Avec son casting riche (Cotillard, Kidman, Day-Lewis...), Nine nous fait des œillades. On s'assied le sourire aux lèvres, rendu fébrile par la promesse de parler d'un film dans le film : Day-Lewis joue un réalisateur en panne d'écriture, et ça peut être marrant de le voir faire semblant que son talent est derrière la caméra plutôt que devant.
Mais les promesses ne comptent pas, seule leur réalisation importe. La musique qui nous assaille vole sa place à la raison, immisçant ses paroles écrites avec le pied gauche dans une introduction mise avec confiance sur les épaules d'un Day-Lewis amorphe – son personnage encombrant a au moins l'avantage d'être un méchant sans en avoir aucune apparence, même si cela le rend ennuyeux à souhait. La musique... elle est tellement tarte qu'on se demande si elle est adéquate. Au moins s'accorde-t-elle avec le n'importe quoiesque de l'histoire quand elle retrace le parcours du film sans scénario supposé voir le jour – ce film, ça serait pas Nine, par hasard ?
Apparemment, Marshall a un truc pour les visages qu'on ne peut pas voir, parce qu'un membre humain ou un objet les occulte. Comme les plans qui font appel à ce procédé n'ont rien d'autre, on est en droit de rechercher la valeur artistique de la chose. Elle est facile à trouver, heureusement, puisqu'elle est nulle. De son côté, Cotillard et Judi Dench épicent un peu la soupe, mais le reste du casting est trop occupé à le maintenir dans sa fadeur.
Nine est surtout ironique dans des dimensions cataclysmiques. Quand la chanson-titre est coupée et que la chose qui tient lieu d'icelle donne « Be Italian » en VO, c'est que quelque chose cloche. Le film ne pouvait pas être plus faussement italophile. Dans ce cadre peu convaincant, l'accent italien de Day-Lewis ne passe pas, mais alors pas du tout. Et puis, les relations amoureuses sont supposées être au cœur de l'intrigue, mais en parlant de cœur, il n'y est pas. Même la technique et la chorégraphie, constituants indéniables du film, ne rattraperont pas le score.
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