A la fin des années 80, Marvel Comics vient d'être racheté par New World Pictures et le studio compte bien rentabiliser l'investissement. Un film d'action autour du personnage de Frank Castle alias le Punisher est lancé. Il est confié à Mark Goldblatt, réalisateur de seconde équipe sur RoboCop et monteur de Terminator 1 et 2, Rambo 2, Starship Troopers, Commando ou True Lies.
Goldblatt sort de la comédie horrifique Flic ou zombie (1988) avec Treat Williams et Joe Piscopo. Lorsqu'on lui confie le Punisher, il cherche à faire un film aussi violent que l'est le personnage dans les comics. Il souhaite offrir le rôle-titre à Christophe Lambert, qui sort du Complot d'Agnieszka Holland et qui est porté par le succès international de Highlander, sorti en 1986.
Seulement, Lambert se tord la cheville en amont du tournage et abandonne le rôle pour partir jouer dans Un plan d'enfer de Gene Quintano. Sans acteur principal, Goldblatt se tourne vers Dolph Lundgren, un colosse praticien du karaté qui a été révélé au grand public par Rocky IV et vient de jouer dans Les Maîtres de l'univers.
Le tournage se déroule d'août à octobre 1988 plus des reshoots filmées en 1989, avec une implication de tous les instants des comédiens, aussi sportifs, qui réalisent leurs cascades, Lundgren compris.
Le long métrage commence alors que Dino Moretti, membre de la mafia, sort de prison après avoir été acquitté dans l'affaire du massacre de la famille Castle, survenu il y a 5 ans. Depuis, un mystérieux "vigilante" élimine un à un et avec des méthodes violentes les truands de la pègre sous le nom du Punisher.
Ce "justicier" s'en prend à Moretti lors d'une séquence de combat, puis la caméra part ensuite dans les égouts pour nous montrer Frank Castle nu face à un autel qu'il s'est installé et devant lequel il s'interroge sur le destin tragique de sa famille.
Côté truands, la mafia veut s'organiser pour répliquer au massacre orchestré par le Punisher, mais Hideko Tanaka, chef des Yakuza, leur coupe l'herbe sous le pied et profite de leur affaiblissement pour faire savoir qu'elle gérerait les affaires de la mafia en récupérant 75% des bénéfices. Les tensions sont palpables.
Sauf que cette intrigue prometteuse n'est pas assez exploitée au cours du film et le spectateur doit se contenter d'un scénario qui ne s'embarrasse pas de la cohérence, avec des rebondissements qui le laisseront globalement indifférent.
The Punisher n'est pas bien filmé et propose des cascades mal chorégraphiées dont le montage est le principal fautif. La musique en revanche, signée Dennis Dreith, mérite la réécoute.
Les fans se réveilleront après 1h10 de film lors des séquences dans le dojo, et notamment le massacre d'une trentaine de combattants par le Punisher : efficace et impressionnant. Malheureusement trop court.
Cela dit, le long métrage a connu une post-production compliquée avec le scénario de Boaz Yakin remanié par le producteur Robert Mark Kamen (pour l'ajout d'un prologue qui finira en flashbacks) et la Motion Picture Association of America demandant la diminution de la violence ainsi qu'une fin différente.
En réalité, The Punisher est plutôt apprécié par les fans de comics qui y retrouvent l'esprit du personnage qu'ils aiment, sont attachés à Dolph Lundgren et ont une nostalgie durable pour ce film qui ne se prend pas pour ce qu'il n'est pas.
Il faut rappeler qu'en 1989, les adaptations de comics étaient limitées aux téléfilms cheap sur Hulk avec Lou Ferrigno (dont un avec Thor chroniqué ici) et que le Punisher faisait alors office de mètre étalon en s'élevant au rang d'adaptation fidèle imparfaite mais toujours mieux que tout le reste.
Faut-il donc regarder le film avec les yeux d'aujourd'hui et uniquement juger sa qualité intrinsèque assez pauvre ou atténuer notre sévérité à l'aune de ce que le film a représenté pour toute une génération de fans de comics ? A vous de trancher !