte des tresses africaines et les cheveux partiellement rasés marqués d’un dessin tribal, Gurira, Kashumba et toutes les actrices incarnant les Dora Milaje ont dû se raser entièrement la tête pour respecter le célèbre style des guerrières, qui rappelle les comics de Black Panther. Les préparer à cela n’a pas été une tâche facile ! "Ça a été une journée difficile", se souvient-elle, "et nous l’avons pris très au sérieux. Certaines femmes sont extrêmement fières de leur chevelure. Il est donc très difficile de se raser la tête et de rester rasée plusieurs mois. Nous avons été très patients : si l’une d’elles avait besoin d’un peu de temps, nous le lui accordions. Au final, elles étaient magnifiques, surtout lorsque nous les avons vus avec leurs costumes et leurs armes."
L’équipe du film a rapidement décidé que le xhosa, l’une des langues officielles de l’Afrique du Sud, serait celle du Wakanda. Par conséquent, la culture xhosa imprégnerait la vie des habitants de ce pays imaginaire. C’est à peu de choses près ce qui s’était passé dans Captain America: Civil War quand l’acteur John Kani, qui incarnait le roi T’Chaka, s’exprimait dans un accent sud-africain. Chadwick Boseman en avait fait de même. Avec un casting international, Beth McGuire a été chargée de s’assurer de la continuité desdits accents. Cette dialectologue, qui travaille avec des étudiants au Yale Repertory Theatre, avait déjà aidé Lupita Nyong’o pour Eclipsed, la pièce de Danai Gurira, ce qui avait attiré l’attention de Ryan Coogler.
Quand le réalisateur a commencé à préciser sa vision du Wakanda, et le rôle que la langue officielle du pays jouerait dans le scénario, il a demandé à la linguiste de travailler en xhosa et dans d’autres langues, y compris en igbo nigérian pour la province lointaine du Jabari, en coréen et, bien entendu, en afrikaans dans le cas d’Ulysses Klaue. Pour Winston Duke (M’Baku), l’entraînement a été amusant. "Je parle une variante de l’igbo nigérian", remarque l’acteur. "Ce n’est pas de l’igbo, mais ça y ressemble. Les autres acteurs parlent le xhosa sud-africain, qui est donc très ancré géographiquement. Le peuple des montagnes de M’Baku, confiné dans les collines, a développé sa propre culture. Nous voulions une langue avec une personnalité et une beauté spécifiques. Nous avons donc pensé à l’igbo, et cela nous a aidés. Le rythme de cette langue a une influence sur la dynamique de mon personnage."
Andy Gill et Jonathan Eusebio, coordinateurs des cascades, avaient pour mission de concevoir des scènes d’action innovantes et pluridimensionnelles afin qu’elles s’insèrent harmonieusement dans le scénario du réalisateur. Habitués des Studios Marvel et de ses productions survoltées, les deux hommes sont connus pour leurs chorégraphies renversantes, effectuées sans effets spéciaux. La plupart des séquences de combat ont été tournées par les acteurs eux-mêmes. "Ca nous a permis d’obtenir de belles scènes d’action, parce qu’on pouvait faire des plans plus longs sans recourir à une doublure ou des effets de caméra. On a mis la barre un peu plus haut", relate Jonathan Eusebio. Chadwick Boseman, dont on a pu apprécier la forme physique et le talent pour les arts martiaux dans la mémorable séquence de combat de Captain America: Civil War, savait ce qui l’attendait mais Lupita Nyong’o, Danai Gurira, Letitia Wright et les autres partaient de zéro.
L’unité dirigée par Okoye (Danai Gurira) se compose de huit actrices venues du monde entier. Pour les dénicher, l’équipe et les cascadeurs ont rencontré des centaines de candidates, dont des cascadeuses pour le cinéma et la télévision, des athlètes, des danseuses et des combattantes de MMA. Une fois recrutées, les actrices, qui s’entraînaient ensemble jour après jour, se sont rapidement mises dans la peau des dures à cuire qu’elles incarnent à l’écran. Répéter, s’entraîner au maniement des armes et suivre en groupe un régime sportif draconien les a beaucoup rapprochées. "Nous avons toutes dû nous raser le crâne", raconte Danai Gurira. "Ca a instantanément créé un esprit de camaraderie. J’ai beaucoup travaillé à trouver ce mélange de grâce et de brutalité qui caractérise les Dora." Avec Clayton Barber, le coordinateur des combats, Jonathan Eusebio a chorégraphié les enchaînements complexes et supervisé l’entraînement des acteurs.
Les deux hommes se sont principalement inspiré des arts martiaux africains, tout en intégrant d’autres influences telles que la capoeira brésilienne. Pour la gestuelle millimétrée mais toujours fluide des Dora Milaje, Jonathan leur a enseigné une série de mouvements de base au bâton, en ajoutant progressivement des techniques plus complexes, jusqu’à ce qu’elles puissent enchaîner plusieurs actions sur commande. "C’était magnifique de voir les Dora Milaje se battre comme si elles ne faisaient qu’une, presque comme si elles dansaient", se souvient Danai Gurira. "Nous avons créé des formations très intéressantes pour les scènes où les Dora agissent de concert pour éliminer quelqu’un."