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    Koyaanisqatsi, la prophétie
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    69 critiques spectateurs

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    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 064 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 octobre 2013
    Il y a forcément des choses à dire sur un film comme celui-ci, mais en même temps tout est déjà dit en voyant le film. Mais je pense qu'avant même le propos du film (où si j'ai bien compris tout le monde y voit ce qu'il veut, même si ce que montre le film me semble malgré tout foutrement évident), c'est le côté fascinant qui me marque. On est là pendant 1h20 à regarder des images et à écouter de la musique, rien de plus, rien de moins et ce qui est remarquable, c'est que l'on ne se fasse pas chier une seule seconde, que l'on est entraîné par le rythme des images, cette musique sourde et lancinante, répétitive.

    D'ailleurs j'ai l'impression que le thème du film est la répétitivité. Tout le monde fait tout le temps la même chose, tout le monde fait la même chose que son voisin, on produit en masse la même chose, tout est pareil.
    On a cette vision de l'être humain vu d'au-dessus comme s'il était une fourmi, on observe ses tâches vides de sens, automatisées, routinières, banales, mais toujours avec cette fascination.

    Le film ne se montre pas non plus méprisant, l'absence de commentaire, de voix off venant dicter quoi penser est une singularité intéressante. On en tire effectivement tout seul les conclusions qui doivent en être tirées. Lorsque l'on voit tous ces gens se suivre comme des fourmis à l'entrée du nid...

    Malgré ces quelques portraits qui parsèment le film, le film montre l'humanité en tant que groupe, pas comme la somme de quelques individus célèbres. Facile de dire du bien de l'humanité en citant De Vinci et un ou deux autres noms fameux. Non il s'intéresse vraiment à ce groupe, comment il se comporte. Et le mépris vient du spectateur, pas forcément du film (bien qu'il l'induise en montrant l'humanité sous ce jour).

    Ce parallèle entre les circuits électriques et les villes, bien gentiment organisées, où tout le monde va bien là où il faut, quand il faut...

    C'est une expérience intéressante. Le fait de ne pas apporter forcément de réponses, juste une explication de ce que veut dire le titre à la fin permet à chacun de réfléchir sur le sujet, de ne pas donner trop de pistes de ne pas dicter au spectateur (de façon condescendante) ce qu'il doit faire ou doit penser. C'est à lui de faire le constat.

    Spamal.
    Moorhuhn
    Moorhuhn

    142 abonnés 579 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 mars 2013
    C'est bien beau les critiques de films récents mais une fois de temps en temps il faut bien aborder certains films qui méritent qu'on les remette au premier plan. Coup d'oeil aujourd'hui sur le film Koyaanisqatsi réalisé en 1982 par Godfrey Reggio. Point de fiction ici, il s'agit d'un film documentaire expérimental sans voix-off ni interventions, bref un film sans paroles d'une heure et demie où seule l'image fait office de narratrice. Oui, oui, ça ne parle absolument pas et pourtant ce film en a des choses à dire. Qu'est-ce qui se cache donc derrière ce titre qui semble barbare à première vue?

    Je ne savais pas réellement ce dans quoi je m'embarquais en lançant le Bluray de Koyaanisqatsi. Mais une fois le voyage fini, je savais que je venais de vivre une des plus grandes expériences cinématographiques de ma vie. C'est bien simple, c'est un film qui m'a scotché sur mon fauteuil du début à la fin et j'ai eu du mal à émerger suite au choc que je venais de recevoir dans la figure.

    Ce documentaire aborde plus précisément l'évolution de l'homme contemporain et de son environnement. Les premières minutes du film font la part belle aux sublimes décors naturels américains chargés d'histoire et berceau de leur civilisation. S'enchaînent ainsi les prises de vues plus sublimes que les autres nous montrant à quel point la nature est belle. Dit comme ça, on pourrait s'attendre à un film écologique comme il en existe des centaines mais c'est heureusement bien plus que ça.

    Si le film nous montre des choses sans aucune explication orale il n'est pas dépourvu de son pour autant. A vrai dire Koyaanisqatsi est une chorégraphie géante. Des états naturels nous passons directement aux avancées techniques avec l'apparition de machines à l'écran en train d'aménager l'espace avant de faire diverses escales dans des villes donnant l'impression de toucher le ciel avec leurs hauts buildings où vivent des millions de fourmis: les êtres humains.

    Reggio revient à l'essence-même du cinéma avec une narration par l'image rythmée par l'exceptionnelle composition de Philipp Glass. Rarement on aura vu une telle harmonie entre l'image et le son. C'est comme ça que Koyaanisqatsi nous raconte une histoire, par le biais d'un ingénieux montage couplé à une bande-son absolument délectable. C'est du délire cinématographique! Koyaanisqatsi est une des oeuvres les plus audacieuses qu'il me fut donné de voir, j'ai eu l'impression permanente que Reggio, cinéaste pourtant très méconnu, réinventait le cinéma.

    D'un rythme unique, Reggio nous embarque dans son monde, dans notre Monde. Toute cette vie grouillant dans les villes, avançant sans but, ne semblant vivre que pour travailler. Les plans fourmillent de détails, impossible de tout voir du premier coup. La caméra capte la vie mieux que n'importe quel oeil. Les connaisseurs ne manqueront sûrement pas de penser à l'Homme à la caméra, ou à la théorie du ciné-oeil en général, de Dziga Vertov qui disait que le cinéma pouvait retranscrire le réel de manière plus profonde encore grâce à ses multiples capacités formelles. Cette théorie prend tout son sens ici, par le biais de ralentis, d'accélérés et de multiples procédés techniques, Reggio nous offre une réflexion plus poussée sur l'homme, son origine, son présent et même sur son futur.

    L'être humain n'apparaît, à première vue, que comme du bétail qui s'entasse et semble dépourvu de personnalités. J'ai encore en tête ce plan où la Bourse semble occupée par des fantômes, ces plans où les escalators et les métros "vomissent" leurs utilisateurs. Couplées à ceci, nous retrouvons également ces multiples images qui semblent confirmer que l'homme se conduit lui-même vers sa propre perte en polluant, en détruisant. Mais Reggio ne vient jamais donner de coup de coude à son spectateur, il ne juge pas ce qu'il filme. Au contraire, le propos est d'une grande modestie, il ne fait que montrer. Et les images nous révèlent ce que nous sommes et ce vers quoi nous allons.

    Pour autant, l'être humain n'est pas méprisé. Si pendant une bonne heure nous avons l'impression de ne contempler que des fourmis, à un moment donné le défilé frénétique cesse et la caméra s'arrête dans la rue, en plein milieu d'une foule opaque. Elle capte quelques visages qui en disent beaucoup. On y voit des personnes regardant la caméra d'un oeil amusé, d'autre d'un oeil agacé, d'autre d'un oeil méfiant. On voit ce vieil homme contraint de mener des visites guidées pour s'en sortir financièrement pendant ses vieux jours, on voit cette femme qui galère à allumer une cigarette... On voit une multitude de visages, de personnes qui ont une petite histoire à nous raconter, une personnalité bien définie. L'occasion de montrer qu'il y a bien une vie dans cette fourmilière, des entités qui existent, ressentent des choses. Des esprits qui s'entrecroisent chaque jour sans y prêter attention.

    Même si un côté alarmiste et déprimant peut ressortir du film, il y a bel et bien une part d'humanité qui nous est révélée et qui nous prouve que nous existons bel et bien, qu'il y a un Moi derrière chacun. Koyaanisqatsi nous emmène loin dans la réflexion, nous pousse à nous questionner sur nous-mêmes et le monde qui nous entoure sans pointer personne du doigt. Telle est la force de ce documentaire.

    Si je prends la peine de parler de ce film c'est parce qu'il m'a embarqué très loin, me transcendant comme rarement. Visuellement ce film est époustouflant, une véritable merveille esthétique. L'oeil n'a pas de répit, les plans magnifiques s'enchaînent sans pause. Les villes, symboles de l'industrialisation galopante et de l'abîment de la nature, sont pourtant montrées sur le jour tel que nous les connaissons. Belles et majestueuses. Ces plans symétriques des gratte-ciels, ces passages en accéléré sur des autoroutes ou dans d'autres endroits nous montrent une réalité tout aussi sublime que destructrice. Pour autant la forme ne contredit jamais le fond, on constate juste l'étendue du savoir-faire humain teinté de toute la beauté que celui-ci peut inculquer à ce qu'il créé.

    Le réalisateur a ainsi voulu nous montrer "la beauté de la bête" d'après ses dires, c'est réussi. Tour à tour nous passons d'une observation globale, d'un constat amer, d'une critique vive à la sensation que l'être humain a bel et bien une personnalité et une existence propres mais que sa liberté n'est qu'illusoire. Il y aurait matière à disserter des heures sur ce film, et pourtant le visionnage passe crème. Le film nous offre une plaisir immédiat et continue à nous hanter des jours et des semaines après visionnage. Bref, appelons ceci un chef d'oeuvre, c'est une définition plus simple.

    Ce documentaire nous fait vivre une expérience des plus exaltantes et malgré que ce qu'on pourrait croire, j'ai du mal à expliquer textuellement les raisons pour lesquelles ce film est juste grandiose. Intelligent dans son montage et sa manière d'aborder son sujet, profond grâce à la réflexion qu'il nous propose et audacieux dans son concept, Koyaanisqatsi est pour ma part l'un des plus grands films de l'Histoire du cinéma. Ca a 30 ans et pourtant ça n'a jamais été autant d'actualité. Cette expérience sensorielle inouïe mérite d'être vécue pour tout ce qu'elle contient et ce qu'elle à nous proposer. Expérience si intense qu'à plusieurs moments donnés les larmes me sont montées. Un voyage extraordinaire bercé par la sublime composition de Philipp Glass, une pépite qui m'a pris au tripes du début à la fin. Mais qu'attendez-vous donc pour le voir!
    stebbins
    stebbins

    501 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 mars 2011
    Je mets cinq étoiles sans vraiment délibérer, non seulement parce que le film de Godfrey Reggio m'a transporté mais aussi parce que sans lui, le somptueux Baraka de Ron Fricke n'aurait peut-être jamais vu le jour... On retrouve d'ailleurs ce dernier à la lumière du troublant Koyaanisqatsi, première splendeur d'une trilogie rarissime, à travers laquelle la superbe musique de Philip Glass nous chavire et nous envoûte. Film éternel, comme en dehors du temps, qui développe une cinégénie terrestre comme peu d'autres ont été capables de construire, Koyaanisqatsi décrit le mouvement des choses, leur instabilité et leur profusion. Méditation héraclitienne dépourvue de discours verbal, l'expérience de Godfrey Reggio nous entraîne dans un monde tellurique où le genre humain n'a qu'une place secondaire. Images magnifiques, musique inlassable, le voyage de Koyaanisqatsi est une mise à l'épreuve idéale des conventions artistiques, dans la mesure où les attentes du public ne se résument pas au divertissement basique et formaté qui en découle habituellement. A voir, à vivre, et à entendre absolument.
    chrischambers86
    chrischambers86

    13 706 abonnés 12 423 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 février 2016
    Produit par Francis Ford Coppola, "Koyaanisqatsi" veut dire en langue hopi « la vie dèsèquilibrèe » . Sur ce thème, Godfrey Reggio nous invite à mieux comprendre ce mot ètrange dans un document expèrimental unique en son genre dont les dialogues sont exclus! Sur les aspects techniques du tournage, le cinèaste a menè à bien sur sept ans d'enquête un ovni du 7ème art mettant en valeur paysages naturels et villes urbaines à travers le Etats-Unis! Son ton est donnè par la juxtaposition des images et la musique hypnotique de Philip Glass! Par l'ambition et l'ampleur, c'est sans aucun doute l'oeuvre qui se rapproche le plus de Reggio ("Powaqqatsi" (1988) et "Naqoyqatsi" (2002) n'ont pas rèussi à faire mieux par la suite), captant au passage avec une justesse sidèrante l'atmosphère « dramatique » de la fin des annèes 70 et du dèbut des annèes 80! On est dans ces annèes qui prècèdent la catastrophe à la centrale nuclèaire de Tchernobyl! Film-somme, "Koyaanisqatsi" rècapitule l'essentiel de notre existence : un ètat ​​de vie qui appelle à une autre façon de vivre...
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    396 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 septembre 2014
    J'avais une certaine crainte avant de voir ce documentaire, les quelques extraits que j'avais pu voir me laisser imaginer quelque chose d'assez ennuyeux mais bizarrement ça m'a intrigué et j'ai finalement tenté l'expérience ...

    ... Et WAOU ! Juste une claque monumentale ! Je n'aime pas trop utiliser le terme chef d'œuvre mais là s'en est bien un, un véritable voyage fabuleux qui nous montre notre monde sous un angle inédit. En fait ce n'est pas vraiment un documentaire ni vraiment un film, il n'y a ni narration ni voix off, juste des images de la Terre mises en musique, il est basé sur trois prophéties Hopis annonçant la perdition de la planète (cités lors du pré-générique final).
    Ce long métrage a nécessité en tout est pour tout de 7 ans de prises de vue et 4 années de post-production, autant dire un travail pharaonique et une entreprise très ambitieuse, et le résultat est à la hauteur des efforts, le réalisateur Godfrey Reggio le sortira dans les salles en 1982, le tout produit par Francis Ford Coppola.
    Le film est introduit avec une sorte de notion mystique, d'une caverne aux inscriptions étranges, et cette voix cérémoniale répétant "Koyaanisqatsi", puis ces longs plans contemplatifs du désert, des nuages, des océans, la nature y est sublimée, et petit à petit vient le métissage de l'industrialisation pour nous faire basculer dans l'abondance des mécanismes de la société de consommation.
    Il faut bien comprendre que ce film est avant tout un spectacle visuel et sensoriel, il faut vraiment se laisser entraîner par ce rythme en tout point unique, il dispose d'une véritable émotion, d'une réelle personnalité picturale, d'une âme. Les paysages évoluent, leurs contrastes sont saisissants, des collines désertiques aux buildings argentés, la notion de construction et destruction est assez critique, la saturation vient parasiter le calme des éléments.
    L'être humain semble happé par son environnement, il est presque déshumanisé, l'homme machine du XXème siècle fait froid dans le dos, les industries robotiques ont prit le contrôle, ne voulant plus s'arrêter jusqu'au point culminant de non retour. Tout s'accélère, les plans sont étourdissants, permettant de mettre en exergue cette folie qu'est devenue notre planète, la bande son est sublime, appuyant parfaitement toutes les idées et les sensations du film, entre musique baroque et électronique, tout est cohérent. Puis arrive cette dernière partie, ou le rythme se ralenti d'un seul coup, le degré pessimiste se veut alarmant, l'homme est au bord du gouffre, sur le fil, l'autodestruction est proche, jusqu'à l'excès de trop ... les prophéties semblent se concrétiser.
    Je ne sais pas si on peut considérer ce film comme écolo, car il va bien plus loin, c'est un vrai message sur le monde, de sa plus profonde substance à son plus petit détail, comme une odyssée visuelle et sensitive permettant de voir notre planète d'un point de vue nouveau, les time-lapes sont tellement saisissantes qu'elles donnent une dimension métaphysique au contenu.

    "Koyaanisqatsi" est une œuvre absolument incroyable, sans doute une de mes plus grandes expériences cinématographiques, on est littéralement scotché du début à la fin devant tant de beauté et de spectacle, une ambiance, des images et une bande son qui nous font voyager au delà de notre perception du monde qui nous entoure, grandiose !
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 329 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 janvier 2009
    S'il fallait un film pour servir d'exemple au concept de film « expérience », ce film de Godfrey Reggio serait un parfait prétendant. Autant l'avouer tout de suite : il faut consentir à un sacré effort pour se laisser pénétrer par un film sans parole, sans intrigue, et qui n'a que pour seul intérêt la force suggestive des images, du montage et du son. Mais c'est le propre du film « expérience » que de laisser une marque différence selon les individus qui s'y confrontent et nul doute que "Koyaanisqatsi" possède ses moments forts, ce souffle intérieur, pour marquer suffisamment chacun qui s'y risque. La nature en mouvement, le monolithisme des villes modernes, la chute interminable d'une fusée peuvent devenir d'intenses moments hypnotiques, surtout que la musique de Philip Glass sait se faire autant entêtante qu'enivrante. En somme, voilà une bien drôle d'expérience qui pourra susciter l'ennui certes, mais saura aussi proposer certains instants de grâce. Difficile de ne pas conseiller de vous y risquer.
    P.  de Melun
    P. de Melun

    55 abonnés 1 125 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 3 novembre 2017
    Pas de personnage, pas de dialogue, pas d'intrigue et faudrait appeler ça un chef d'œuvre ? La musique de Philip Glass est la seule chose que je retiens, le reste ce n'est rien que de belles images qui auraient pu figurer à la une d'un numéro du "National Géographic" et ces dernières ont été assemblées avec d'autres, plus apocalyptiques et toutes sorties de leurs contextes pour créer chez le spectateur un sentiment qu'on va surexploiter après « Koyaanisqatsi », la culpabilité. La culpabilité d'être un homme parce que nous sommes tous mauvais. Le monde va trop vite, trop de progrès, trop d'humains... Ce film ne nous fait pas un procès mais d'autres après lui s'en chargeront. Le réalisateur de « Koyaanisqatsi » lui, se contente d'inventer un constat, d'en contempler les effets en amalgamant tout et absolument rien... affligeant ! Je mets toutefois 3 étoiles rien que pour la beauté des images et l'innovation visuelle parce qu'à l'époque, ce film a été une petite révolution...
    halou
    halou

    118 abonnés 1 532 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 septembre 2011
    Expérience cinématographique sans commentaire à effet immédiat. Plonger les yeux fermés dans un univers troublant.
    Plume231
    Plume231

    3 884 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 10 septembre 2014
    Un documentaire, enfin peut-être, enfin du moins un OVNI, un OVNI ou disons un documentaire expérimental OVNI qui est un assemblage d'images autour du thème d'un monde qui s'est totalement perdu dans l'industrie et la technologique ; le tout sans le moindre commentaire, une heure et demie sans intrigue...
    Les premières images tournent autour des merveilles de la Nature, des véritables merveilles. Une introduction qui apaise avant de plonger de plein fouet dans une frénésie industrielle et technologique que l'accélération de l'image ne fait qu'amplifier. On est choqué en même temps que fasciné. Le pouvoir de l'image n'a pas de limite.
    Et si celle-ci est indéniablement l'actrice principale, elle doit partager tout de même la vedette avec l'excellente musique du grand Philip Glass dont on reconnait la patte entre mille.
    Bon, je dois avouer que le cinéma expérimental n'est pas du tout ma tasse de thé et que le cinéaste Godfrey Reggio ne fait pas de manière pour appuyer son propos et délivrer un message écologique, mais dans le genre on est incontestablement dans le haut du panier et il faut bien avouer qu'on a le droit à des moments hypnotiques.
    L'oeuvre contemplative par excellence, mais avec un fond, où image et son, enfin plutôt musique, font quelques merveilles.
    Appeal
    Appeal

    156 abonnés 569 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 avril 2013
    Parfois nous n'avons pas de catégorie pour classer les films. Koyaanisqatsi est classé documentaire sur le site, mais il n'en est pas réellement un, puisque le film de Godfrey Reggio ne donne aucun renseignement déterminé sur le monde qu'il présente, même si cela est fortement suggéré; ce n'est pas non plus un simple album photo, puisqu'il y a derrière une trame narrative décelable. On est à la croisée des genres, et s'il fallait catégoriser l'oeuvre, on pourrait simplement dire que c'est une expérience brut et sensible de notre monde moderne.

    Je me dois de faire un point de méthode avant de rédiger cette critique. Comme toujours, je prend des notes au fur et à mesure du film, et après généralement j'en fais un gros résumé général, coupé de la progression du film. Après avoir relu mes notes, je me suis dis qu'ici, la meilleure façon de parler de Koyaanisqatsi, c'était d'en parler dans sa progression propre. Cette progression, assez unique et forte en sensations, est à mon sens indissociable du sujet qui fait appel à la notion de temps, plus précisément aux notions d'évolution voir de finalité.

    Le film commence par de superbes paysages, que l'on suppose américain. Une première séquence d'environ 10 minutes absolument magnifique. Godfrey Reggio, et surtout son photographe Ron Fricke, savent comment s'y prendre pour saisir au mieux la nature. La caméra est idéalement placée, elle oscille entre la photo et le film. La nature est présentée immobile, solide comme un roc, grandiose mais intouchable. Apparaît alors presque la philosophie dans son origine : alors que la nature se présente une, unifiée, comme Parménide la pense, voilà que le mouvement apparaît; la nature devient Héraclitéenne. Les réalisateurs jouent à un subtil jeu de la nature qui s'éveille : un plan fixe sur un objet immobile, et la nature qui commence à bouger autour; fumées, ombres et éclaircies, nuages puis animaux... La temporalité apparaît, le monde est en marche.

    La suite des événements? L'arrivé de l'homme. L'opposition culture et nature déjà marquée, mais tel le jardin d'Eden, le jugement moral n'est pas là encore. L'homme est dans cette nature, il a une place... qui devient de plus en plus grande, de plus en plus majestueuse. L'homme s'impose comme force, force qui petit à petit prend forme dans son opposition à la nature. Tout commence par l'armée, la destruction, et les explosions. Quelle sera la suite?

    La nature disparaît peu à peu au profit de la culture. Vient alors la société, l'artificiel (sans sens péjoratif), la raison; autrement dit, la technique. L'homme nous impressionne. Il semble évoluer sans limites. Il bâtit des cités majestueuses, fascinantes; de la nature il produit des objets complexes, maîtrisés, mathématiques. La nature disparaît totalement.

    La technique et la mathématique prennent le relais. Les hommes tracent des lignes, comme ces autoroutes et ses automobilistes qui roulent dans le même sens... Un sens géométrique : lignes droites, parallèles, diagonales, alignement, carrés, rectangles. Cette géométrie, tout d'abord nous fascine. Puis, rapidement, le message se met en place. Cette géométrie nous fascine, mais elle nous inquiète.

    La science est partout, comme ce bateau nommé "e=mc2". Ou ces barres d'immeubles, de logements de masse. Un malaise apparaît. Ces barres d'immeubles sont trop droites, trop alignés, trop renfermés. Elle nous donne l'impression d'une prison. D'un enfermement. La morale s'esquisse alors : et si le progrès technique, dans sa logique d'évolution propre, enfermait l'homme plutôt qu'il le rend libre? Est-ce que l'homme s'enfonce de plus en plus dans une "Grande Illusion", comme l'affiche en arrière plan un panneau publicitaire?

    Cette prison géante prend forme petit à petit. Ces passants qui suivent le même chemin du trottoir; ces voitures qui roulent dans le même sens; ces gens qui s'entassent dans le métro. Et le parallèle fait avec les puces électroniques : les individus ne seraient-ils que des électrons qui se dirigent dans une puce électronique géante, appelée ville? On nous le confirme avec des éléments de vie quotidienne : qu'est donc le travail à la chaîne si ce n'est de suivre des lignes tracés. Que sont donc les supermarchés si ce n'est suivre le mouvement incessant de la caissière. Qu'est donc ce jeu vidéo, Pac-Man, où la boule jaune évolue en ligne droite dans un univers clos. Et le bowling, n'est-ce pas suivre avec la boule la droite ligne qui nous mène aux quilles? Autant de détails qui nous prouvent que l'homme, de plus en plus, se meut uniquement dans des droites, et jamais ne dérive.

    Pire encore que les lignes droites, les barrière. Où verrait-on, dans la nature, des portes? Des barrières à l'entrée du métro? Des habitats privés? Des barrières de sécurité? Des panneaux de signalisations? L'argent devient un passe-droit. Nous voulons un monde libre, mais où est la liberté quand on érige, au nom de cette liberté même, des barrières?

    La "Grande illusion" bat son plein jusqu'au final, où une fusée, qui trace son chemin en une droite ligne vers le ciel, explose en plein vol... la référence christique est évidente; après l'introduction en jardin d'Eden, l'homme naît en explosion, et redevient explosion.

    Disons-le, formellement, l'oeuvre est parfaite, avec toujours de subtils jeux de plans, qui jouent sur l'infiniment grand ou petit, sur la lumière du jour et de la nuit, sur la frénésie du monde moderne. La musique sert de paroles pour le film. Ainsi, selon son ton, on saisit la gravité ou la légèreté des images. Surtout, j'ai apprécié le travail des réalisateurs, qui tout en critiquant la logique propre à la technique, qui enferme l'homme dans sa propre création, souligne la certaine beauté de ce monde artificiel, et tout son pouvoir fascinant qu'il exerce sur nous - dans sa construction comme dans sa destruction. Un magnifique film d'images qui font appelles aux sens.

    Moralement, il est plus difficile de juger le film. Je ne suis pas partisan du scepticisme technologique. Ma fascination pour la science et le progrès scientifique reste plus grande. D'autant que Ron Fricke et Godfrey Reggio évoquent assez peu tout ce que la technique a pu engendrer de meilleur, comme les progrès en médecine par exemple. Mais ce qu'ils dénoncent reste ancrés dans une certaine réalité. La présentation de cette réalité, par ce roman photo musical, est particulièrement réussit, et puisqu'on parle avant tout de cinéma, c'est bien là l'essentiel.
    beautifulfreak
    beautifulfreak

    109 abonnés 343 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 juin 2011
    Ceux qui ne supportent pas les prétendues digressions de The tree of life voudront peut-être s'enfuir ou se planter une fourchette dans l'oeil en visionnant ce Koyaanisqatsi produit par Coppola. Koya quoi? Rien que le titre suffira à les agacer et à leur faire dire: "encore un film prétentieux et compliqué!". Le titre "Koyaanisqatsi", loin de n'être qu'une sonorité exotique destinée à susciter la curiosité, signifie "vie déséquilibrée, folle, tumultueuse, allant en se désagrégeant, un état d'existence appelant un autre mode de vie" en langage hopi. Le film, sans aucune parole ni commentaire, met en parallèle la Vie et ses 4 éléments ( terre, air, eau, feu) et la volonté prédatrice de l'humanité, qui utilise ce qui est à sa disposition sans gratitude, sans conscience et sans se soucier des conséquences. Les boucles musicales de Philip Glass collent parfaitement aux images, qui donnent parfois le vertige (à tel point qu'on donnait à l'époque un avertissement aux personnes épileptiques, comme maintenant avec certains jeux vidéos). Les scènes en hyper accéléré (novatrices en 1982) montrent la communauté humaine comme une fourmilière, et le flux des voitures évoque un réseau sanguin, une entité organique. La course à la technologie devient incontrôlable, et l'humanité finit par n'être qu'un rouage de la machine (on retiendra la comparaison entre les mégalopoles et les circuits électroniques). Deux autres films suivront: Powaqqatsi et Naqoyqatsi, toujours sur une musique envoûtante de Philip Glass.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 10 décembre 2014
    Pas une seule parole, pas une seule intrigue, seulement des images et de la musique. Et malgré ça, le film arrive à communiquer tout plein de choses, de façon efficace sans susciter d'ennui.
    Le principe du film est de filmer l'humanité de façon objective et de laisser le spectateur se faire son propre jugement. Puis à la fin, la signification du titre est révélée : Koyaanisqatsi désignant la vie se désagrégeant.
    Le thème du film : la répétitivité. Il se divise en deux parties : la première est purement contemplative, belle, et la seconde est plus explicite, sombre, dépressive. Beaucoup d'idées noires sont communiquées : la place de l'homme sur terre dans une société en perdition, le sens de la vie de l'homme dans cette société, la répétitivité de ses actions, l'importance de la science et sa supériorité vis-à-vis de la nature, nature qui est pourtant notre base...
    On se rapproche du documentaire mais on reste dans du cinéma expérimental, un film écologique et musical rythmé par Philip Glass, qui livre une composition collant parfaitement à l'image et totalement culte.
    Julien D
    Julien D

    1 197 abonnés 3 461 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 septembre 2014
    Voir que ce film a pour chef opérateur et monteur Ron Fricke, le futur réalisateur du splendide Samsara, n’a rien de surprenant tant l’approche cinématographique de ces deux documentaires expérimentaux sont si similaires que Koyaanisqatsi peut être considéré comme la matrice du long-métrage de 2012. Avec sa façon de nous montrer, sans le recul de moindre voix-off ou d’une quelconque forme d’explication, à la fois la nature à son état le plus et l’humain de la même façon que l’on filmerait des insectes appuie la différence entre la pureté des paysages naturels et l’aliénation de cette civilisation empêtrée dans la malédiction de la répétition. Répétition dans la consommation de masse, dans la production industrielle, dans les transports ou encore dans la construction et la démolition d’immeubles, c’est là-dessus que repose cette mise en scène qui réussit à empiler de splendides images accélérées au rythme d’une musique tribale, qui elle-même se répète en boucle, sans jamais se montrer redondant ni ennuyeux.
    carbone144
    carbone144

    89 abonnés 772 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 octobre 2014
    Un documentaire inégal, attentif de la nature, qui n'explique pas énormément de choses mais qui les montre avec efficacité. Ce n'est pourtant qu'une heure et demie d'images naturelles saisissantes, atteignant parfois un certain degré de psychédélisme, sur un fond musical de toute beauté. La partition minimaliste (dans son sens stylistique noble) de Philip Glass est somptueuse, grandiose, parfaitement adaptée aux séquences qui défilent. C'est une belle expérience que de se laisser immerger dans le monde tel que l'Homme le forge dans les années 80. Dommage qu'il ne plaira pas à bien des gens, à coup sûr.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 9 février 2011
    Un véritable choc. Une expérience cinématographique unique où les images de Godfrey Reggio et la musique de Phillip Glass ne font qu'un pour mettre en questions notre civilisation technologique et notre rapport au monde naturel. Le choix des plans larges et aériens ainsi que de la vitesse et la répétition, aussi bien visuelle que musicale donne une ampleur absolument fabuleuse à ce film. Le genre d'oeuvre que je pourrais probablement regarder des dizaines de fois tant elle est hypnotisante et pleine d'une substance sensorielle et thématique inépuisable. Je donnerai très très cher pour avoir le privilège de le voir sur grand écran même si j'imagine que les projections doivent en être rarissimes.
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