Le choix était cornélien, mais le verdict des urnes du sondage CSA-Le Parisien-La Cinquième a désigné Jean Gabin star des stars du grand écran de ce vingtième siècle.
Avec 36%, celui qui a incarné Pépé le Moko devance l'homme à la canne des Temps Modernes, Charlie Chaplin (32%), et notre Fufu aux multiples grimaces, Louis de Funès (21%).
S'en suit, dans ce classement du siècle, notre Gégé national (dit Depardiou), le cow-boy John Wayne, le Fanfan Gérard Philippe, le caméléon Robert De Niro, l'Apollon du soleil Levant Alain Delon et le Parrain Marlon Brando.
Pépé Jean
Jean Gabin. Une gueule. Une présence. Une référence du Septième Art.
Incontestablement, vingt-trois ans après son décès, le massif Jean Gabin reste une légende du cinéma français pour les français qui l'ont élu l'acteur du siècle. Un talent qui n'était pas une grande illusion pour cet enfant de la balle, né Jean-Alexis Moncorgé et qui vit le jour en 1904. Des débuts comme figurant aux Folies-Bergères, et des tours de chant avec Mistinguett. Puis, les premiers pas sur grand écran.
En quarante ans de carrière, et près de cent films à sa boutonnière dont soixante-dix dont il tient la vedette, Jean Gabin impose sa silhouette, son argot, son style proverbial ("Oh ben, mon p'tit, alors là, j'vais te dire...") ; tourne avec Marlène Dietrich (Les portes de la nuit), Brigitte Bardot (En cas de malheur), Simone Signoret (Le Chat), Louis De Funès (Le Tatoué), Jean-Paul Belmondo (Un singe en hiver), Alain Delon (Le Clan des Siciliens)... Les dialoguistes Michel Audiard et Pascal Jardin s'en donnent à coeur joie pour ce Pacha et sa façon de parler ("Dans les situations critiques, quand on parle avec un calibre bien en pogne, personne ne conteste plus. Y'a des statistiques là-dessus" - Mélodie en Sous-Sol). Pour lui, l'improvisation était du bidon. Qu'il soit truand embourgeoisé, chef de bande, commissaire, président, ou " vieux de la vieille ", Jean Gabin, féru de Paris Turf (car le tiercé, c'est son dada) a laissé de son empreinte le paysage cinématographique français de Quai des brumes à L'Année Sainte (son dernier film en 1976). Prévert disait de lui qu'il était sobre comme le vin rouge, simple comme une tache de sang, et parfois gai comme le petit vin blanc. Un monument qui disparut le 15 novembre 1976, et dont les cendres reposent en pleine mer au large de Brest. L.B