"Ceci est l'histoire d'un garçon qui rencontre une fille. Mais d'emblée, il faut que vous le sachiez, ce n'est pas une histoire d'amour". Partant de ce postulat intriguant et alléchant, Marc Webb tient toutes ses promesses et bien plus encore. Plus qu'une belle histoire d'amour ou une comédie romantique sympathique, son "(500) jours ensemble" (titre Français qui perd tout le charme du jeu de mot original) se révèle la meilleure comédie romantique auquel un spectateur peut avoir droit dans ce genre extrêmement calibré et peu prompt à l'audace (bon ok, ex-aequo avec "Eternal Sunshine of the Spotless Mind"). La raison toute conne ? Ce n'est pas exactement une comédie romantique, ni dans le fond ni dans la forme. Premièrement parce que Marc Webb se fait une joie de détruire un à un tous les archétypes du genre: (Alerte Spoiler. Néophytes vous voilà prévenus) Déjà dans une comédie romantique il n'y a jamais place au mystère, dès lors qu'un semblant d'alchimie s'est manifesté entre les deux personnages, qu'ils s'aiment ou se détestent, on sait pertinemment qu'ils vont finir ensemble. Si c'est à cela que vous vous attendez, vous n'avez plus que vos yeux pour pleurer. La superbe narration déstructurée aidant, le personnage de Tom connaît autant de réussites qu'il n'essuie d'échecs dans sa relation avec Summer. Chaque fois que son espoir revient, il meurt aussitôt. Tiens, la "première" scène du film montre Tom dévasté, largué par Summer sans l'ombre d'une raison. Pour continuer dans la destruction de ce genre de clichés: lorsque Tom, à son boulot, met la musique préférée de sa bien-aimée pour toucher un point sensible, parce quebah c'est typiquement ce qui se passerait dans une comédie romantique, ici cela débouche sur un échec cuisant. Cette belle relation prenant définitivement fin lorsque Tom découvre avec horreur la bague au doigt de Summer, dans un des split-screens les mieux utilisés (attentes/réalité) qu'il m'ai été donné de voir dans un film. De ce fait le film peut paraître foncièrement pessimiste, allant même à l'encontre de la théorie du grand amour jusqu'à ce que l'on comprenne dans les toutes dernières minutes diablement malines pourquoi il n'est pas une comédie romantique: il raconte simplement ce qu'aucun film du genre de nous a jamais raconté, à savoir tout ce qui précède le grand amour qu'on nous vend dans tous ces films à l'eau de rose. La relation que Tom entretenait avec Summer n'était rien de plus qu'une amourette entre grands enfants (d'où la "niaiserie" que certains enfants du démon reprochent encore au film) qui n'était jamais vouée à se poursuivre, un amour de vacances d'où le jeu de mots du titre. Summer le dit d'ailleurs très clairement dès le début du film, elle ne cherche pas à s'attacher, et malgré tout l'échec de Tom reste longtemps incompréhensible et marquant. Seulement Summer n'avait rien du grand amour, contrairement à Automne d'où encore une fois le jeu sur les saisons, l'été étant propice aux amours éphémères et l'automne étant une saison plus calme et sage. C'est qu'il sait écrire ses films, le Marc Webb, celui-ci étant basé sur une de ses expériences personnelles et préférant l'appuyer par un gentil gag de début de film qu'en déployant l'argument-bombe A du "inspiré d'une histoire vraie". Et pour un premier film, c'est dingue à quel point Webb montre qu'il aime le cinéma dans TOUS ses aspects. J'ai parlé du split-screen génial (il y en a trois en tout) mais ce n'est qu'un exemple parmi un tas d'autres. Il y a par exemple ce morceau de comédie musicale qui m'a beaucoup plu, moi qui n'aime pas les comédies musicales, mais celui-ci est parfaitement à sa place dans le récit: c'est ce qu'on ressent quand on est amoureux, on voudrait que tout le monde partage notre bonheur, on se prend pour le beau gosse ultime et le monde semble infiniment plus beau au point de faire apparaître l'oiseau de "Bambi". Il y a aussi entre autres le jeu sur les profondeurs de champ lorsque Summer parle de ses ex, ces délicieuses et constantes revisites de la scène du salon de disques (dont le sens change par le montage selon l'état d'esprit de Tom), la description de Summer qui suit la même logique, une scène d'entretiens qui brise allègrement le quatrième mur mais surtout cette déclaration d'amour ultime au cinéma où Tom s'endort au cinéma et s'imagine lui-même dans les films qu'il regarde, entre film d'auteur Français et expressionnisme Allemand, Webb remercie le cinéma dans sa globalité. On a aussi le droit à de multiples ruptures entre musique intra et extra-diégétique comme c'est le cas dans la voiture ou encore une fois dans le bureau, la musique a une place toute particulière dans "(500) jours ensemble". Et mélomanes, vous allez être servis, la B.O. est vraiment riche. Zooey Deschanel affiche souvent un léger sous-jeu, mais on en oublierais presque de jauger le jeu d'acteur tant le film nous comble d'autres richesses. Le film d'un amoureux du cinéma, d'un amoureux de la musique et d'un amoureux tout court, dont j'attend avec impatience qu'il en finisse avec la saga de l'homme-araignée pour s'épanouir à nouveau pour notre plus grand plaisir.