Cannibal Holocaust est un film à voir avec l’objectivité du vrai critique, qui ne doit avoir, pour seuls éléments dans le jugement d’un film, que le métrage lui-même et la fiche technique. C’est donc avec cela que je jugerai Cannibal Holocaust. Franchement, Deodato livre une œuvre choc, brut de décoffrage, qui a révolutionné le cinéma de genre et consacré un sous-genre, celui des films de cannibales. Certes le casting n’est pas fantastique, certes la photographie n’est pas toujours très belle (les couleurs sont fadasses), certes il y a quelques longueurs, mais enfin il faut être honnête : Cannibal Holocaust est un film abouti, qui fait beaucoup avec un budget totalement dérisoire et dont il faut tenir compte. Tourné en décors naturels, ceux-ci sont d’une grande beauté, et donne au film une réelle atmosphère. C’est l’enfer vert, et non la forêt du coin avec des chemins de randonnées. La musique de Riz Ortolani est un classique devenu culte aujourd’hui, et soutient merveilleusement les images. Les effets gores sont une grande réussite, et si certains ne feront peut-être plus parfaitement illusions aujourd’hui, la majorité reste impressionnante et plante un demi-siècle en arrière les effets numériques approximatifs de beaucoup de productions actuelles. Le scénario est pour sa part très intelligent. Sa construction via l’intermédiaire d’une bande vidéo retrouvée était précurseur en son temps, et il évite le manichéisme ridicule avec d’un coté les méchants et de l’autre les gentils, chacun donnant et subissant son lot de cruautés. La fin est parfaitement celle qui convenait, et au final voilà un film qui fait réfléchir. Il ne faut surement pas s’arrêter à l’aspect visuel, et quoique Deodato n’aille pas avec le dos de la cuillère, ce qui séduit le plus dans Cannibal Holocaust c’est le fond. La violence et la perversité sont sans borne, et le pire est de savoir que ce film n’est qu’une vision édulcorée de tant de réalités passées et présentes. Dans l’enfer vert, ou dans nos sociétés urbanisées.
Alors certes l’équipe de tournage a rentabilisé au maximum le budget (en utilisant des scènes d’abattages des animaux qui on servit à nourrir l’équipe pour gonfler le métrage), mais on ne peut pas s’arrêter à cela, et après tout, combien de végétarien sont nés avec Cannibal Holocaust ?