Dans les chef d'oeuvres intemporels de la sf, beaucoup citent "2001 l'odyssée de l'espace". D'autres vous citeront "Blade Runner". Mais il y a aussi un film sorti en 1979 qui est régulièrement cité. Un succès surprise, qui lancera une saga encore en activité aujourd'hui. 2ème film de Ridley Scott, ce premier volet de la saga "Alien" est un grand film. Tant de choses y sont éblouissantes qu'il est difficile de les lister. "Alien le huitième passager", c'est tout simplement un des chef d'oeuvre de Scott, réalisé avec des moyens pas loin d'être ridicules. Ce qui rend la réussite de ce film encore plus impressionnante. Déjà, il est nécessaire de parler de l'ambiance, absolument unique. Grâce à la direction artistique, phénoménale: l'intérieur du Nostromo est saisissant de réalisme. Les couloirs sombres et crasseux, les salles de vies blanches et propres. Même l'extérieur est convaincant. Peut-être un peu too-much de sa grandeur, le vaisseau-cargo n'en reste pas moins impressionnant et convaincant. Les plans ou on le voit dans l'espace ont d'ailleurs à peine vieilli. L'ambiance est unique aussi grâce à la musique de Jerry Goldsmith, magistrale. Une bo discrète, qui instaure parfaitement une ambiance glauque, voir même mystique. Les rares fois ou la musique se permet d'être un peu plus forte, elle est inoubliable.
Je citerais le moment ou le vaisseau arrive à LV-426 (morceau qui sera repris dans "Prometheus" pendant un court moment) ou le moment ou Dallas est dans les couloirs, à la poursuite du mythique xénomorphe
. Ambiance unique aussi grâce à (évidemment) la réalisation grandiose de Scott. Aucun plan, aucune situation n'est mise au hasard. Tout dans ce film sert sa symbolique (principalement le viol). Mes moments favoris sont vers la fin,
ou Ripley est seule dans le Nostromo et essaye de s'enfuir
. J'y ai à chaque fois l'impression que Scott enchaine les plans magistraux, nous donnant par ailleurs une véritable leçon de mise en scène.
J'ai encore en tête le passage ou Ripley croise le xénomorphe en essayant d'aller à la navette
. Le jeu de lumière y est saisissant, le suspense intact. Plus de 30 ans après, l'ambiance du film est toujours aussi claustrophobique et effrayante. Et les scènes chocs restent toujours des scènes chocs.
La scène ou le xénomorphe sort de Kane reste encore hallucinante. Tout comme la scène de la mort de Brett (le regard de Jones, inoubliable). Mais aussi ma préférée, la mort de Parker et Lambert. Les cris de Lambert se faisant tuer (voir violer ?) me glacent encore le sang. Ce qui est fort dans les 20 dernières minutes, c'est qu'il n'y a quasiment plus aucune musique, juste un silence glaçant. La caméra suit Ripley, effrayée, dans les couloirs. Un peu de fumée, et le tour est joué: encore aujourd'hui, l'immersion est totale. Et je ne parle pas du climax dans la navette. C'est certainement le meilleur moment du film. A la fois celui le plus silencieux et le plus sexy (Sigourney en petite tenue) mais surtout le plus symbolique et explicite. Rien n'est gratuit là-dedans.
Avant de parler des acteurs, il faut que je parle de la créature la plus fascinante de l'histoire du cinéma. Avec Sigourney Weaver, la révélation de ce film reste le xénomorphe. Créature à la fois hideuse et magnifique sortie de l'imagination de H.R Giger (R.I.P), le xénomorphe effraye et surtout fascine. Sans compter les géniales trouvailles sur la conception de la créature et son cycle: tout ce qui concerne le facehugger, le sang acide, l'alien qui sort du ventre...c'est simple: une mythologie incroyable se crée là. Le magistral dialogue de Ash sur la créature reste dans les mémoires et la met en valeur de manière sublime: "J'admire sa pureté. Un survivant qui n'est pas souillé par la conscience, le remords ou les illusions de la moralité". Je pense que tout est dit. A noter aussi l'excellent travail qu'a fait Giger pour le Derelict, inoubliable vaisseau. L'intérieur reste encore aujourd'hui original et tout aussi fascinant que le xénomorphe lui-même. En témoigne le niveau inférieur du vaisseau ou descend Kane (là ou il y a les oeufs). C'est mystérieux et ça donne envie d'explorer davantage cet endroit. La photographie du film est très belle et rend honneur aux décors, que ce soit le Nostromo ou le Derelict. Quand au casting, je ne pense rien apprendre à personne en disant qu'il est génial. L'équipage, en plus d'être assez attachant (Parker et Brett sont amusants) est solidement interprété. Tom Skerrit est tout ce qu'il y a de plus charismatique dans le rôle du capitaine Dallas, Yaphet Kotto et Harry Dean Stanton forment un bon duo auquel on croit, Veronica Cartwright est parfaite en Lambert. Marrant quand on sait qu'à l'époque, le casting était inconnu. John Hurt est tout aussi bon (
il restera comme la première victime historique du chestbuster
) et on a un Ian Holm totalement possédé par son rôle de Ash.
Froid comme un androide
, il est totalement génial. Et bien sur, il y a la sublime, l'inégalable, l'unique Sigourney Weaver, qui restera dans mes actrices préférées ! Cette beauté, ce charisme, cette badassitude (oui, j'invente) ! Elle est désormais indissociable de Ellen Ripley (l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur personnage féminin de l'histoire du cinéma) et c'est compréhensible. Dire qu'elle est magistrale dans ce rôle est un euphémisme tant je la trouve à chaque fois parfaite (et ça compte pour les autres épisodes). Une autre chose très plaisante dans ce film, c'est le scénario. En apparence simple (un survival dans l'espace), il comporte beaucoup de choses intéressantes. Evidemment, il y a la symbolique, présente partout dans le film (en adéquation avec les plans de Scott). Mais il y a aussi des rebondissements,
dont la vraie nature de Ash. Le fait que ce soit un androide, c'est une révélation somme toute inattendue et cohérente
. L'élément qui m'a le plus plu dans ce scénar reste le suspense, et notamment cette question qui turlupine pendant une bonne partie du film:
mais qui est le héros ? Scott nous montre l'équipage évoluer sans en montrer un plus qu'un autre. Et on est dans le flou total un bon moment, ne sachant pas qui va mourir et dans quel ordre. C'est seulement au fil du film que l'on découvre que notre héros (héroine, en l'occurrence), c'est Ellen Ripley
. Simple, mais ingénieux ! Bref, que dire d'autre concernant ce chef d'oeuvre ? Je pense que je ne peux que conseiller ce classique de la science-fiction à ceux qui ne l'ont pas vu. 35 ans après, le film reste intact. A voir absolument !