Pixar s’empare, une fois n’est pas coutume, d’un sujet très mode en ce moment, l’écologie. Et Pixar assume, aussi. Il signe, également, sans aucun doute, l’un de ses films les plus beaux et les plus tristes. Là, où le petit robot WALL-E entasse les milliers d'ordures compactées, le monde à pris la couleur des feuilles mortes d’automne, la poussière voltige et les chemins rocailleux s’enlacent jusqu’au au pied des tours de déchets ; où résonne, depuis tant d’années, aucun son, aucune vie. Juste le vent et la solitude. C’est un film drapé d’un voile désespérant mais magnifique de poésie désillusionnée, où se reflète l’erreur de l’homme qui s’est détruit et qui s’en est allé. WALL-E est ce que le cinéma d'animation - et le cinéma tout court - a pu nous offrir de mieux. WALL-E, n'ayons pas peur des mots, est un chef-d’œuvre, un moment magique, entre notes sombres et grave, pointes de pessimisme, mais surtout d'espoir, illustré sans mièvrerie. L'espoir, pour WALL-E, c'est ses petits objets trainant, par-ci, par-là, dans sa cave fourre-tout : un briquet, par exemple. Une guirlande. Une cassette : le film « Hello, Dolly ! », repassé en boucle. Et cette chanson émouvante ou l'amour entre les deux personnages s'insuffle, leurs mains se rapprochent, se caressent, que fixe WALL-E les yeux embués, ignorant encore qu'il trouvera en EVE un remède à sa solitude, et mieux, son manque d'amour...L’amour, illustré par petites trouvailles tours à tours drôles, tours à tours tristes. Visuelles, chaplinesques, où rien ne se dit, où tout se vit, en silence, comme dans un long poème d’amour. Jusque dans l’espace, au milieu des étoiles, les deux robots dansent, fusent. Ramènent, sous la forme d’une plante, la preuve d’un espoir pour une nouvelle ère humaine. Le film change de ton, à ce moment là, et dévoile une série de mollusques ignobles coupés du monde ayant oubliés l’existence de la terre. Prétexte à un hilarant rassemblement de robots, WALL-E et EVE, parcourent le vaisseau en long, large et en travers. L’aventure commence. Les idées fusent. Les lumières s’éteignent. Un son que l’on connaît bien se fait entendre. Un homme prend son café sur le Beau Danube Bleu. Le même homme, plus tard, parvient à se lever, car l'espoir est là, sur Ainsi parlait Zarathoustra. Hommage au cinéma et à ses plus grands poèmes, hommage à la vie et ses plus grands secrets, à ses danses, ses fermes et ses rires infinis qui se sont finis, WALL-E fascine. Grouillant d'humanité et de densité émotionnelle, il est l'une des plus belles réussites du studio à la lampe.