Deux ans après "La Haine", Mathieu Kassovitz réalisait un nouveau long-métrage provocant, présenté à Cannes sous le titre de "Assassin(s)". Le moins que l'on puisse dire, c'est que le cinéaste en veut au système, le déteste même au point de régulièrement pointer du doigt la société en général, désignant son coupable idéal, que dis-je son bouc-émissaire en la personne des médias et plus particulièrement la télévision. Il s'acharne avec une détermination presque bornée à l'exploser avec une virulence, une méchanceté insoupçonnable car elle est pour lui responsable de tous les maux. Notre pays va par sa faute petit à petit sombrer dans l'apocalypse, dans un déluge de violence et de sang à cause de la fascination des armes que le petit écran transmet aux enfants dès leur plus jeune âge. La preuve, le final semble tout droit sorti de lycées Américains. Mouais... Malgré des thèmes très intéressants abordés dans un premier temps de façon passionnante, "Assassin(s)" a la fâcheuse habitude de vouloir tout démontrer à tout prix, quitte à répéter un discours simpliste des dizaines de fois jusqu'à devenir lassant. C'est, vous l'aurez compris sa grosse faiblesse mais ce pamphlet provocateur puise dans son anticonformisme révolutionnaire d'immenses qualités manquant trop souvent au cinéma Français. Il aborde effectivement frontalement des sujets sensibles sans jamais s'éloigner de sa cible et parvient en outre à ne pas perdre de vue son efficacité cinématographique : grâce à un grand talent de metteur en scène, Kassovitz impressionne, signe plusieurs séquences marquantes et offre une oeuvre au ton décalé, à l'humour très noir quoique totalement désopilant pour quiconque accrochera. Son regard est jeune, parfois novateur même, plein d'énergie sans pour autant paraître hystérique : tranquillement, le cinéaste fait son petit bonhomme de chemin, dirige un Serrault survolté et développe ses thèses qui, si elles tournent à vide à la longue, forment ensemble un film barge et inventif.