Partant du préambule suivant « This is a story of boy meets girl, but you should know upfront, this is not a love story », Webb tient ses promesses et s’amuse à déconstruire les codes de la romance et de la comédie romantique. La déconstruction est, tout d’abord, structurelle puisque le réalisateur a opté pour une chronologie décousue qui montre en décalage les étapes de l’histoire de Tom (J. Gordon-Levitt) et Summer (Z. Deschanel). Cette chronologie éparse permet de survoler l’évolution de la relation (entre bonheur et déception) de nos héros, et ce, au gré du battement de calendrier. C’est ainsi que très vite leur relation est présentée comme
étant vouée à l’échec
. Si Tom croit en sa destinée, au coup de foudre et voit en Summer « the one », Summer, quant à elle, porte un regard plus cynique sur l’amour et combat ces idées préconçues qui aliènent les couples. En prenant le parti de montrer les étapes du couple du point de vue du regard amoureux, Webb embarque le public qui se surprend à croire en leur histoire, à leurs sentiments (envers et contre le récit qui dès le début nous montre un Tom largué et lessivé par sa rupture avec Summer). L’héroïne a beau crier haut et fort qu’ils sont juste « amis » (ou plutôt sex-friend), que « l’amour est un fantasme », on ne veut pas l’entendre et regarder la réalité en face.
Dans la deuxième partie du film, lorsque Tom retrouve Summer après plusieurs semaines de séparation, le film devient plus intéressant encore et s’amuse des attentes du spectateur. Pendant quelques scènes craquantes (le trajet en train, le mariage de la collègue, la danse, l’invitation à la soirée), l’espoir renaît pour Tom, mais l’euphorie « bubble gum » sera de courte durée puisqu’à partir de la scène de la fête chez Summer, c’est la réalité qui sera montrée au public (et non plus les attentes de Tom).
Le film balaye alors d’un revers de la main toutes les illusions en compilant, au moyen d’un flashback, les moments forts du couple, mais cette fois-ci en adoptant le point de vue extérieur. Sorti de la conception amoureuse de Tom, le spectateur doit se rendre à l’évidence: ce n’est pas une love story et les deux mignons ne finiront pas ensemble. La petite soeur de Tom, présentée comme la voix de la raison, le dit d’ailleurs explicitement : « Je crois que tu te rappelles que les bons souvenirs alors quand tu regardes en arrière, regardes-y à deux fois ».
Mais, ce qui tient du « magique » dans ce film vient du fait que malgré les nombreux avertissements du réalisateur, rien n’y fait, on a envie de les voir s’aimer (et qu’ils nous gardent des petits s’ils en font). Et pourtant, la fin sera sans appel : si le coup de foudre existe, il n’est pas toujours partagé et, ce, même avec la meilleure volonté du monde. La toute dernière scène entre Tom et Autumn est un ultime clin d’oeil au spectateur, une manière de traiter cette question du coup de foudre et du destin avec un petit soupçon d’ironie. Par le kitch de situation, Webb s’amuse une dernière fois de ces conventions qui régulent les histoires d’amour au cinéma et toutes les scènes qui traitent du travail de Tom en sont une belle mise en situation (Cf. les cartes de voeux, les cartes d’amour qui évitent aux gens de dire ce qu’ils ressentent vraiment). Si (500) days of Summer n’est pas un film d’amour conventionnel, il n’en reste pas moins qu’il se savoure comme un énorme paquet de bonbons. Zooey Deschanel et Joseph Gordon-Levitt sont complètement craquants, mignons, touchants et la sauce prend à merveille. Ils ont su insuffler à leurs personnages un petit supplément d’âme, une candeur charmante, une douceur infantile qui bannit le vulgaire et une touche d’humour qui rend le film d’autant plus agréable à regarder. Toutes les scènes fonctionnent au diapason, on sourit, on fond, on trouve les protagonistes super « cuty », on les suit avec délectation et les seconds rôles sont, eux aussi, drôles et attachants. Quand le film s’achève, le spectateur a la sensation d’être enveloppé dans une bulle de savon. C’est typiquement le genre de film qui fait du bien et qui n’utilise pas le couvert de la comédie pour éviter de dire quelque chose et quelque chose d’intéressant. C’est un moment de douceur dans lequel tout le monde peut se retrouver et le film se laisse regarder encore et encore, sans lasser ni blaser. Après-coup, on a l’impression que Marc Webb a voulu sortir des carcans étouffants de la comédie romantique de base et qu’il s’est dit : « Y’a déjà assez de conneries dans le monde pour que j’en rajoute », à l’instar de Tom lorsqu’il plaque son travail de créateur de cartes postales.
Film-gourmandise, à savourer sans honte!