Cannibal Holocaust est un film dégueulasse et choquant ! Sa démonstration de la violence ( parfois réelle comme celle sur les animaux ) est pour autant une représentation assez juste de ce que le film dénonce ...
A vrai dire, j'attendais de ce film, au vue de sa réputation, un " gore gratuit " comme simple justificatif pour filmer l'horreur et la terreur dans son idée minimale et agir en brute sur les consciences. Il n'en est rien ! Je ne cherche pas à être sulfureux lorsque j'écris pareil commentaire, bien au contraire, il y'a je trouve un réel point de vue sur la société, primitive et civilisé ...
La découpe astucieuse du film est un autre ancrage dans l'idée prônée par Ruggero Deodato, celle-ci résonne avec son ultime interrogation ( auquel il répond à de multiples reprises ), " - Qui sont les vrais cannibales ? " Je me suis fais d'ailleurs un petit parallèle avec un autre cinéaste affilié au mêmes sortes de reproches, Sam Peckinpah. Au fond la violence n'est pas le problème. La crudité de la représentation est bien l'épicentre du grief fait à l'un comme à l'autre. Je peux comprendre le heurt de ce procédé, pas l'hypocrisie autour car oui, la violence est absolument partout, le cinéma plus mainstream en raffole d'ailleurs à foison ( et moi avec, je m'implique dans cet état et rapport ).
Cannibal Holocaust ne fais pas dans le soft, je me suis moi aussi dans un premier temps poser la question sur le résonnement de son réalisateur, cherche t-il à dénoncer ou à cautionner ? La première option saute avec de la réflexion clairement aux yeux. Vraiment, je me permet d'insister. Voilà pourquoi le " listing " des abominations que je m'apprête à éditer plus bas officie avec relief, chez les autochtones, comme pour les colons ...
Dès son ouverture, le film m'a rappelé Rosemary's Baby ( la seconde fois cette semaine ! ). Son point de vue sur son lieu, sa composition, son entrain à survolé son sujet avant de se fixé et d'établir une intro rapide et ciblé m'a vraiment fait chavirer.
La fusillade dans la jungle m'a ensuite rappelé à la raison ! Les premières images de cannibalisme également ... L'hostilité et la rudesse de cette foret, de sa faune et de ses habitants laisse avec du recul son empreinte, plus encore que lors de la découverte. Les protagonistes que l'on suit dans cette première partie sont eux aussi confronté à un rapport de force assez sublime. Le premier, anthropologue, éduqué, bonne âme, pleins de connaissances et d'ignorances mêlé accompagné de ses deux acolytes nettement moins avisés sur les versants psychologiques mais tant de fois mis en situation que plus rien n'a de secret dans leurs vision binaire ( mais non manichéenne toutefois ! ). L'animal mis à mort, sa consommation vue avec fierté, la cocaïne employé, les entrailles de l'animal vue en offrande est une scène que je trouve complètement démente ! Puis viens le rituel mortuaire, de ce qui s'implique au préalable, viol et torture. La barbarie est expliqué, vu comme seul moyen de survie dans ce monde là ... Je vais directement à l'après baignade, à la découverte du " Totem " qui révèle ce que l'on sait déjà sans trop creuser du sort des quatre documentaristes. Les restes qui composent ce vestige de corps additionnés pour faire fuir l'homme blanc est chassé par la communion du partage après dépeçage de la chair cru !
Le long-métrage de Deodato achemine cette première moitié et reviens à la ville avec ses interludes qui dorénavant se mêleront à la suite du récit. Cette fois, celui des quatre reporters. Tout de suite, on laisse présumé qu'ils ne sont pas les pauvres victimes dépeintes dans les prémices de l'histoire. La décapitation de la tortue et l'amusement à jouir de la tripaille de cette dernière ont d'office de confirmer les dires entendus. Celle du singe dans le " camp " d'en face n'est pas plus subtil, elle est ne témoigne toutefois pas du même sadisme. L'horreur chez les quatre se manifestent aussi dans leurs mots, le " - Tu film " lorsqu'ils cautérisent la jambe de leur guide à la machette chaude et de son ultime clin d'œil comme hommage funéraire démontre une perfidie absolu. Le cochon abattu gratuitement, la mise à sac du campement et le crane brandit pour les rendre " célèbres " accrédite une fois encore ce constat. Le coït post-méfait est une autre démonstration du sentiment de toute puissance de ces derniers sur la population qu'ils soumettent à leurs désirs. Le viol collectif, la découverte du corp de la victime empalé, le voyeurisme ambiant sont à faire pâlir ... En opposition, le macabre reste aussi de la partie. La mise à mort de la femme qui accouche et de son nouveau né choque, l'exécution est si sommaire ! Toute la suite qui concerne l'expédition punitive qui va de l'émasculation, à la lapidation jusqu'au meurtre sert aussi le message de mort dont le film est témoin.
J'en viens à ces visionnages en studio. Ces derniers réflexives et opportunistes sont endigués par le silence et la décision radicale ( la destruction des images ) qui s'en suivent de ce visionnage terrible, à faire perdre toute foi en quoi que se soit ... Un écho à l'intelligence de ce film qui démonte le voyeurisme et le sensationnalisme, juste car sans esthétisation pour moi.
Ruggero Deodato dépeint une ambiance, une atmosphère et film avec fureur et de manière magistrale sont envie folle. Le film sert le bide, donne matière à réfléchir, ses comédiens sont eux aussi entrainé dans l'esquisse de l'ébauche vu avec frénésie et monstruosité. Cannibal Holocaust est une expérience de cinéma, un radicalisme qui tranche avec un certain ronron en la matière. Oui, aussi abject soit-il, ce film est un Chef d'Œuvre !