Je mentirais en disant que j'ai été passionné par ce film, au contraire, j'ai trouvé ça assez long pour finalement pas grand chose.
Alors le film est bien loin de sa réputation sulfureuse, j'ai trouvé ça étonnamment sage et posé contrairement à ce que l'on peut entendre sur le film ici et là. Ce n'est pas un mal, c'est juste un constat, mais disons que de l'auteur des Innocents j'en attendais un peu plus. D'ailleurs je ne comprends pas les politiques à l'époque sur ce film, c'est avant tout un terrible drame humain, qui n'a pas forcément pris chez moi, qui a malgré tout de nombreuses qualités.
Je trouve la relation entre les personnages, du moins entre Brando et Schneider assez juste dans ce petit jeu de je t'aime, moi non plus, par contre j'ai un peu de mal avec l'exécution. Il manque un petit quelque chose je dirai, quelque chose qui viendrait lier les scènes entre elles, ici j'ai l'impression que chaque scène est posée l'une à côté de l'autre, ce qui fait qu'on passe un peu du coq à l'âne et que voir Brando pleurer sa femme décédée c'est un peu troublant parce que le film n'indique pas trop ce qui s'est passé, qui sont ces gens, quelle relation ils peuvent avoir entre eux... et d'habitude si j'aime bien est un peu désarçonné j'ai surtout été désappointé, parce que je ne vois pas en quoi je devrais m'y intéresser.
Que je m'intéresse à Brando et sa relation avec la jeune fille, ok, très bien, mais cette sous-intrigue là semble sortir de nulle part. Alors oui, ça explique des choses sur sa personnalité, mais ça rallonge surtout le récit d'un truc pas forcément utile. On pouvait le comprendre autrement.
Et c'est pareil avec la relation Schneider Léaud qui semble assez artificielle à côté de la celle entre Brando et Schneider, puisque Léaud est l'opposé de Brando, il crie, il gesticule, on dirait un spaghetti, Brando, c'est un bloc de granite posé sur le sol qui mange du fromage en grommelant.
Même si je trouve la relation bien écrite, à l'écran ça rend parfois bien, lorsqu'ils se racontent des trucs à moité nus (enfin surtout Schneider, Brando ne se désape pas), lorsqu'ils s'engueulent ça passe bien aussi, mais sinon je dirai qu'il manque une alchimie, j'ai l'impression qu'un truc cloche, qu'un truc n'est pas vrai, ce qui fait que progressivement je m'en détache aussi.
Donc je suis assez partagé.
Un truc qui illustre mon partage c'est cette fameuse scène de sodomie au beurre, dans laquelle on ne voit rien... beaucoup de bruit pour rien... il ne prévient pas l'actrice pour que sa réaction soit réelle, très bien, les acteurs traitons-les comme du bétail, rien de mieux que d'arrêter de faire semblant. Mais pourquoi se taper alors ce plan bien artificiel où un luminaire ou je ne sais plus quoi cache pile les fesses de Brando ? tout à coup il y a un sursaut d'artificialité qui moi me sort du film et qui me dit : cinéma... c'est du chiqué... ce qui paradoxalement déteint sur la scène d'avant où les larmes paraissent finalement bien moins naturelles.
Et autant je trouve que Brando a un charisme certain avec ses cheveux un peu long, son air négligé alors qu'il porte des vêtements assez chers, mais je crois que je n'aime pas son jeu. Ce n'est pas la première fois où finalement il ne me convainc pas. Tout ça aurait aussi pu être plus violent, la gueule de Brando peut catalyser la violence mais finalement j'ai un goût d'inachevé, que tout ne va pas aussi loin que ça aurait dû, ce qui fait que la fin ne fonctionne pas du tout sur moi.
Bref, c'est pas mauvais, mais c'est pas fou non plus...