"Que fait-on des corps des musulmans algériens morts en France, alors qu'il n'y a qu'un cimetière musulman à Bobigny, en région parisienne ?", se demande la réalisatrice d'origine algérienne Yamina Benguigui. Une question à laquelle elle essaiera d'apporter une réponse dans son second long métrage dont elle écrit le scénario avec Azouz Begag, l'auteur du roman Le Gone du Chaâba adapté au cinéma.
"Il y a une soixantaine de carrés musulmans en France. Certains seulement pour quelques tombes. Les Algériens rapatrient massivement leurs défunts au pays. Mais depuis qu'Air France ne va plus à Alger, il y a une liste d'attente qui a compté jusqu'à 180 corps. Avec la réalité de l'enracinement, on commence à avoir nos vieux", explique-t-elle. Sur le ton de la tragi-comédie, elle racontera l'histoire d'un informaticien très brillant, coupé de ses racines, qui se retrouve avec un cadavre à enterrer dans les 24 heures en Algérie.
A la découverte des sociétés algérienne et marocaine
Que ce soit à travers des documentaires ou à travers son premier long métrage de fiction, Inch'allah dimanche qui sort ce mercredi, Yamina Benguigui explore les sociétés algérienne et marocaine. Avec Memoires d'immigres, elle évoque l'arrivée des premiers immigrés algériens en France, de leurs femmes, ainsi que les problèmes d'intégration de la seconde génération. Dans le documentaire Le Jardin parfumé, elle traite d'un sujet tabou : le sexe, en interrogeant des femmes marocaines. Au cinéma, Yamina Benguigui a réalisé un court métrage contre le racisme, et Inch'Allah dimanche, qui traite du sort d'une femme qui rejoint son mari en France avec ses enfants.
Marie-Claude Harrer avec AFP