Etoile violette a été présenté en 2005 au Festival de Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. Le film a été présenté la même année au Festival Côté court et en 2006 au Festival Premiers plans d'Angers.
Axelle Ropert explique comment elle a eu l'idée peu banale de faire de Jean-Jacques Rousseau un des personnages de son film : "Etoile violette est un film inculte sur Rousseau, on n'y apprend rien sur lui comme écrivain ou comme philosophe. Alors que la plupart des écrivains sont difficiles à transposer cinématographiquement, il me semblait que Rousseau, lui, pouvait faire un beau personnage de cinéma à cause des réactions très contrastées qu'il suscite, de l'adoration à l'exaspération. C'est un vrai personnage magnétique, qui attire et " excite " à distance ses admirateurs et ses contempteurs, et donc il me semblait qu'il se prêtait bien à être mis en scène, à l'invention d'un espace aimanté, sous tension. D'ailleurs, bizarrement, c'est un personnage historique qui a été très peu mis en scène au cinéma, voire pas du tout."
Avec malice, la cinéaste donne les raisons plus ou moins fantaisistes qui l'ont conduite à choisir ses différents acteurs : "(...) j'ai fait un casting sauvage qui répondait à un principe simple : observer tous ceux qui se dandinaient à la sortie de la Cinémathèque, sur le trottoir des Grands Boulevards parisiens. C'est comme ça que j'ai repéré Lou Castel, qui possède un mélange de candeur et d'acuité et une manière d'être " à contretemps " qui m'ont tout de suite fait penser à Rousseau. Emmanuel Levaufre, qui joue le petit prof, a été repéré par sa manière de se lancer dans de longues analyses aussi précises qu'obsessionnelles, ce qui convenait très bien pour le personnage (...) Marielle Grillet, la jeune femme blonde du cours, a été choisie parce que me plaisait sa manière de se poser délicatement dans le décor. Quant à Serge Bozon, le petit tailleur, il a été recruté parce qu'il a de longs cils, ce que je trouve très cinégénique, et surtout parce qu'il m'a avoué qu'il avait toujours eu envie de se mettre à la couture. Il faut savoir quelquefois réaliser les rêves intimes des acteurs, cela fait partie des satisfactions du métier."
Etoile violette est le premier film réalisé par Axelle Ropert, rédactrice en chef de La Lettre du cinéma, revue iconoclaste lancée en 1996. Ont notamment participé à cette revue les cinéastes très singuliers Judith Cahen et Serge Bozon. Celui-ci est l'auteur de L'Amitié et Mods, deux films coécrits (et interprétés) par Axelle Ropert. Bozon joue l'un des rôles principaux d'Etoile violette.
Axelle Ropert conteste le caractère passéiste d'Etoile violette : "(...) le film est bien de son époque, mais comme l'envers éteint d'un présent pétaradant... Je n'ai pas cherché à styliser mon film en l'inscrivant dans un passé précieux. Si les choses vous paraissent figées, c'est qu'elles reflètent la manière de vivre de mes personnages. La boutique du tailleur est une échoppe " Mitteleuropa ", un peu crasseuse et néanmoins coquette, qu'il a héritée de son père et qui n'a sans doute pas été modernisée depuis quarante ans. La salle de classe est comme une vignette de l'enfance, qui s'anime le jour lorsque des enfants s'y trouvent, et se fige la nuit lorsque les adultes se retrouvent là, comme déplacés."
Axelle Ropert évoque l'utilisation de la musique dans son film : "Le côté ermite de Rousseau m'a tout de suite fait penser à un certain type de folk qui n'a rien à voir avec le folk hippie débridé ou avec le folk existentiel chuchoté, et qui est le folk taciturne. J'ai choisi des chanteurs qui ont en commun une manière dépouillée, voire sévère, de chanter : deux artistes du début des années soixante, Shirley Collins et Jackson C. Frank, et un chanteur actuel, Devendra Banhart. (Le plus jeune est le moins sévère, c'est vrai.) Cela permettait de ne pas trop charger d'affects désolés les scènes musicales, de les laisser respirer, de créer un " transport pudique " (car ce sont des scènes de transition -d'une époque à l'autre). Et puis, surtout, les trois chansons du film ont quelque chose d'archaïque, ce qui crée une perspective temporelle vers le passé qui me plaît, comme une manière d'ouvrir une brèche secrète dans la surface plate du présent."
Etoile violette sort en salles dans le cadre de la collection Décadrage, structure dédiée aux moyens métrages. Ont déjà été distribuées sous ce label des oeuvres de cinéastes français tels que les frères Larrieu (La Brèche de Roland), Alain Guiraudie (Ce vieux rêve qui bouge), Emmanuel Mouret (Promene-toi donc tout nu!) ou encore Fabienne Godet (La Tentation de l'innocence). Etoile violette sort le 19 avril 2006, accompagné d'un autre moyen métrage, Un camion en réparation d' Arnaud Simon.