Malgré une production qui a eu du mal à se faire (un développement ayant mis cinq ans à réellement se faire, faute de financement), Little Miss Sunshine est entré dans l’histoire du cinéma. Notamment en tant que premier film indé (pour indépendant) à avoir dépassé la barre des 100 millions de dollars de recettes mondiales (avant d’être battu en 2007 par Juno et ses 231 millions). Un film qui a su faire sa place parmi de nombreux festivals (dont Sundance et Deauville, en passant par la case Oscars) et qui a suscité un engouement indiscutable lors de sa sortie en DVD et de sa diffusion à la télévision (sa première sur France 2 le 31 août 2010 avait réuni plus de 4 millions de téléspectateurs). Qu’est-ce qui a bien pu provoquer un tel raz-de-marée ? Faisons donc un retour sur ce Little Miss Sunshine !
La famille Hoover est composée de personnes pour le moins atypiques. Nous avons le père, Richard (Greg Kinnear), qui ne supporte pas la loose attitude et qui essaie de vendre son livre qui enseigne comment être un battant dans la vie. La mère, Sheryl (Toni Collette), qui subit sans broncher les travers de sa famille et essaye notamment de cacher ceux de son frère, Frank (Steve Carell), professeur d’université gay et suicidaire. Le grand-père, Edwin (Alan Arkin), toxicomane et obsédé. Le fils, Dwayne (Paul Dano), ado qui s’isole dans ses rêves et son petit monde en faisant vœu de silence. Et enfin la fille, Olive (Abigail Breslin), qui aspire à participer à un concours de beauté. Alors, quand cette dernière obtient l’occasion d’être la nouvelle Little Miss Sunshine, toute la famille fait le voyage pour Los Angeles. Mais la route ne sera pas sans embûches !
En lisant le synopsis de Little Miss Sunshine, il faut bien avouer que nous ne savons pas quelle approche avoir envers ce film. S’agit-il d’un drame un peu trop appuyé (vu les sujets proposés, comme le suicide, l’homosexualité, la drogue ou encore le concept des mini-miss) ? Ou bien une comédie aussi loufoque que lourdingue (le fait qu’une famille regroupe autant de cas extrêmes) ? La réponse : un savoureux mélange des deux !
Du côté de la tragédie, Little Miss Sunshine aborde plusieurs thèmes de la société. Ou plutôt différents tabous de notre société. En nous les envoyant cash à la figure, en proposant des personnages sources de toute polémique d’actualité et qui, du coup, paraissent « normaux » (ce terme est utilisé pour exprimer ce que doit être la normalité pour beaucoup de personnes dans notre société) à l’écran (un est gay, et alors ? un est toxico, et alors ? un est suicidaire, et alors ?). Ce qui permet à Little Miss Sunshine de crier haut et fort que ces gens qui sont mis ici en avant ont beau sortir des rangs et avoir des vices, ils ne sont pourtant pas si différents que les autres, qui n’hésitent pas à les pointer du doigt. Voilà en quoi le film est un drame : il arrive, en faisant cela, à nous rapprocher de ces personnages atypiques et à les rendre touchants au possible pour que nous les accompagnons corps et âme dans leur road trip. Et que nous exprimions leur ressenti lors es moments tristes et de réflexion. Il faut dire aussi que la prestation des acteurs y est pour beaucoup, chacun donnant le ton juste pour que l’on croie en leur rôle. Avec une mention spéciale pour Steve Carell (qui n’a jamais été aussi excellent) et la jeune Abigail Breslin, alors âgée de 6 ans.
Mais là où d’autres films seraient tombés dans le tire-larme, Little Miss Sunshine préfère virer sans crier gare dans le registre de la comédie burlesque quand il faut. Évitant ainsi de plomber l’ambiance, rendant cette dernière chatoyante malgré de tels sujets. Et pour cela, le film n’hésite pas à proposer des séquences totalement déjantées (le grand-père incitant son petit-fils à coucher avec toutes les filles qu’il peut, la famille voyageant à bord d’un minivan qui marche à moitié) voire osées (le final où la jeune Olive exécute une chorégraphie quelque peu sexy et provocatrice sous les notes de Super Freak de Rick James). Un humour bienvenu qui donne à Little Miss Sunshine son statut de rayon de soleil et qui nous rapproche encore plus des personnages. Clamant que ces derniers, bien que « différents », font également face à des problèmes sociétaux, mais ne se plaignant jamais, prenant la vie telle qu’elle leur arrive sans jamais être déviés de leur route. Et c’est en cela que le film réchauffe le cœur ! Tout en insistant bien sur le fait qu’une famille aussi unie que celle des Hoover est l’une des meilleures choses que peut nous offrir la vie.
Qu’il y ait Sunshine dans le titre ne relève pas du hasard : le film ensoleille ! Véritable bouffée d’oxygène qui mérite amplement son engouement sans précédent pour un long-métrage indé ainsi que son image de film culte. Comme quoi, le cinéma américain n’a pas qu’Hollywood et ses blockbusters explosifs à nous proposer !