La baie sanglante est probablement l'un des films de l'histoire du cinéma qui a le plus changé de titres, que ce soit en cours de production ou pour ses exploitations en salles et vidéo. Aussi étrange que cela puisse paraître, le tout premier titre du film fut Ecologia del delitto, soit "Ecologie du délit" dans sa traduction littérale. Selon la définition de ce mot donnée par le Petit Robert, il s'agit d'"étude des milieux où vivent et se reproduisent les êtres vivants ainsi que des rapports de ces êtres avec le milieu". Parmi les curiosités, on peut relever un "That Will Teach Them To Be Bad", que l'on peut traduire par "Ca leur apprendra à être mauvais", laissant entendre une "correction" pour le moins radicale...Le titre définitif fut Reazione a Catena, traduisible par "réactions en chaîne"; un titre qui a tout son sens lorsque l'on voit l'enchâssement des scènes de meurtres. L'un des titres pour la ressortie du film aux Etats-Unis fut même The Last House on the Left Part II, soit La maison sur la gauche 2e partie. Bien que ce titre laisse entendre une suite directe au film choc de Wes Craven, cela n'est évidemment pas le cas. Pour la petite histoire, Wes Craven signa son film un an après celui de Mario Bava.
La baie sanglante fit l'ouverture du Festival du film fantastique d'Avoriaz en 1971, et se vit décerner les prix des Meilleurs maquillages et des Meilleurs effets spéciaux. On les doit d'ailleurs à l'un des maîtres du genre, Carlo Rambaldi. Il remporta d'ailleurs deux Oscars dans sa carrière, pour deux chef d'oeuvres du 7e Art : Alien, le huitième passager en 1979 et E.T. l'extraterrestre en 1983. Mario Bava tenait absolument à ce que soit Carlo Rambaldi qui signe les effets spéciaux et les maquillages, afin de renforcer le réalisme des scènes de meurtres.
Contrairement à une croyance souvent répandue, Dario Argento n'est pas l'initiateur du giallo au cinéma, bien qu'il en fut l'un de ses maîtres en signant des chef-d'oeuvres du genre, comme Les Frissons de l'angoisse ou Suspiria (rappelons pour les non initiés que le giallo est un genre de film d'exploitation, principalement italien, à la frontière entre le cinéma policier, le cinéma de terreur, le fantastique et l'érotisme qui a connu son heure de gloire dans les années 1960 à 1980). En fait, c'est surtout Mario Bava qui fut l'initiateur du giallo, en signant l'une des premières oeuvres du genre : Six Femmes pour l'assassin, en 1964. Par ailleurs, La baie sanglante est aussi considéré comme le pionnier du genre slasher qui déferla dans les années 80, avec les meurtres en série et exécutés de manière la plus "originale" et macabre possible.
Christopher Lee, qui incarna à plusieurs reprises le Comte Dracula et d'autres personnages pour le compte des studios de la Hammer, spécialisés dans les films d'épouvante et d'horreur gothique, assista à une projection du film de Mario Bava. On raconte qu'il fut proprement horrifié et écoeuré par les scènes de meurtres dans le film, si bien qu'il quitta la salle de cinéma en signe de protestation.
Jean-Francois Rauger, directeur de la programmation à la Cinémathèque française, évoque le film et Mario Bava : "On voit difficilement à quel genre cinématographique rattacher cette succession de scènes de meurtres, à la fois absolument invraisemblables si on la pense déterminée par les évolutions psychologiques du film et, en même temps, obéissant à une logique implacable, autre, se plaquant sur une pure mécanique pulsionnelle. C'est un film de terreur reposant sur un secret de type policier où tous les protagonistes sont coupables et victimes en même temps. C'est, en fait, une oeuvre fonctionnant sur l'écoulement d'une association d'images et de sons fournissant la matière vivante d'une poésie insondable". [in "Mario Bava", ouvrage collectif coordonné par Jean-Louis Leutrat, éditions du Céfal, Liège, 1994]
Le film fut tourné au sein d'une propriété privée, qui possédait un parc avec quelques arbres; mais les mouvements de caméra de Mario Bava donne l'impression que la maison est entourrée de bois; ce qui était tellement loin d'être le cas que l'équipe du film devait agiter des branchages emmêlés devant la caméra pour donner une impression de densité d'arbres et de feuillages. En plus de multiplier les postes tels que ceux de réalisateur et directeur de la photographie, le cinéaste utilisa même un wagonnet pour enfant lorsqu'il dû tourner des plans avec la caméra montée sur rails ! De même, les plans de l'intérieur de la demeure de la comtesse Federica sont en fait l'intérieur de la villa de Mario Bava, tandis que l'intérieur de maison de campagne de Frank Ventura est en fait l'intérieur de la maison du producteur du film, Giuseppe Zaccariello.
La baie sanglante est officiellement considéré comme étant le dernier film que Mario Bava signa en intégralité. En effet, le cinéaste n'est crédité sur aucun des quatres autres films qu'il réalisa entre 1973 et 1977 (le dernier étant Shock), principalement en raison de budgets de plus en plus faibles qui l'obligèrent souvent à suspendre les tournages, et des soucis de santé. Si bien que c'était son fils, Lamberto Bava, qui termina ses films.