Le film est assez fidèle au livre, au-delà du travail d’adaptation pour passer du support écrit au support visuel, bien que de nombreux passages du roman ne soient pas abordés (ou très peu) dans le film (les voyages en bateaux de Tristan, son grand-père, son séjour en France, ses missions pour la Grande-Bretagne) et que d’autres en aient été modifiés (la fiancée de Samuel, la mort de Tristan). Mais Zwick ne se contente pas de transposer l’écrit à l’écran, il y ajoute sa « touche », allégeant le récit (les malheurs de la famille sont bien plus nombreux dans la nouvelle) et y développant des thèmes que l'écrivain ne fait qu’effleurer. C’est en vérité un film qui aborde plusieurs thèmes autour d’une histoire qui n’est qu’un prétexte, une illustration pour appuyer ces mêmes thèmes. Certains n’y verront que l’histoire (d’autres ont dit « la Saga ») d’une famille qui se déchire autour d’une femme. Mais l’oeuvre est bien plus complexe. Le but des auteurs est de briser l’image idyllique que nous pouvons nous faire de l’idée de « civilisation ». Le film nous montre que le monde dit civilisé n’est civilisé qu’en apparence ; sous le vernis, il n’y a que tueries et massacres, qu’ils soient physiques ou psychologiques. Pour mieux comprendre, penchons nous sur les principaux personnages. Les femmes d’abord, puisqu’elles apparaissent, à priori, comme responsables de tous les maux.