Qui à dit et à osez dire que les films de vampires n’étaient pas drôles ? (Non je ne parle pas de Mords-moi sans hésitation, ne vous y trompez pas !) Et bien Roman Polanski et son « Bal des Vampires », réalisé en 1966 vous fera vite déchanté. En effet, ce film ne s’avère pas être un film d’épouvante du réalisateur prodige, ni même un de ces films qui flirtent avec la fantastique et l’épouvante en y peignant des personnages sombrant dans la folie et la paranoïa comme dans « Répulsion » (1965) ou même le film culte « Rosemary’s Baby » (1968) , mais ce film s’avère plutôt être la concotion d’une brillante satire du film d’épouvante et plus particulièrement, les films vampiriques. En 1967, Roman Polanski tourne avec ce « Bal des Vampires », son dernier film en Europe avant de rejoindre Hollywood. Le scénario se révèle très prometteur et respecte assez bien les codes de ce sous-genre horrifique notamment avec des codes et des idées comme le cercueil, le maillet et le pieux, l’ail, le crucifix en tant que symbole religieux, habits et décors traditionnels, ou encore les reflets dans le miroir et j’en passe et des meilleurs… quand aux acteurs de ce film on pourrait citer Jack McGowran interprétant à merveille le vieillard scientifique (le professeur Abronsius) mais surtout chasseur de vampire cinglé, empoté et quelque peu écervelé, véritable personnage caricatural, il est toujours accompagné de son jeune assistant Alfred (Roman Polanski lui-même) qui en plus de nous offrir un superbe film, nous livre en plus de cela une très belle prestation, une prestation maitrisé d’un personnage charismatique et également un brin caricatural, trouillard, bafouilleur et amoureux, Alfred se révèle être le personnage le plus attachant dans ce film. De plus, une actrice très bonne e la personne de Sharon Tate campant le rôle de la jolie villageoise enlevé par le comte Krolock. Malheureusement, on ne peut que rendre hommage dans cette critique à cette jolie actrice et également compagne de Roman Polanski juste après ce film et enceinte de ce dernier, car celle-ci mourut assassinée dans des conditions atroces par la secte satanique de Charles Manson. Après cette parenthèse hommage, retournons à ce film. Comme je l’ai précédemment dit, ce film est avant tout une satire du film d’épouvante mais on peut également le considérer comme une parodie de film de vampires qui réussit l’exploit de faire rire et de faire peur à certaines personnes en même temps. En effet, l’on ne tombe jamais dans la blague grotesque et quelquefois appréciable d’un Scary Movie, au contraire, ce serait insulter notre bon vieux Roman, mais ce film fonctionne surtout à l’humour fin, réfléchit et subtil qui vous décochera évidemment quelques rires très agréables dans un tel film auquel on ne s’attend pas forcément. La mise en scène travaillée et réfléchit est précise et élégante, les décors sont magnifiques et à la fois réalistes, notamment dans ce château du comte Krolock, véritable labyrinthe ou se déroulent les deux tiers du film. Roman Polanski s’avère avec ce film, être un cinéaste à plusieurs niveaux de lecture comme peu de cinéastes savent le faire, conter une histoire avec ces impressions qui fusent dans vos esprits, celle par exemple, que le monde est une vaste course-poursuite, que le mal est présent partout et que s’il n’est pas encore là, il se chargera de venir à vous par quelques moyens que ce soit, notamment à travers cette fin qui se voit littéralement basculer en quelques secondes, du grand art. En bon provocateur qu’il est d’autre part, Polanski se moquera avec ce film des films du studio anglais de la Hammer produisant des films fantastiques à la chaîne, et notamment des films autour du mythe du vampire, car le spectateur amateur d’épouvante sait, grâce par exemple à la superbe série des Scream, que la parodie est un outil parfois productif dans le film d’épouvante. Non ce film, ne se prend en aucun cas au sérieux, et ce n’est pas pour autant que Roman Polanski y a négliger un détail, que ce soit les dialogues pertinents, les scènes jamais bâclés mais plutôt efficaces et divertissantes puisqu’on ne s’ennuie à aucun moment durant ce film, ni même dans cette esthétique si belle, pour l’époque, du film avec notamment cette photographie mené d’une main de maître, tout ceci et le recul sur ce genre vampirique, fait de ce « Bal des Vampires », un classique du cinéma, une vraie leçon de cinéma de Polanski. Merci.