Le cinéma tricolore n’est pas un novice en terme de productions policières sombres. Si il y a bien un style de film, avec la comédie, qui ne nous a pas été inspiré à grandes pompes par Hollywood, c’est bien celui là. Citons simplement « Le cercle rouge » de Melville et « Série noire » de Corneau, ou encore plus récemment « 36 quai des Orfèvres » de Marchal et « Ne le dis à personne » de Canet, pour prouver que les français ont une longue histoires d’amour avec le genre. « Blanc comme neige » fait donc partie intégrante de ce cinéma obscur et stressant, froid et palpitant. Après une courte introduction et un générique à la Tarantino, qui donnent immédiatement le ton d’une œuvre ambitieuse, des acteurs en forme, et pas des moindres, se renvoient les répliques d’un scénario qui a tout pour plaire aux amateurs : un homme à la vie tranquille et tout à fait normale se retrouve malgré lui confronter à une situation inextricable, et embarque d’un coup, d’un seul, tout son petit monde avec lui. Loin d’être très novatrice, cette trame a au moins le mérite de pouvoir tenir en haleine une large partie du public. Un peu comme dans l’extraordinaire « 7h58 ce samedi-là » de Sidney Lumet, ou l'excellent "A history of violence" de Cronenberg, une famille banale se retrouve plongée dans une spirale violente et négative, suite au agissements d’un seul homme. Mais Christophe Blanc, le réalisateur et co-scénariste du film, se prend les pieds dans le tapis à quelques reprises tout au long de la projection. On aurait souhaité plus d’ampleur, de tension, autour de cette épreuve métaphysique. Si ses protagonistes sont interprétés justement et solidement, ils manquent en revanche de profondeur et sont mal cernés, trop banalisés. Quand aux "méchants", eux, manquent cruellement de charisme. Premier « dommage ». Son récit, comme dit précédemment, à beaucoup d’atouts et offre son lot de rebondissements pour se laisser facilement tenter par l’expérience, mais bien trop de charnières sont mal huilées, et certains passages sont évasifs. Deuxième « dommage ». Quand à la mise en scène, si elle joui de très bons moments, elle n’a pas le moteur d’un bolide haut de gamme comme ceux que vend le personnage de Cluzet, mais plutôt celui d’une bonne vieille bagnole. Ce qui fait qu’elle cale, et par conséquent, fausse souvent le rythme. Et le manque de subtilité flagrant du montage ne sauve rien. Troisième « dommage ». Et ça commence à faire beaucoup. Les puristes pourront aussi relever qu’aucun des acteurs n’a le moindre accent provençal, alors que l’intrigue se déroule dans la cité phocéenne. Reste à se consoler avec une photographie qui, notamment lors de la dernière partie, est vraiment superbe, quelques bons passages à suspense, des idées intéressantes par-ci par-là, et surtout avec ce que le film a à nous offrir de plus noir. La tentative de Christophe Blanc de faire un pur film de genre est plus que louable, mais son exercice de style est manqué.
Si la mayonnaise ne prend donc pas bien, « Blanc comme neige » reste un divertissement très honnête qui ne souffre en vérité d’aucune longueur, mais qui peine cruellement à décoller, et par conséquent, ne parvient pas à nous séduire totalement. Si le film s’embrouille un peu, il ne s’enlise néanmoins jamais. Il y avait vraiment matière à bien mieux faire, ça se sent et c’est vraiment frustrant !