En France comme en Belgique, nous avons certains comédiens qui titillent toujours l’intérêt du spectateur, et ce quelque soit le film dans lequel ils participent. Alors, quand un réalisateur décide de réunir certains de ces acteurs issus de nos deux nations, nos yeux ne peuvent qu’être rivés que sur ce projet. D’autant plus qu’il s’agit-là d’un thriller, genre dans lequel notre cinéma national arrive encore à proposer quelques titres vraiment divertissants et/ou soignés, bien loin des codes hollywoodiens. Oui, Blanc comme neige était de ces films, ceux qui nous tardaient de voir. C’est pour cela que le constat post-visionnage se montre aussi glacial que la neige…
Quoique l’on dise sur Blanc comme neige, le film avait de quoi faire, notamment du côté de son casting plutôt impressionnant, qui regroupe les meilleurs du cinéma Français et Belge. À savoir l’incontournable François Cluzet, la délicieuse Louise Bourgoin et les excellents Olivier Gourmet et Bouli Lanners. Des comédiens qui interprètent leur personnage respectif avec suffisamment de conviction pour leur donner vie et nous permettre de s’attacher à eux. Ensuite, du côté du scénario, Blanc comme neige, en plus de promettre une enquête palpitante à suivre, propose tout un lot de moments intimistes, psychologiques, afin de mettre en valeur les différents protagonistes. Leurs motivations, leurs enjeux. De quoi nous offrir quelque chose à nous mettre sous la dent !
Pourtant, après avoir vu Blanc comme neige, un sentiment de frustration risque de vous envahir. Et principalement à cause de ce scénario qui, malgré l’intention de creuser les personnages, a été négligé au possible. À tel point que le film se retrouve bourré d’incohérences et d’invraisemblances. Et les exemples sont nombreux ! Par exemple, les seuls accents que vous entendrez sont belges ou bien finlandais (ce dernier se révélant être incompréhensible quand les comédiens parlent en Français, soit dit en passant) alors que l’histoire se déroule à Marseille. Où est l’accent du Sud ? D’ailleurs, jamais les décors du film (hormis une somptueuse villa et quelques palmiers au début du film) nous donnent l’impression d’être au bord de la Méditerranée pour la simple et bonne raison que le tournage s’est fait en Belgique. Malheureusement, cela se voit…
Mais surtout, Blanc comme neige pousse bien trop souvent le bouchon du n’importe quoi à l’extrême. Si les exemples sont nombreux dans le long-métrage, il suffit de lire le script pour se rendre compte de la situation. Un homme décide de régler cette affaire lui-même, avec ses frères, car prévenir la police pourrait faire chavirer son existence et celle de sa famille. Pourquoi ? Tout bonnement parce que l’homme qui l’a mis dans cette situation était son associé. Ce qui veut dire, selon le film, qu’il est lié à ses problèmes même s’il les ignore. Et que si les flics découvrent quoique ce soit sur son associé, notre héros trinque aussi. C’est totalement absurde ! Le personnage de Maxime pourrait tout aussi bien aller voir les policiers que l’affaire se terminerait normalement, lui qui n’a rien à se reprocher. Le fait que son associé ait fait quelques magouilles dans son dos et qui n’inclut que sa participation ne lie pas forcément le personnage principal. Du coup, Blanc comme neige se révèle être un film qui prend son temps (et pas qu’un peu) pour rien. Pour une histoire à dormir debout qui n’aurait jamais eu lieu avec des personnes censées. Un constat qui explique pourquoi le spectateur, malgré les comédiens et quelques atouts scénaristiques, se détache très rapidement du film.
Alors, quand Blanc comme neige propose toute une séquence d’action (une fusillade) montée de manière brouillonne (les événements semblent se précipiter), des moments intimistes qui gâchent le rythme et le réalisme (vous vous demanderez souvent « pourquoi ce personnage dit ça maintenant alors que le danger rôde autour de lui ? »), une musique qui en fait trop, un final sans queue ni tête et des longueurs non justifiées, on préfère passer son chemin plutôt que de s’attarder devant ce thriller quelque peu raté. Vraiment dommage, vu les atouts que le film avait en poches. Alors que la durée de ce dernier ne fait qu’une heure et demie, le visionnage de ce film a semblé bien long…