Le cinéaste Jean-Luc Godard est décédé ce mardi 13 septembre à l'âge de 91 ans. Le réalisateur d'A bout de souffle, Pierrot le fou et Le Mépris venait de participer au documentaire de Mitra Farahani À vendredi, Robinson, en salles ce mercredi.
Présenté en compétition à la Berlinale 2022 dans la catégorie Encounters, le film est la chronique de la rencontre cinématographique de l'auteur et réalisateur iranien Ebrahim Golestan (99 ans) et du cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard (91 ans).
Beaucoup de temps a passé depuis les années 1960, et la Nouvelle Vague iranienne est restée en grande partie inconnue, éclipsée par la renommée de son homologue européenne. Mais est-il trop tard pour réunir deux figures de proue de ces expériences éloignées ?
La cinéaste, documentaliste et plasticienne Mitra Farahani (Fifi hurle de joie) a mis en scène un film sur la correspondance épistolaire entre les deux artistes.
"Commençons par une correspondance", dit Godard, "peut-être que ça ne correspondra pas. Ebrahim peut m’envoyer une lettre par e-mail ce vendredi, et moi je lui répondrai vendredi prochain. Donc, à vendredi, Robinson !".
C’est ainsi que le film se déroule, suivant parfois une trajectoire linéaire, le plus souvent en empruntant des chemins de traverse, jalonnés d’espoirs déçus, d’intuitions géniales et de résistance qui ponctuent la confrontation entre les deux interlocuteurs.
Un documentaire avec Jean-Luc Godard mais sans que ce dernier ne se montre véritablement.
Deux fois par semaine, le réalisateur iranien recevait les messages du cofondateur de la Nouvelle Vague française. Ceux-ci étaient composés de formules obscures et de montages d’images énigmatiques.
Ebrahim Golestan lui répondait alors en développant ses arguments sur plusieurs pages. " Ma solitude reconnaît la vôtre", dit alors Godard à son alter ego.
La réalisatrice iranienne Mitra Farahani transforme la correspondance épistolaire entre Godard et Golestan en matériel cinématographique loin des sentiers battus. Un peu à l'image des films expérimentaux de Jean-Luc Godard.
Le célèbre cinéaste décrivait d'ailleurs le film de Farahani ainsi : "Ce sont deux joueurs de poker qui ne jouent pas le jeu mais se montrent leurs cartes pour continuer, en ce sens ils trahissent chacun leur milieu."
À vendredi, Robinson est à voir au cinéma dès aujourd'hui.