Rencontre d'un jeune et d'un trio prompt à "confondre l'amour et la gymnastique" ? Les coups de raquettes de tennis pourraient faire croire à quelque toux nerveuse... Le blond Jonas, cadré en tout par des adultes en mal de projections à plaquer, plutôt que de redoubler et se retrouver avec les tout jeûnots, préfère étudier en candidat libre. Le dénommé Pierre l'accueille chez lui pour cet enseignement : une maison où on parle à coeur ouvert, de soi, comme de la copine Delphine, le premier amour, fortement idéalisé. Les trois hôtes émoustillés semblent fins connaisseurs, devanceurs de désirs, la dame est particulièrement à l'aise... Repas, baignades, soirées discothèque et études constituent le programme. Parfait, ne serait ce léger malaise global... Une histoire plus gonflée que je ne l'aurais cru ! Sur l'air du mythe soixante-huitard "être libéré"... Pareil rite d'initiation existerait encore dans de rares tribus, à Bali je crois bien, mais sous nos latitudes, du fait de la socialisation, ces fantaisies primitives désarçonnent. D'ailleurs, une franche tension s'abat sur le spectateur à partir de Delphine à table avec la maisonnée... "Plus entraîner que forcer", dit le précepteur... Armes inégales, pouvoirs incomparables. Pénible, le contraste entre ce Pierre bien intentionné aux vues très pertinentes et le revers, la chair triste, cette contamination, les répercussions à imaginer peut-être sur des générations ensuite... Joachim Lafosse dénonce, il prend un discret parti pris, pas si neutre que cela... Techniquement, même art des prises de vue, même acuité que "Nue Propriété", même étau... C'est riche de détails, ça fait gamberger longtemps après la projection. Et espérer des soins pour les égarés du désir !