François Truffaut, dans une phrase célèbre avait dit que :" le cinéma anglais était une contradiction dans les termes". Chabrol de son côté, ami de Lindsay Anderson, avait de son côté dit de l'oeuvre de son confrère :" Lindsay a réalisé peu de films, mais quels films.! " . La nouvelle vague du cinéma Britannique comporte plusieurs véritables chefs-d'œuvre de l'histoire du cinéma mondial et inspira une décennie plus tard deux réalisateurs exceptionnels que sont Kenneth Loach et Mike Leigh ( certains ajouterons Stephen Frears, Bill Douglas, Alan Clarke et surtout Terence Davies). Apres avoir réalisé deux films, dont "le prix d'un homme " ( à mes yeux un monument), Lindsay Anderson, fondateur de cette fameuse nouvelle vague Britannique avec Karel Reisz, Tony Richardson et John Schlesinger, presente "If..." au festival de Cannes et revient avec la Palme d'or. Nous sommes en 1969. Mai 1968 a eu lieu un an auparavant et l'esprit de révolte, de contestation de l'ordre établi, de l'autorité est à la mode et "if..." arrive à point nommé. Film sur le système scolaire britannique et son fonctionnement qui repose sur l'humiliation pour mettre la jeunesse rebelle dans le rang, il fait mouche même encore aujourd'hui. L'amour, le sexe sont impossibles. Par contre les frustrations en tous genres, ( le rôle parfois ambigu du clergé est déjà souligné, la militarisation de la discipline bat son plein ) sont parfaitement illustrées. Le film qui alternent scènes en couleur avec quelques scènes éparses en noir et blanc, ne manque pas de rythme. Le montage et la réalisation sont à la hauteur et Malcom Mac Dowell est ici dans un de ses premiers rôles ( on le retrouvera peu après dans "Orange mécanique " de Stanley Kubrick qui avait sans nul doute apprécié "if...") ou il est parfait. Les trois petits points à la fin du "if" du titre souligne que cette révolte, ce volonté de changement , de passage dans une nouvelle ère, n'est sans doute qu'un vœu pieux. Selon moi, la nouvelle vague du cinéma Britannique est un courant qui mérite au combien d'être connu, car il recèle des films excellents, certes peu nombreux , mais dont Claude Chabrol avait saisi l'importance. Bertrand Tavernier fit aussi beaucoup pour la redécouverte du cinéma Britannique et notamment des réalisateurs qui précèdent la nouvelle vague du Royaume. Je pense en premier lieu à Michael Powell. En tout cas "if..." n'a pas pris une ride. A voir.