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inspecteur morvandieu
43 abonnés
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1,0
Publiée le 9 juin 2024
D'après Honoré d'Urfé, auteur du 17ème siècle qui m'est inconnu, Eric Rohmer raconte une histoire de bergère et de berger gaulois amoureux, Astrée et Céladon. Sur un mode bucolique et romantique, nature champêtre et chants d'oiseaux, Rohmer célèbre la jeunesse et la beauté, la sensualité et les serments amoureux. Ainsi, Céladon, le beau berger au profil grec, est si épris de la pure Astrée qu'il est prêt à respecter jusqu'à la mort l'interdit qu'elle lui adresse dans un moment de jalousie: ne plus jamais paraitre devant elle. Les "comédies et proverbes" et autres "contes moraux" de Rohmer avaient cette fantaisie et cette ingénuité, feinte ou non, entre autres séductions, qui nous les rendaient attachants. Ici, dans ce film hors du temps et des modes, à la mise en scène et à la réalisation plus minimalistes que jamais -encore que certains plans s'inspirent manifestement de la peinture- la rhétorique rohmérienne à propos de l'amour et de la fidélité passe par des dialogues littéraires ou poétiques auxquels je ne ferai pas le reproche d'être de forme ancienne mais de n'être pas intéressants, si compassés dans leur expression théorique. "Les amours d'Astrée et Céladon" font un film (très) parlé, où ne percent ni la grâce ni l'émotion, où les personnages et le scénario, épurés à l'extrême (le cas de figure initial et l'obéissance absolue au voeu puéril d'Astrée), ne présentent aucun relief.
Quel plaisir d entendre cette langue , de voir autant de fraicheur et de jeunesse de la part d'un cineaste de 85 ans. Cela change tellement de ces films qui ressemblent a des videos de youtubers. Jamais un film d'un realisateur de cet age ne m a semblé aussi frais a part peut etre " le diable probablement" de Bresson
Un film plein de grâce dont l'esthétique, la façon de dire et de présenter les images semblent être d'un autre temps. Et en même temps que de beauté et de sensualité pure ! Un film comme une rêverie sur le mythe des origines, les bergers vivent dans une sorte d'Eden, en harmonie et en étroit dialogue avec la nature. Un film comme une réflexion sur l'origine de l'Amour, la fidélité et l'infidélité amoureuse et l'ambiguïté des genres dans le sentiment amoureux... Bref moins innocent et plus profond qu'il n'y paraît, le film nous livre que l'amour (comme la vie) est indissociable des concepts d'illusion et de construction à partir du réel (comme une oeuvre d'Art d'ailleurs). Mais c'est cela aussi qui nous permet ou nous pousse à nous dépasser, laissant alors la place ou ouvrant la voie au spirituel. Bref un film étonnamment beau et maniéré (là encore sans doute une référence à l'époque du roman dont est tiré le film) porté par la grâce de ses acteurs et le Talent de son regretté auteur Eric Rohmer qui nous livre ici une réflexion intemporelle, et même étonnamment moderne, sur l'amour et le sentiment amoureux.
Adaptation poétique, érudite et sensuelle d'une partie de L'Astrée, roman pastoral du XVIIème siècle d'Honoré d'Urfé et œuvre majeure de la littérature française, ce dernier long-métrage d'Éric Rohmer est un plaisir absolu de tous les instants. Conte philosophique autant qu'histoire d'amour au sens le plus pur du terme, ce film est empli d'une puissance érotique d'une intensité singulière. Visuellement très belle, une fable délicieuse aux dialogues exquis et à l'interprétation savoureuse. Superbe.
Pour ce qui sera hélas son dernier film, Rohmer nous propose un épisode un peu vain d'"Hélène et les garçons chez les gaulois", frisant carrément le ridicule dans son dernier quart d'heure.
Un film sur une œuvre majeure de la littérature du 17ème siècle, se déroulant au Vème siècle, tel qu’imaginé alors. De ce fait, le traitement de Rohmer est assez spécial. Le film confère presque au théâtre filmé. Le discours des personnages, daté et de peu d'entropie est assez étrange. Les clins d’œil aux imageries du 17ème siècle (le léger érotisme des tuniques qui laissent dépasser un sein...), les décors sans presque aucune construction humaine, font que l'on a l'impression que Rohmer aurait capté, par un moyen magique, une version jouée il y a presque 400 ans. Au final, plus un exercice de style qu'un intérêt réel.
Pas très malin de ma part d'avoir vu le dernier Rohmer après "Maestro", mais tant pis. Il y a deux manières d'appréhender Astrée : soit on va au plus facile au risque de n'y trouver qu'une bande d'amateurs en costumes de draps troués filmés dans une oeuvre de patronage; soit on se laisse prendre par le chant des oiseaux, la nature virgilienne, les damoiselles à l'épaule dénudée et une langue française classique délicieuse. Bien entendu, compte tenu du respect que l'on doit à Rohmer, qui nous a légué une palanquée de bons ou très bons films, nous choisirons volontiers la deuxième option, malgré une intrigue disons assez... décalée, du moins pour un spectateur du XXIe siècle, même si, comme toujours ou presque chez Rohmer, on en revient aux jeux de l'amour et du hasard, fût-ce par des chemins détournés. Par ailleurs, ces Amours, sous-financés à l'évidence, sont fort bien filmées : sensualité extraordinaire (de l'érotisme très soft mais puissant et absolument pas graveleux), plusieurs plans magnifiques sur Stéphanie Crayencour qui font penser aux tableaux de Titien... Maintenant que Rohmer a disparu, il n'y a quasiment plus personne pour transposer et transmettre la culture littéraire française sur écran, et cela est très regrettable.
Film semblant venir d’une autre époque, qui plus est testament cinématographique d’Eric Rohmer où la grâce prend le temps de se diffuser par une prose littéraire qui se marie à merveille à l’épuration du cadre et des décors, narrant l’histoire d’amour tragique d’un berger et d’une bergère, Astrée & Céladon, à base de quiproquos, de langueurs, de moments volés et d’audace. Ce qui m’a principalement plu c’est ce côté théâtre vivant rendu tout à fait abordable avec son lot d’acteurs pour la plupart inconnus au bataillon où il ressort inévitablement une profonde sincérité, même si il est nécessaire de s’armer de patience quant à l’élaboration de cette mise en scène anti-naturaliste. Le ton poétique mêlé à la fable pastorale provoque douceur, malice et fascination, les rouages typiquement romanesques n’ont d’égal que sa pureté panoramique, le désir et l’érotisme ne sont abordés que d’une manière détachée, où la chair se dévoile sans précaution, comme lors de cette séquence finale absolument sublime où Astrée dévoile un sein, Rohmer sait appuyer ce genre de détail pour en créer un sentiment d’une élégance rare. Le film respire au delà de son lyrisme un degré féérique grâce aux costumes et divers accessoires, comme une représentation à la fois minimaliste et anachronique de la Gaule du Vème siècle, dans la tradition gréco-romaine d’un peuple reclus dans le bocage, le tout participe à la forme comme au fond de cette histoire, d’une grande liberté à chaque instant. On ne fait plus du cinéma comme ça.
Dans un style très (trop) littéraire, Rohmer raconte une histoire niaise et barbante. Pourtant côté mise en scène et dialogues c'est bien fait, les acteurs sont moyens. Un film pour amateur du cinéma rohmerien.
Film assez littéraire et véritable ofni dans le paysage cinématographique actuel. C'est mon premier Rohmer mais heureusement je savais plus ou moins à quoi m'attendre. On pourrait être un peu réticent au départ, ce style théâtrale et épurée est à mille lieux de ce à quoi on est habitué, il faut un petit temps d'adaptation. Mais petit à petit, lentement mais surement, on finit par se laisser embarquer, on se laisser bercer par cette douce histoire d'amour. Poétique et bucolique, Les Amours d'Astrée et de Céladon, l'idylle parfaite. Un film tendre et reposant, sans artifice, de la poésie brute qui nous change de la violence quotidienne. Un style propre, une façon de mettre en scène et d'interpréter un rien dérangeant de prime abord mais qui finit par être plutôt emballant.
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4,0
Publiée le 29 novembre 2011
Dèdiè au scènariste et rèalisateur Pierre Zucca, cet ultime film du regrettè Eric Rohmer est une rèussite dont on aime une fois de plus l'èlègance! Honorè d'Urfè, ècrivain du temps d'Henri IV, nous conte qu'en Gaule, au Vème siècle de notre ère, vivait un peuple de bergers à l'ècart de la civilisation romaine! On nous montre ces "Gaulois" comme se les sont reprèsentès les gens du XVIIème siècle! Rohmer n'a pu situer cette histoire dans la règion où l'avait placèe l'auteur; la plaine du Forez ètant maintenant dèfigurèe par l'urbanisation, l'èlargissement des routes, le rètrècissement des rivières, la plantation des rèsineux! Rohmer a finalement choisi comme cadres de cette histoire, des paysages ayant conservè, l'essentiel de leur poèsie sauvage et de leur charme bucolique dont le chant des oiseaux et le souffle du vent ont ici une place importante! Andy Gillet incarne avec crèdibilitè un berger amoureux contraint de se travestir pour approcher la belle Astrèe jouè par Stèphanie Crayencour qui se fond dans l'univers iconoclaste du cinèaste! Cècile Cassel fait une prestation aussi fougueuse que subtile en donnant un coup de jeune au fameux phrasè rohmerien! On verra aussi dans la distribution le regrettè Jocelyn Quivrin et de vieilles connaissances, Rosette et surtout Marie Rivière qui joue ici un rôle de figuration! Traitè dans un style bousculant tout principe narratif dont certains trouveront ici qu'ennui et ridicule, "Les amours d'Astrèe et de Cèladon" est rèservè à un public d'initiè avec des dialogues prècieux et un phrasè très rohmerien qui n’est pas une nouveautè chez le cinèaste des « Contes moraux » et des « contes des quatre saisons »...
Excellent en tous points. Un film comparable à l'un des films préférés de Rohmer: "les contes de la lune vague après la pluie" dans la mesure que les deux films résultent d'un auteur qui a atteint une certaine sagesse. Bravo !
Comme Perceval le Gallois, un supplice. De jolis paysages bucoliques, des dialogues vraiment casse couilles et des acteurs qui devraient être enfermés a perpétuité dans la cave d'un café theatre dont ils n'auraient jamais du sortir. Mention spéciale à l'interprète d'Hilas qui m'a donné des frissons de frustration : je ne l'avais pas sous la main pour le gifler.
Ok c'est moins jouissif que Perceval le Gallois (c'est pas en vers), mais c'est d'une beauté et d'une universalité rare. Que ça soit dans le langage, dans le jeu des acteurs, dans la beauté visuelle du film, les décors en pleine forêt, le château avec ces longs rideaux, il émane une sensualité jamais égalée. Jamais vu au film aussi érotique, surtout qu'en apparence le film ne semble pas s'y prêter plus que ça. On a une beauté brute de l'amour, la bêtise de l'amour, mais surtout des dialogues magnifiques sur la passion, l'amour, l'être aimé et l'amant, une virtuosité sans nul égal. On voit le film s'exciter sur une jambe, un sein, une chevelure, un visage, rien d'extraordinaire pourrait on dire en apparence, mais c'est fait avec une telle maîtrise. Et le film est un film résolument moderne, la discussion sur le polythéisme est un véritable petit moment de bonheur. Film tout simplement excellent.