Un peu racoleur... On n'a pas tout compris. Que Xavier Gens a été secoué par la montée en puissance d'un parti politique qu'il abhorre, c'est un fait, mais il semble vouloir l'insérer au forceps dans cette intrigue de torture, par à-coups de messages radio qui félicitent le candidat élu, par rapprochements des méchants bourreaux (néo-nazis), par un final qui nous répète encore "qu'il faut faire attention"... Mais, sans même devoir partager un avis politique (ce qui, pour nous, n'est pas le combat d'un film comme Frontière(s)), on ne peut s'empêcher de penser que toute l'intrigue aurait pu fonctionner sans la présence de ce message sous-jacent, sans toucher le moins du monde au reste du scénario, donc que ce sous-texte est gratuit et vain. Laissons donc Monsieur Gens prêcher, pour nous concentrer sur la solidité du film en lui-même. Frontière(s), avec ses scènes de torture plutôt bien truquées (on lui accorde au moins ça), mais très mal jouées (on s'époumone en 3/4 face caméra, point), avec ses personnages auxquels on ne s'attache jamais, avec son histoire de sang pur qui passe par
le viol d'une gamine et par la liquidation des "impurs"
(une idée osée, mais mal exploitée), avec ses éléments dont on espère une utilité tout le film durant sans en voir la couleur (les porcs sanguinaires, qu'on n'utilise jamais vraiment... Quel gaspillage narratif), nous a laissé sur le côté de la route. Jamais on ne s'est senti impliqué, jamais on n'a cru à cette final girl (qui n'en est pas une : elle se ramasse tous les dix mètres, se fait laminer violemment par tout le monde, et est
sauvée par un autre
... Bon.), une pure "victim girl" qui ne joue pas en faveur des héroïnes de film d'épouvante. On a tenté de trouver toutes les références au cinéma d'horreur que Gens cite (Aliens, Misery, La Mouche...), en vain (à part la scène du repas de Massacre à la tronçonneuse, qu'on a déjà vu mieux citée ailleurs), et on s'est confirmé que le film est un long festival du sang balancé partout, en lisant la quantité utilisée de faux-sang (400 litres, rien que ça...). On ressort de ce Frontière(s) en n'ayant pas trop compris le forcing politique qui n'était pas nécessaire au scénario, en n'ayant eu aucune attache pour les personnages, en n'ayant pas aimé cette femme qui est une victime sur patte, en étant sûr que l'on aurait pu faire bien plus qu'un film de néo-nazis versus "gens qui crient en 3/4 cam" (et baquet de sang jeté sur les murs), "fin."