Le 3e volet est souvent considéré comme le moins bon, j’ai envie de dire, c’est le plus faible de la trilogie originale, mais c’est pas un désastre non plus. Il y a des choses sympathiques. Par exemple, les décors. Si l’on reste un peu à l’étroit dans ce parc d’attraction, force est de constater que les attractions sont bien employées et qu’elles apportent un cadre original à des scènes qui auraient pu être banales. John Landis s’amuse d’ailleurs beaucoup, entre autres lors du final qui est presque un hommage à Jurassic Park sorti l’année précédente. Ce cadre est plaisant, et le budget du film, en hausse, permet aussi quelques scènes d’action très efficace, en particulier celle de la grande roue qui est quand même remarquablement bien faite, à fortiori à une époque où l’on n’a pas le numérique et les facilités des fx.
Pour le reste, on a un Murphy qui revient relativement en forme, même si évidemment au bout du 3e film la fraicheur de son personnage n’est plus aussi évidente, et le rythme global du métrage est pas trop mal, même si l’intrigue est assez succinte. On s’attend vraiment sans surprise aux rebondissements (en particulier celui concernant Fulbright), c’est un peu redondant, la fluidité du récit n’a pas l’efficacité des deux premiers et surtout du deuxième épisode. C’est un peu plus laborieux dans la narration.
Maintenant, il faut avouer que le film de Landis a aussi des défauts certains. Déjà, on sent que l’orientation comédie est accentuée. Il y a beaucoup plus de gags, des gags assez balourds qui déséquilibre le fragile équilibre trouvée par la saga entre l’humour-l’action badass-l’infiltration. L’humour est plus appuyé, parfois assez grotesque (la scène d’ouverture en mode comédie musicale, ouch !), et bien qu’il y ait des morts, la dichotomie avec les scènes un peu bouffonnes qui émaillent le métrage crée un vrai sentiment de montagnes russes désagréables. Le dosage entre les deux est moins bon, c’est un fait.
Par ailleurs, l’écriture des personnages est limité. Gros point fort du deux, il y a ici un renouvellement de casting qui malheureusement n’est pas très réussi. Si Carhart est un bon méchant, il manque un rôle comme celui que tenait Brigitte Nielsen dans le deux, charismatique et haut en couleur. Par ailleurs, on ne sent pas vraiment la complicité entre Reinhold et Elizondo, et même si ce dernier est correct, il ne s’intègre pas aussi bien que Taggart dans les deux premiers films (et il avait d’ailleurs fallu deux films pour vraiment créer cette complicité). Quant à Theresa Randle, elle fait ce qu’elle peut mais elle n’a vraiment pas grand-chose à défendre, de même que John Saxon, sous-employé.
Côté réalisation, Landis arrive à convaincre, mais dès la première fusillade on sent qu’on a pas un vrai réalisateur de film d’action. Il n’y a pas vraiment de chorégraphie, c’est « paf, paf paf », et en dehors de la scène de la grande roue, faut reconnaître que les autres scènes sont globalement un peu moins enthousiasmantes que les deux premiers films malgré un budget plus conséquent. Landis se révèle plus à sa place pour exploiter l’ambiance du parc, pour jouer au chat et à la souris au milieu des attractions que dans les fusillades pures et dures. Pour la bande son, on la retrouve ici tout aussi efficace que dans les deux premiers films, donc rien à redire.
Sincèrement, ce troisième opus est un divertissement un peu plus aléatoire que les deux autres film. Si la recette reste efficace, il faut avouer que la dominante comédie un peu lourde nuit sérieusement au concept de funambule équilibriste de la saga qui avait réussi à proposer tout autant une action bourrine qu’un humour potache sans que l’un ou l’une nuise à l’autre. Ici, c’est moins vrai, et il m’est arrivé de me gratter le menton d’un air dubitatif au visionnage. Malgré tout, si l’on passe sur ce défaut et sur un casting un peu plus fade que l’épisode 2, on peut tout à fait prendre du plaisir à un visionnage sympathique quoiqu’assez innofensif dans l’histoire du cinéma ! 3