Ne vous laissez avoir par son titre français peu inspiré, ou son affiche : "Atonement" n'a rien de la romance académique ou mièvre que l'on aurait pu craindre. Il s'agit de l'histoire d'une adolescente, qui, parce qu'elle est immature et qu'elle a mal interprété des événements, va commettre en 1935 une grave faute morale, qui aura un impact énorme sur un couple. Le film a le mérite de défier quelques conventions, dans sa construction et surtout sa mise en scène. Jouant avec des effets de perceptions (une scène de séduction ou d'amour peut être vue différemment par des yeux de jeune fille éloignée de l'action), Joe Wright propose surtout une réalisation très riche de technique et de sens. Allers-retours dans le temps et les scènes, focalisation sur des détails importants, jeux sonores sur la machine à écrire qui prendront tout leur sens dans le final, photographie très soignée. Et puis il y a évidemment ce fameux plan-séquence de dingue à la steadicam de plusieurs minutes, qui dévoile l'Enfer de Dunkerque pour les Britanniques, sous forme d'un tableau très vivace. Sans compter des acteurs très impliqués et touchant. James McAvoy (pas encore très connu) en jeune homme guilleret qui prend une énorme claque en pleine figure. Saoirse Ronan en fillette immature qui tire des conclusions trop hâtives. Et de courtes apparitions de Benedict Cumberbatch, Vanessa Redgrave, ou Jérémie Rénier ! Le souci vient cependant du scénario. Les deux tourtereaux paraissent étonnement passif, la palme revenant au personnage de James McAvoy, dont les actions n'affectent en rien le récit. On ne le verra même pas se défendre face aux accusations qu'il subit. Il y a aussi beaucoup d'invraisemblances.
On veut bien que la famille préfère croire sa fille plutôt qu'un fils de domestique, mais la grande sœur, destinataire de la lettre, n'est-elle pas un témoin plus crédible qu'une adolescente de 13 ans ? Admettant que son chéri est innocent, pourquoi la grande sœur ne cherche pas le vrai coupable ? Pourquoi ne pas s'expliquer devant une petite fille qui vous a surpris à faire des folies ? Pourquoi cette coïncidence du mariage funeste précisément le jour où Brionny va au cinéma ? On veut bien admettre certaines choses compte tenu du fait que le film est en réalité un roman écrit par Brionny (qui est la vraie protagoniste du récit, cherchant à expier ses fautes), mais ça pousse souvent trop loin pour que l'on puisse pleinement y adhérer.
"Atonement" est ainsi clairement intéressant sur le plan visuel... mais ne convainc pas totalement sur le plan narratif.