Bien que "Wall-E" soit le troisième long métrage des studios Pixar, il y a bien longtemps que le projet avait émergé dans la tête d’Andrew Stanton et de Peter Docter, persuadés de son potentiel. Seulement les caractéristiques de leur petit droïde en héros muet suspendront les travaux jusqu’en 2001. Sept longues années suivent et… roulement de tambour… le résultat est… magnifique ! Pourtant j’étais très sceptique quant à ce film d’animation réalisé dans ce monde post-apocalyptique. L’actualité étant souvent exploitée pour faire de la propagande à laquelle la plupart des gens restent sourds, il ne me disait rien qui vaille. Eh bien quelle surprise ! Je pense que c’est l'un des plus beaux Pixar qui existe ! Bien sûr, il y a ce message concernant l’écologie, et plus précisément le problème des déchets en tous genres. Mais surtout, l'histoire est très bien pensée et sensée, ce qui est un petit exploit dans le sens qu’Andrew Stanton a écrit SEUL l’intégralité du script. L'évolution du robot est très différente de tous les films de science-fiction, pour une fois c'est même lui qui sauve la planète Terre, et les hommes mis en cause dans sa destruction. Alors que ce robot nommé Wall-E (acronyme de Waste Allocation Load Lifter Earth-class, autrement dit Compacteur terrien de déchets) a été créé pour compacter les déchets abandonnés partout, il attire très rapidement notre plus grande sympathie quand on se rend compte qu’il n’est pas seulement doté d’une intelligence artificielle. En effet, on a là affaire à un robot totalement humanisé, avec tout le panel de sentiments que cela impose. Pourtant, comment avoir des états d’âme quand on a pour seul horizon des montagnes de déchets lâchement abandonnés pas l’homme depuis des décennies ? Il y a de quoi déprimer dans ce monde de silence, et pourtant… accompagné de son inséparable cafard nommé Hal, il ne se contente pas de compacter. Il récupère ce qui est susceptible de servir, ne s’exprimant que par ses déplacements et ses bruitages : de quoi se réparer lui-même, des guirlandes électriques, des ampoules, un briquet tempête, une cassette contenant la comédie musicale "Hello Dolly !", et autres objets divers et variés qu’il s’efforce de stocker dans un véritable capharnaüm bien à lui. Il provoque en nous des sourires qui se transforment parfois en petits rires, et aucun détail n’est oublié : la posture de sa carcasse d’acier, les tremblements de tout son corps quand il a peur… Il sait nous transmettre ses moments de mélancolie, se montre curieux, se montre prudent et imprudent à la fois, bref il est humain, bien qu’il ne parle pas. On note alors un hommage pas forcément volontaire à Charlie Chaplin ou autre star du film muet, aux comédies musicales, on reconnait même l’air de "La vie en rose". La qualité de l’animation est là, les couleurs sont chatoyantes, le contraste est bluffant, la photographie est fabuleuse, et la bande son est particulièrement soignée, alors autant faire plaisir à nos yeux en privilégiant la haute définition. Ce que je dis ici n’est pas du chiqué, puisque ce long métrage a été nominé aux Oscars 2009 pour la meilleure musique, la meilleure chanson, le meilleur son, le meilleur montage sonore, le meilleur scénario original, et récompensé justement pour le meilleur film d’animation d’où se dégage une vraie émotion. Moment favori : tout, enfin presque car la fin
là où il retrouve la mémoire
fleure bon le sentimentalisme un tantinet exagéré et pourtant bien réel. Malgré cette petite entorse, je n’enlèverai pas la moindre demi étoile à cette œuvre éblouissante qui reste à ce jour le meilleur produit de ces studios, bien qu’elle soit engagée, politisée tout en restant politiquement correcte. Une association Disney/Pixar à voir et à revoir, autant par les petits que les grands !