Pour son 4ème film, Terrence Malick lorgne du côté du ''1492'' de Ridley Scott où l'on montrait Christophe Colomb et ses hommes débarquant sur le nouveau continent, s'y installant dans la violence et le sang. Mais je vous arrête tout de suite : les similitudes se limitent à ce point de départ car ici, ce n'est pas la colonisation qui intéresse Malick, mais cette improbable histoire d'amour entre deux personnes que tout sépare (John Smith et Pochaontas , ça vous parle ?) Oui, nous sommes bien dans une histoire d'amour : une très belle histoire d'amour, aussi belle que l'environnement dans lequel elle a lieu. Et la nature environnante, Malick ne se gène pas pour nous la montrer sous toutes les coutures : champs d'herbes hautes, forêts denses où souffle le vent, horizon filmé à raz de l'eau, oiseaux exotiques volant dans les branches, gros plan sur de superbes perroquets à la robe bleue magnifique, vue en contre-plongée sur les arbres géants, vue de l'horizon à l'aurore et au crépuscule...Malick nous montre tout de cet incroyable environnement, nature rayonnante de beauté et de poèsie. A côté de celà, une relation débute entre un anglais et une princesse du pays qui lui sauve la vie en demandant à son père de ne pas le tuer. Elle, intriguée par cet inconnu, reste avec lui, essaye d'apprendre sa langue, lui montre les us de sa tribu. Au fur et à mesure de leur relation, ils arrivent à communiquer et la tribu semble accepter l'étranger, à un tel point que les hommes lui enseignent leurs jeux guerriers. C'est ainsi que se créée une tendresse qui évolue vers un amour sincère, pur ; un amour dont la pureté est renforcée par des monologues uniquement exprimés en voix off : lui pense qu'il a devant ses yeux la plus belle chose qui puisse exister dans cette nature et que tout ceci doit être un rêve, elle interroge sa mère pour savoir si ce qu'elle ressent est bien ce que l'on appelle l'Amour. Malheureusement la réalité les rattrape : l’affrontement de leurs mondes étant inévitable. Histoire aussi belle que bouleversante, dont le contexte de la colonisation n'est là que pour planter le décor, passant ainsi au second plan au niveau de la trame. C'est un procédé que connaît très bien Malick puisqu'il l'avait utilisé pour ''La Ligne Rouge''. Cette histoire est menée par un trio d'acteurs éblouissants : la jeune (16 ans) allemande Q'Orianka Kilcher crève l'écran pour son premier rôle au cinéma et sa beauté timide en charmera plus d'un !! Colin Farrell est surprenant dans le rôle d'un homme qui retrouve joie de vivre dans un nouveau lieu mais dont la réalité et le statut le confronte au pire choix de sa vie; et Christian Bale est touchant, incarnant un homme qui aime sans être aimé en retour mais prêt à tout pour celle qui est dans son cœur...vraiment Bravo à ces trois là : j'espère revoir la jeune Q'Orianka bientôt et le face-à-face Farrell/Bale est la cerise sur le gâteau avec, sans conteste, deux des meilleurs acteurs du moment. Je tiens aussi à féliciter Terrence Malick pour avoir fait un film où il est question d'amour sans montrer une scène de sexe : c'est EXTREMEMENT rare dans le cinéma américain actuel qui doit toujours faire son "quotat racoleur". Respect. Je finirais en disant que cette romance est accentuée par un score très mélodieux, ponctué de nombreux morceaux classiques (du Mozart notamment) et de compositions du grand James Horner, dont le morceau qui sert d'introduction et de conclusion au film est tout simplement sublime. ''Le Nouveau Monde'' est donc un poème lyrique, une ode à l'amour rempli d'onirisme, filmé avec grâce et sensibilité accrue. Laissez-vous entraîner dans ce délice des sens qui est une véritable bouffée d'air pur.