Un film important pour le cinéma de SF, et qui a marqué en quelque sorte le passage du nouveau millénaire et du nouveau siècle, lançant une mode, un style qui ne s’est pas encore complètement éteint.
Matrix reste un très bon film, spécialement par la richesse de sa symbolique, de ses références philosophiques, des interprétations que l’on peut en faire. Là-dessus le film a apporté beaucoup, d’autant que ce n’est pas l’adaptation d’un livre par exemple, comme d’autres grands films de SF de l’époque. Doté d’une histoire complexe, à plusieurs niveaux de lecture, mais pouvant tout autant être pris au premier degré comme un divertissement pop-corn, Matrix premier du nom est un métrage alerte qui saura contenter des publics variés, et ce n’est pas pour rien qu’il a eu un si grand succès. L’écriture du métrage ne manque pas non plus de fluidité, même si je regrette quelques enchainements de situations un peu brusques, un peu lourds, avec des transitions parfois maladroites.
Baignant dans un univers cyberpunk évident, auquel Keanu Reeves s’était d’ailleurs déjà confronté dans Johnny Mnemonic, Matrix a sans doute davantage souffert sur le plan formel. S’il reste esthétiquement appréciable, sa multitude d’effets de style, ses scènes d’action tapageuses à grand renfort d’effets visuels, ont fait qu’il a davantage vieilli que certains de ses concurrents. Sans doute les nombreux suiveurs, copieurs, imitateurs de ce film ont participé de cette impression, mais force est de constater que les scènes d’action au ralenti (et pas qu’un peu), la mise en scène très alambiquée, les effets visuels omniprésents viennent donner parfois une allure boursouflée au film qu’il n’avait peut-être pas (ou peut-être que si !) à l’époque. Au-delà de cela, le film baigne dans une ambiance travaillée, notamment sur le plan des couleurs, tout en gris et vert (ou presque), et propose quelques décors réussis, contrastant avec l’ambiance décrépie et presque cheap d’autres. A souligner une excellente bande son.
Si la forme est peut-être ce qui m’a le moins convaincu, mais peut-être aussi car je ne suis pas un adepte des fx pour mettre des fx lorsque cela ne se justifie pas, en revanche le casting est de qualité. Keanu Reeves endosse très bien son rôle, se plongeant dans un élément qui est évidemment le sien. Il est entouré d’acteurs qui ont plus ou moins bien tournés. Fishburne est charismatique et marquant, tout comme Hugo Weaving qui allait connaitre une immense gloire au tournant des années 2000 entre cette saga et le Seigneur des anneaux. Il est presque l’élément central du film, tant il parvient à capter l’attention au gré de ses apparitions. Carrie-Anne Moss complète le casting principal, assurant une présence féminine musclée, qui n’allait malheureusement pas pour elle lancer vraiment sa carrière.
Pour ma part, Matrix reste un bon moment de cinéma, un peu usé sans doute par les nombreux imitateurs qui ont affadi l’aspect formel en le décalquant de trop. Heureusement, le fond est intact, les acteurs sont au rendez-vous, et on pourra passer outre certains excès des Wachowski (souci un peu récurent de leur cinéma, visible dans d’autres de leurs métrages), pour profiter du scénario. 4