Donc au final, je n’aurais vu que deux films durant tout cet été : « Independence Day : Resurgence » et ce « S.O.S. Fantômes »… Mais quel bel été dîtes-donc ! Heureusement que cette fois-là, au moins, le soleil était présent au dehors, parce que dans les salles, c’est peu dire que je n’ai pas vu la lumière ! Honnêtement, quand j’ai vu le vieux remake moisi d’ « ID : 4 », je m’étais dit qu’au moins « S.O.S Fantômes » ne saurait faire pire en terme de remake. Et pourtant… Alors – histoire de mettre les choses au clair d’entrée – évacuons tout de suite la question des héroïnes féminines pour remplacer les mecs. Pour moi le problème n’est clairement pas là (du moins pas dans le fond de l’idée). Limite, face à la logique désastreuse de ce genre de remake, moi je trouvais au contraire que c’était là le seul angle qui pouvait être réellement intéressant. Après tout pourquoi pas ? Plus que les effets spéciaux, ce sont les mœurs qui ont surtout changé depuis trente ans. Prendre « S.O.S Fantômes » comme prétexte à un jeu sur les stéréotypes du genre, ça aurait pu être super fun. Mais bon, là, on est à mille lieues de ça. Et je ne mets pas zéro parce que j’estime que le film est passé à côté de l’idée que j’aurais bien aimé qu’il traite. Non, si je mets zéro, c’est parce que ce film ne traite clairement AUCUNE idée. Dès le début, on sent que le film ne sait déjà pas quoi faire de l’héritage qu’on lui a refilé. Déjà, on commence direct avec le logo qu’on te claque comme ça, sans préavis ni préliminaire, en mode « bon, on savait pas comment vous l’amener, donc on vous le met là » et puis derrière, on assiste à la scène d’intro sensée « remplacer » celle de la fameuse bibliothèque. Et déjà, rien que là, tu comprends que le film n’a rien saisi de l’esprit original. Pour moi, la force du premier opus, au-delà de jouer la carte de l’épouvante vintage qui ne fait pas vraiment peur mais qu’on adore quand même juste pour son ambiance, c’était d’avoir su stimuler notre regard fantastique sur New-York. Dans « Ghostbusters » premier du nom, il ne suffisait plus de grand-chose pour transformer un grand building art-déco en manoir hanté, en totem géant pour appeler des fantômes, ou bien encore en théâtre gothique à l’essence fantasmagorique évidente. Dans « Ghostbusters », toute la singularité de la ville ressortait. Un monde quotidien devenait un monde fantastique sans trop d’effort. La frontière entre la fantasmagorie du réel et le fantastique de la fiction s’effaçait facilement. Ainsi, il ne devenait plus si surprenant que cela de trouver un vortex dans un frigo ou un autel sacrificiel au sommet d’un immeuble. Pour moi, la scène de la bibliothèque (espace du quotidien) savait traduire cela, et tout le film ne faisait que lui emboîter le pas. Là, dans la version 2016, pas un seul moment la scène du manoir ne s’appuie vraiment sur le réel : le manoir est un musée, espace désormais plus ou moins sorti du quotidien et que les gens ne regardent désormais plus que comme une relique. Mais le pire dans cette scène selon moi, c’est qu’au-delà de la symbolique, le film ne semble même pas décidé à faire le boulot de base, c’est-à-dire celui qui consiste à mettre en place un minimum d’atmosphère d’épouvante. Au lieu d’avoir de l’épouvante light, on se retrouve avec un drôle de jeu son-et-lumière entrecoupé en permanence de réflexions verbales sensées désamorcer une tension qui n’existait pourtant pas. Et là-dessus, survient enfin la musique de « Ghostbusters »… expédiée en dix secondes par un fade-out comme si c’était presque embarrassant de la mettre. A croire presque que l’univers du film original gonfle le réalisateur du remake : un comble ! Et le pire dans tout ça, c’est que de toutes les scènes du film, cette scène du manoir était DE LOIN la meilleure… Pourquoi ? …Parce qu’au moins, pendant cette scène là, il n’y avait pas encore les quatre neuneuses… Et j’insiste sur le terme ! Mais par tous les dieux, que ces personnages sont mal écrits ! Ah si vous vouliez un questionnement de la position de la femme dans la société eh bien vous repasserez ! Pour cela, encore aurait-il fallu que ces personnages ne soient pas de simples stéréotypes totalement lisses. Alors après, certes, je ne renie pas que les quatre gusses du premier « Ghostbusters » n’avaient pas forcément des personnalités très travaillées et la plupart se rapprochaient eux aussi d’images très stéréotypées. C’est vrai… MAIS ils n’en demeuraient pas moins sympathiques parce qu’ils étaient les outils idéaux pour dévoiler l’univers et faire avancer l’intrigue. Ils n’en faisaient pas trop. Ils savaient s’effacer. Les rares fioritures venaient de Bill Murray et – pour le coup – elles fonctionnaient toutes du tonnerre parce qu’elles apportaient juste la petite dose d’autodérision nécessaire pour faire en sorte que cet univers ne se prenne pas trop au sérieux et devienne lourd. Là, les personnages sont de véritables boulets sur lesquels on s’attarde tout le temps et qui viennent sans cesse couper le rythme du film par leurs réflexions horripilantes. Et quand je parle d’horripilation (oui c’est comme ça qu’on dit), c’est surtout parce qu’à aucun moment on a pris le temps de chercher à travailler les personnages. On est à peu près au même niveau que la « Tour 2 contrôle infernale ». les auteurs ont dû se retrouver à quelques-uns dans la pièce. Ils l’ont ensuite rempli avec les premières gags qui leur sont venus à l’esprit. Ils n’ont rien filtré. Ils ne sont revenus sur rien. Ils se sont contentés du plus simple. Pipi, caca, prout : ça va rarement au-delà de ça. Et ils ont dû se dire que, plus ils en mettraient, moins les gens verraient qu’il n’y avait presque rien comme structure initiale pour faire tenir le film. Et le résultat est franchement catastrophique. Entre les surenchères gestuelles du duo Abby / Holtzmann d’un côté et les « Wesh cousine » de Paty de l’autre, le tout en passant par le méchant le moins charismatique du monde, il n’y a vraiment un effet accumulatif dans ce film qui devient véritablement insupportable. Et le plus choquant, c’est de constater à quel point Paul Feig semble si peu concerné. C’est plat. C’est mou. C’est moche. Ça n’a pas de rythme… Vraiment le mec s’en fout et c’est manifeste. Au final, toute cette aventure n’aura été qu’un prétexte à voir des jacasseries entre filles et des couleurs flashies dans tous les sens… Et c’est là que je me dis : « c’est donc ça, pour Sony Pictures, la différence entre un « S.O.S. Fantômes » masculin et un « S.O.S. Fantômes » féminin ? » En gros, ça parle plus pour ne rien dire ; c’est plus coloré et ce n’est jamais vraiment sérieux ? Eh bah franchement bravo les gars ! Je ne vois pas comment on pouvait plus avoir faux sur toute la ligne ! Plus qu’une purge, ce film est décidemment un vrai scandale, aussi bien en termes de fond qu’en termes de forme. J’espère sincèrement qu’un jour, à Hollywood, on se rendra compte de l’étendue des dégâts de ces logiques mercantiles stériles et qu’on saura dire « plus jamais ça ! »…