Début de polémique autour de Roberto Benigni. Le cinéaste, qui sort cette semaine son nouveau film Pinocchio à Rome et dans tout le pays vient de se brouiller avec les photographes italiens. Résultat, ces derniers ont décidé de masquer ce 8 octobre l'unique photo diffusée de lui dans la presse.
Pinocchio, un film événement en Italie
Avec Pinocchio, Roberto Benigni joue gros. Le film est considéré comme le plus cher de l'histoire du cinéma italien avec un budget de 40 millions d'euros. Il sort cette semaine sur plus de 800 copies dans une version plus longue que celle destinée aux autres pays. Roberto Benigni a donc tenté de dévoiler le moins d'éléments possibles du film avant sa sortie.
Il a montré les premières images de Pinocchio à Venise avant d'organiser deux avant-premières : l'une était destinée à quelques invités triés sur le volet, l'autre aux médias italiens. L'association de la presse étrangère à Rome a depuis envoyé une lettre ouverte au cinéaste pour protester contre l'interdiction faite aux journalistes étrangers d'assiter à la projection du film et à la conférence de presse.
Roberto Benigni se retrouve donc ces dernières semaines au coeur de l'actualité à la fois pour son film et ses prises de positions contre Berlusconi. Il a également été fait cette semaine doctor causa ès-lettres de l'Université de Bologne pour "sa haute qualité d'interprétation des textes littéraires". C'est au cours de cette cérémonie honorifique qu'il s'est aussi mis à dos les médias italiens.
Roberto Benigni puni
Le cinéaste avait décidé de confier l'exclusivité des photos de l'événement à sa société Melampo Cinematografica. Un seul photographe extérieur avait été autorisé à entrer. L'ensemble de la presse a donc décidé le lendemain de "pixeliser" l'unique photo disponible de la cérémonie pour rendre Roberto Benigni méconnaissable.
L'incident a été très largement relaté cette semaine dans la presse italienne, les journalistes lui reprochant de plus en plus ouvertement ses ambitions commerciales et capitalistes, proches de celles d'un Silvio Berlusconi que le cinéaste se plaît pourtant à critiquer. La Stampa expliquait ainsi: "Plus que du film, ces jours-ci on parle surtout des opérations commerciales mises en oeuvre par le couple Roberto Benigni-Nicoletta Braschi pour en tirer des monceaux d'or".
Le choix du cinéaste de faire distribuer son film par Medusa, une des sociétés detenues par le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi porte également à controverse. Reste à savoir maintenant si les énormes interêts financiers en jeu dans Pinocchio ne terniront pas l'image enfantine et charmeuse que Roberto Benigni avait su se créer avec La Vie est belle, son précédent succès.
Boris Bastide
