Il fallait bien tout le flair du génial producteur Jerry Bruchkeimer et tout le savoir-faire du réalisateur Tony Scott pour réussir à supplanter "A la recherche d’Octobre Rouge" qui détenait jusque-là le titre de meilleur film de sous-marin (catégorie, il est vrai, plutôt pauvre et souvent cantonnée aux séries B direct-to-video). Mais cet "USS Alabama" est bien plus que ça : c’est avant tout un époustouflant duel psychologique livré par 2 acteurs exceptionnels, Gene Hackman et Denzel Washington. Chacune de leur confrontation, de leur 1ere rencontre à leur ultime échange, est un moment de tension dépeignant parfaitement la relation entre les 2 personnages (l’autoritaire Ramsey cherche à tester son second, l’empathique Hunter est cherche à gagner son respect sans être servile). Mais là où un film lambda se serait limité à ce simple duel, "USS Alabama" a la grandiose idée d’entourer les 2 héros d’une pléiade de personnages passionnants campés par de formidables acteurs parmi lesquels Georges Dzundza, Viggo Mortensen, James Gandolfoni, Matt Craven ou encore Danny Nucci. Le scénario est également une réussite incontestable puisqu’il exploite avec beaucoup de talent les cas de conscience et les trahisons auxquelles se livrent les personnages coupés du monde dans ce milieu clos et qu’en outre il force le spectateur à prendre position pour l’un des 2 camps. Enfin, la mise en scène est un modèle de rythme (tout en alternant les moments de tensions et des séquences plus posées) et parvient à rendre attrayants des palns penchés qu’on croyait réservés aux séries Z, le tout magnifié par la somptueuse BO de l’inimitable Hans Zimmer. Bref, une réussite et sans doute un des meilleurs films de Tony Scott (après "Ennemi d’Etat").