"Mon film est composé d'une succession de tableaux qui illustrent la condition humaine. Mes personnages représentent différentes facettes de l'existence. Ils affrontent des problèmes, petits et grands, qui vont de la survie quotidienne aux grandes questions philosophiques. J'espère que, face à Nous, les vivants les spectateurs auront le sentiment d'être confrontés à leur vécu.
Ma lecture de cette fascination de l'homme pour l'homme éclaire la philosophie du film. Souvent, le cinéma contemporain ignore ces valeurs et privilégie une narration en phase avec une dramaturgie conventionnelle. Sans condamner cette démarche, je m'efforce de définir un langage cinématographique moins prévisible. Mon film rompt avec les structures narratives classiques pour raconter son histoire à partir d'une mosaïque de destinées humaines. Les tableaux qui le composent exposent les malentendus et les erreurs de gens qui se rencontrent sans réellement communiquer. Car ils courent après le temps qui passe et s'obstinent à chercher ce qu'ils estiment important. C'est un film sur la vie des hommes : leur travail, leur comportement en société, leurs pensées, leurs inquiétudes, leurs rêves, leurs chagrins, leurs joies et leur insatiable besoin de reconnaissance et d'amour. Tout cela, ainsi que leur apparence et leurs motivations, se décline en autant de variantes qu'il y a d'individus sur terre. Et c'est pour cela que “l'homme est la joie de l'homme”. (Roy Andersson)
"Comment passons-nous notre temps sur terre ? Je prends des exemples de la vie de tout un chacun et j'espère que le résultat est drôle. Pourtant, mes histoires sont tristes aussi, car la vie est tragique et que nous devons tous mourir un jour. A la fin de sa vie, on se rend probablement compte des erreurs qu'on a commises. Mon film ne veut pas culpabiliser le spectateur mais l'inviter à réfléchir sur la façon dont nous occupons notre temps. Mon film précédent, Chansons du deuxième étage traitait d'un sujet sérieux : la culpabilité historique et collective. Nous, les vivants aborde des questions plus concrètes telles que “Comment se comporter en société ?”. Le film est construit autour d'une cinquantaine de scènes déconcertantes, qui confrontent des personnages récurrents à des situations souvent burlesques. Je crois que vivre est compliqué pour tout le monde et que c'est l'humour qui nous sauve. En ce sens, je vois Nous, les vivants comme une farce sur la condition humaine." (Roy Andersson)
"J'aime les scènes d'une simplicité très contrôlée, filmées en grand angle d'un seul point de vue et en plan-séquence. Dans mes films, il y a peu de mouvements de caméra. Pour filmer en grand angle, il m'a fallu acquérir une certaine maturité en tant que réalisateur. Mais ce procédé me permet de mieux situer un personnage dans le monde qui l'entoure au lieu de l'isoler. On dit souvent qu'on voit l'âme de quelqu'un dans son regard. Je ne fais pas de gros plan car je comprends mieux l'homme dans son rapport à l'espace qui l'entoure." (Roy Andersson)
"J'aime travailler avec des compositions originales : ici, il s'agissait de s'inspirer de styles très différents (la musique de Mozart, le jazz, les hymnes russes). Les mélodies restent toutefois proches du jazz de la Nouvelle-Orléans que je jouais moi-même au trombone, quand j'étais jeune. A l'origine, je voulais que la musique soit réellement interprétée au tournage, qu'on voit et entende les personnages jouer à l'écran. Finalement, je trouvais certaines scènes si musicales en soi que j'ai changé d'avis et que j'ai poussé ma démarche plus loin : parfois les personnages se mettent même à chanter." (Roy Andersson)
Toutes les scènes, sauf une, ont été tournées dans un seul et même studio, à Stockholm, le Studio 24. Une cinquantaine de décors différents y ont été construits pour les besoins du film.
62 242 mètres de pellicule, 58 450 mètres de bande son, 227,5 litres de mastic, 3948 litres de peinture, 38815 mètres de planche de bois, 26200 vis, 103680 heures de travail ont été comptabilisé à l'issue de la production du film.
Nous, les vivants a été présenté dans la section Un Certain Regard lors de la 60e édition du festival de Cannes en 2007. Quelques mois plus tard, le film a reçu l'Amphore d'Or... le Grand Prix du festival de Groland !