Viens chez moi, j'habite à Notting Hill
Les agents immobiliers de Londres peuvent faire les courbettes devant le producteur Duncan Kenworthy et le réalisateur Roger Michell. Grâce au méga-succès de Coup de foudre à Notting Hill, ils ont en effet enregistré une inflation galopante de la demande en logements dans ce quartier très vivant de Londres. Faisant du coût flamber le prix de l'immobilier.
"Les loyers ont en moyenne doublé depuis deux ans", avec des hausses très marquées pour les petits commerces et les logements, "et le film n'y est certainement pas étranger", souligne une agence immobilière spécialisée dans les baux commerciaux, "Hargreaves, Newberry and Gyngell".
Quartier populaire et multi-ethnique où cohabitent Portugais, Jamaïcains, riches, pauvres et Anglais pure souche, Notting Hill est devenue grâce à cette charmante comédie sentimentale, l'endroit le plus in de Londres. C'est cette formidable mixité culturelle qui a conduit Richard Curtis, scénariste de Quatre mariages et un enterrement, à tourner dans le quartier lui-même et non dans les studios victoriens.
"L'inconvénient, c'est que les propriétaires augmentent les loyers et toutes les amusantes petites boutiques qui constituent l'attrait du quartier vont devoir fermer", assure Sarah Anderson, propriétaire de la petite librairie qui appartient au flegmatique William Thacker, alias Hugh Grant dans le film.
Le phénomène Coup de foudre à Notting Hill ressemble un peu aux succès qu'ont connu, dans le passé, certains quartiers ou villes immortalisés dans des longs métrages, comme le Chinatown de Los Angeles pour L'Année du Dragon, Manhattan pour Wall Street, Soho pour Sammy et Rosie s'envoient en l'air.
La carrière du film est exceptionnelle : il a déjà amassé plus de 281 millions de dollars de recettes dans le monde depuis sa sortie, en mai dernier sur les écrans britanniques. En France, il est en tête du box-office depuis le premier jour, où quelques 3 millions de personnes ont été bercées par ce conte de fées moderne.
Notting Hill est devenu une attraction touristique sans précédent ; les commerçants sont assaillis de touristes en quête de la porte bleue du home de William et de son hurluberlu colocataire gallois, et de sa petite librairie. Touristes venant du monde entier pour mitrailler cet endroit multicolore et exotique. En vogue chez les jeunes londoniens très fashion, le quartier s'était déjà rendu célèbre lors de malheureuses émeutes raciales dans les années 50. Plus récemment, le Carnaval aoûtien de Notting Hill, au départ petite procession devenue un big rassemblement patchwork ethnique en tout genre, a re-dynamisé cet endroit "fumeux".
L'histoire d'amour entre le simple libraire, Hugh Grant, et la plus grande star hollywoodienne, Julia Roberts, a permis à certains commerçants de tirer partie de cette publicité. Une pancarte affichée à l'entrée d'un café qui apparaît dans le film annonce : "Julia Roberts et Hugh Grant ont pris un expresso ici et sont tombés amoureux, tentez votre chance".
Comme quoi, une belle love story peut rafraîchir l'immobilier et l'économie d'un quartier... L.B