Arcachon, samedi 22 septembre
C'est à l'unanimité que le jury du 3ème Festival au féminin d'Arcachon, présidé par Bernadette Lafont, a décerné la Vague d'or du meilleur film à Inch'allah dimanche. La réalisatrice Yamina Benguigui, très émue, a également obtenu le prix du public. Quant à l'actrice principale du film, Fejria Deliba qu'on a pu voir dans Marie-Line, elle a remporté la Vague d'or de la meilleure interprétation féminine. "Je suis très touchée que le jury ait récompensé un film comme celui-là car il récompense en même temps le courage de nos mères. Je pense ce soir aux femmes afghanes", a expliqué Yamina Benguigui qui a également confié, devant une salle comble, avoir eu du mal à trouvé un producteur. "Personne ne voulait de ce film."
Inch'Allah dimanche se déroule en 1974, lorsque le gouvernement français décide de mettre en place le regroupement familial : les travailleurs venus d'Algérie pourront ainsi faire venir femme et enfants. Zouina (Fejria Deliba), déchiré par la séparation avec sa mère restée en Algérie, embarque avec ses trois enfants et une horrible belle-mère pour la France. Elle y rejoint son mari (Zinedine Soualem)... retrouvailles plutôt glacées. Zouina souffrira de l'éloignement avec son pays natal, du traitement que lui inflige sa belle-mère, de la méfiance de ses voisins et des silences inquisiteurs de son mari. Une voisine (Mathilde Seigner) et un chauffeur de bus (Jalil Lespert) arriveront tout de même à égayer son quotidien.
Les projections du film pendant le Festival ont été toutes chaleureusement applaudies. Les spectateurs très intéressés ont posé de nombreuses questions à la réalisatrice. La plupart ont apprécié que le sort des femmes algériennes lors du regroupement familial soit enfin abordé dans un film, qui est le premier long métrage de fiction de la réalisatrice à qui l'on doit les documentaires Mémoires d'immigrés.
L'autre grand vainqueur du Festival d'Arcachon est Italien pour débutants de Lone Scherfig. Le film, qui a reçu le Grand Prix au Festival de Troia au Portugal et le Prix du public au Festival de Paris, a raflé la Vague d'or du meilleur scénario et de la meilleur interprétation masculine pour ses trois acteurs principaux : Anders W. Berthelsen, Peter Gantzler et Lars Kaalund. Ce long métrage danois, réalisé suivant les règles du Dogme, brosse le portrait de six personnages (trois hommes et trois femmes) qui se croisent. Leur point commun : ils prennent tous des cours d'italien. Un prêtre se lie d'affection avec une jeune femme gauche. Un restaurateur à la tête dure s'amourache d'une coiffeuse. Un de ses amis, quant à lui, tombe fou amoureux d'une belle cuisinière italienne.
A noter également l'obtention du prix du meilleur court métrage, inauguré cette année, à Souffle de Delphine et Muriel Coulin qui avait déjà obtenu le Prix Novaïs-Texeira du Meilleur court métrage français du syndicat de la critique 2001. Leur film évoque avec sensibilité les rapports entre une petite fille et sa grand-mère.
M-C.H.