Il y a les films qui sortent du lot par leurs scénarios, par leurs réalisations, ou leurs acteurs. Et puis il y a les autres: les créations qui se démarquent uniquement par leur capacité à nous sortir par les yeux. Plusieurs possibilités expliqueraient ces miséreux du 7ème art: une intrigue tellement courte qu'elle tiendrait sur un marque-page, une mise en scène qui vous donne envie de maudire le jour où l'on a inventé la caméra, ou les acteurs qui flinguent leurs carrières en une bobine. En la matière, ce genre de film est tellement bien fourni qu'on en est venu à lui attribuer son propre rang: la série Z. Une place où on trouve des films de toute sorte (Du Paul WS Anderson, du Michael Bay, du Adam Sandler ou du Twilight). Mais ceux qui siègent sur le trône sont incontestablement les Van Damme, les Seagal, certains Schwarzenegger ou Stallone. Cela dit, ne faisons pas de désinformation: ces derniers sont regardés avec plus de bienveillance car, contrairement à la première sous-catégorie (c'est le mot) eux s'assument comme ce qu'ils sont. Des catastrophes pures où les clichés et poncifs sont disséminés avec tant d'ardeurs qu'elles en deviennent tout d'un coup hilarantes. Et c'est bien le but recherché, selon toute vraisemblance. Mais que vient faire Shoot em Up là dedans? Eh bien, lui aussi partage cette faculté à nous faire tout comprendre au bout d'une séquence, c'est à dire qu'il n'y absolument rien à comprendre. D'une bêtise incroyable, ce nanar semble avoir pour unique ligne de conduite de faire n'importe quoi. Et donc? C'est purement jouissif ! Son titre indiquait clairement la couleur (surement en hommage à ces interminables parties de jeux de shoot décérébrés qu'on enchainait dans notre enfance), mais la présence de Clive Owen et Paul Giamatti nous faisait douter. Pourtant, même ces deux excellents acteurs ont décidé de se saborder...Et ce, dans la plus grande joie. Car il faut le voir pour le croire: Owen et Giamatti s'amusent comme des dingues avec leurs personnages, archétypaux à souhait, auxquels les scénaristes ont décidés d'ajouter encore plus de délire (le grand héros qui mange des carottes et tue même avec, le grand méchant qui balance une phrase mémorable à chaque apparition). Un film quasi expérimental tant il contribue à ridiculiser encore plus la série Z bien régressive. La caméra est complètement tarée (elle bouge dans tous les sens), le script est si lamentable qu'on se surprend à adorer son manque de crédibilité. Et enfin la bande son s'accorde complètement avec l'univers du jeux de shoot. En voyant cette (ré)création, on a presque l'impression d'avoir remonté le temps et qu'on pourrait aider le héros en visant l'écran avec nos doigts. Du n'importe quoi, parfaitement stupide mais qui ne prétend rien d'autre que d'être un pur moment régressif, saupoudré d'humour douteux, de blagues à deux balles (excusez le jeu de mots), et de scènes d'action loufoques. Il est au sommet de son espèce (les navets). D'accord, c'était pas très dur mais c'est le plus beau compliment possible. Une vraie farce qu'on prend du plaisir à suivre.