Osons !
Les lecteurs du journal professionnel Le Film Français se sont montrés audacieux, innovateurs et aventureux. Dans le choix des hommes de l'année 99, ils ont désigné en première place de leur classement et ex aequo le réalisateur Michel Ocelot et le producteur Jacques Perrin. Le premier pour sa magistrale réalisation du film d'animation, Kirikou et la sorcière ; le second pour s'être lancé dans l'aventure de Himalaya l'enfance d'un chef.
Suivent dans le palmarès l'actrice Karin Viard qui s'est imposée l'an dernier dans La nouvelle Eve (de Catherine Corsini) et dans Haut les Coeurs ! (de Solveig Anspach), deux rôles bouleversants et d'une extrême sensibilité.
Puis, le producteur-distributeur Laurent Pétin qui s'est trouvé en première ligne grâce à la Palme d'Or 99, Rosetta (des frères Dardenne) et au Lion d'Or de Nathalie Baye pour son interprétation dans Une liaison pornographique (de Frédéric Fonteyne). Et en quatrième position, se classe Stéphane Célérier de Mars Films, professionnel de la distribution qui, le nez fin, a réussi des coups de maître en distribuant Le projet Blair Witch, Buena Vista Social Club et The Big One.
En plébiscitant Michel Ocelot, les lecteurs du journal spécialisé ont ainsi récompensé cet ancien étudiant des Beaux-Arts, qui, pour son premier long métrage d'animation, a tutoyé les hauteurs du box-office avec un peu plus d'un million d'entrées.
Kirikou et la sorcière, conte africain d'un bambin qui affronte une sorcière, a ainsi été une des bonnes surprises de l'année 99, surtout pour les exploitants des salles indépendantes où le succès du film s'est joué. Pour Ocelot, après cinq années de labeurs autant financiers (20 millions de francs) qu'artistiques (mélanger dessin traditionnel et finition informatique), le pari était de démontrer que l'animation "n'était pas vouée à rester sous la coupe d'Hollywood". Distingué par de nombreuses récompenses internationales pour ses courts métrages précédents, élu et réélu par ses pairs président de l'Asifa (Association Internationale du Cinéma d'Animation), le maître en orfèvre de l'animation s'est inspiré de sa propre enfance en Guinée pour mettre en scène les aventures du futé Kirikou. La Palme d'Or reçue au dernier Festival du Film d'Animation d'Annecy et le succès au box-office confirment les talents de Michel Ocelot.
Quant à Jacques Perrin, c'est la concrétisation d'un nouveau rêve. Trois ans après avoir produit (avec réussite) Microcosmos (cinq Césars dont celui de meilleur producteur), il s'est aventuré dans Himalaya, l'enfance d'un chef. Une fiction "conciliant l'épopée et l'ethnologie" sur une communauté géographique éloignée, les Tibétains, qui est au sommet du box-office en ce début d'année 2000 avec plus d'un million d'entrées en trois semaines d'exploitation. Un succès (in)attendu pour le réalisateur Eric Valli, qui a engagé des inconnus tibétains (dont certains n'avaient jamais entendu parler de la petite lucarne), et le producteur heureux qui a osé parier sur ce "eastern" d'un autre temps.
Coup de maître donc pour Jacques Perrin qui continue de "croire qu'au cinéma, tout est possible et avoir le talent et la force de conviction de tout rendre possible".
Les lecteurs du Film Français sont ainsi des aventuriers, récompensant l'animation d'un minot en Afrique, et une chronique de la culture tibétaine, là-bas au fin fond du Népal. L.B