Au final, "Dernier Tango à Paris" se révèle bien loin de sa réputation sulfureuse. Alors, j'ai beau ne connaitre absolument pas le cinéma de Bertolucci, si ce n'est des vagues souvenirs de "Innocents", je m'attendais tout de même à largement mieux.
Car il faut le dire, ce long-métrage est extrêmement inégal.
Pour commencer, la narration est problématique car elle semble s'articuler autour de saynètes, qui ne semble pas avoir de lien logique entre elles et donc l'impact se trouve souvent diminué par ce qui se trouve avant ou après ce que l'on vient de voir.
Il est toutefois impossible de ne pas trouver la relation entre Brando et Schneider passionnante, car elle est vraie, sans fioritures bien que Brando semble être absent durant certains instants.
Cependant, le cinéaste prend une telle distance avec ces protagonistes que rien ne parvient à émouvoir, nous les observons avec un voyeurisme malsain sans jamais vraiment être concerné par l'impact que ce qui ce passe aura sur eux.
Et c'est cette distance qui rend aussi tout les passages qui ne concernent pas ce couple si ennuyeux et superficiels, la relation entre Schneider et son compagnon est risible au possible tant tout suinte le faux, alors même que le propos du film est là.
Car oui, c'est de cela dont parle "Dernier Tango à Paris", le redécouverte de l'amour, dans ce que cela a de passionnel, très loin de l'image mortifère et fonctionnelle que l'on peut en avoir.
Alors certes l'exécution est parfois hasardeuse, comme avec Tom, mais elle se révèle aussi fabuleuse dans certaines scènes, à l'image du dit Tango, moment du grâce durant lequel tout ces couples déshumanisés et figés comme des automates se choquent de voir l'amour volatile de Brando et Schneider.
C'est dans ces instants que Bertolucci réduit la distance entre nous et les protagonistes, bien plus que dans la représentation répétitive des scènes de sexe.
Toutefois, sur ce point, on ne peut pas enlever à l'italien son sens de la mise en scène lorsque cela concerne deux corps qui se désirent, il parvient à faire ressentir toute cette tension, c'est fabuleux.
Le long-métrage est donc tantôt touchant, tantôt ennuyeux car tout devient étrangement plat et artificiel, et, bien que cela puisse être un choix afin de renforcer son propos, la trop grande distance prise par le cinéaste rend le décalage trop important pour s'y intéresser.