Trevante, vous aviez une carrière de sportif avant de vous lancer dans le métier d’acteur, est-ce que cela vous a aidé à rentrer dans la peau de Mike Tyson ?
Trevante Rhodes : Jamais je n’aurai cru être acteur un jour et encore moins jouer Mike Tyson. Cela m’est tombé dessus par hasard. Cela a dû m’aider oui, mais inconsciemment. J’ai surtout étudié Mike en regardant des vidéos de lui. Et j’ai beaucoup parlé avec nos producteurs et notre showrunner. Ça a été un vrai défi. C’était tout un processus spirituel de rentrer dans la tête de Tyson. Il fallait aller au-delà du script et faire vivre l’esprit de Tyson en moi. Le plus important était de comprendre sa manière de boxer et d’observer comment il bougeait sur un ring. Je me suis entraîné des heures avec un coach fantastique. J’avais aussi un coach linguistique pour m’exprimer comme Tyson. J’espère que je lui ai fait honneur avec ma performance.
Russell, comment joue-t-on le légendaire Don King qui fut longtemps le manager de Mike Tyson ?
Russell Hornsby : Je devais d’abord comprendre l’homme et son passé - d’où il venait et comment il a dû se battre dans ce monde impitoyable de la boxe. Comprendre ce qui se passait dans sa tête et comment il prenait telle ou telle décision quant à la carrière de Tyson. Vous ne pouvez pas imaginer comment son parcours a été compliqué, lui qui est Noir et qui ne vient pas du milieu du ring. Il a un parcours admirable.
Steven Rogers (producteur) : Cus fut le premier manager de Mike, comme une sorte de père spirituel. Le style de Don King est totalement à l’opposé de celui de Cus D’Amato. Tout est glamour et bling bling. C’était un phénomène ce Don King.
Apparemment Mike Tyson n’est pas un fan de cette série. Est-ce que vous lui en avez parlé ?
Steven Rogers : En fait, on ne pouvait pas, car les droits de sa vie étaient déjà vendus à quelqu’un d’autre. Nous ne lui en avons pas parlé. J’espère qu’il aimera notre approche. De toute façon nous avons eu plusieurs sources bétons, je pense que notre série est très proche de la réalité, de qui est réellement Mike Tyson.
Karin Gist (la showrunneuse) : Nous avons fait énormément de recherches, pour avoir les faits les plus véridiques possibles. Nous abordons beaucoup de sujets et j’espère que cela servira de point de départ à de nombreuses conversations.
Pourquoi pensez-vous que la vie de Mike Tyson peut intéresser le public ? Est-ce une histoire de rédemption pour vous ?
Steven Rogers : C’est une histoire fascinante et extraordinaire, une sorte d’avertissement sur les limites du "rêve américain". Mais c’est une histoire mondiale également car Mike Tyson est connu n’importe où sur cette planète. Nous avons essayé non seulement de raconter les faits historiques mais aussi de montrer ce qui se passait dans son intimité. Je me souviens que l’une des premières vidéos de Tyson que j’ai regardé en faisant mes recherches fut celle où il parle de son tatouage au visage. Il expliquait qu’il ne voulait pas se reconnaître lorsqu’il se regardait dans un miroir. Cela m’a vraiment bouleversé. Je voulais montrer que la plupart de ses actions avaient une raison d’être. Je pense que l’histoire de Tyson reflète les mouvements Black Lives Matter et MeToo, sans oublier les problèmes de criminalité, d’incarcération, de maladies mentales et des problèmes d’addictions sévères. Tous ces thèmes sont au cœur de la vie de Tyson et c’est cela qui la rend plus que jamais d’actualité.
Steven Rogers : Ce n’était pas notre but de dire si c’est un héros ou un vilain. Nous voulions juste vous montrer les faits et ce qui s’est passé. Chaque épisode est construit comme un round de boxe. Il y a des punchs, de l’adrénaline, de l’action. On ne vous laisse pas le temps de respirer jusqu’à la fin de la série. C’est pour cela que chaque épisode ne dure que 30 minutes, comme les 3 minutes d’un round de boxe. Voyons si vous n’allez pas finir K.O !
Au-delà de Tyson, il y a aussi toutes les femmes qui l’entourent. Quelle fut votre approche ?
Karin Gist : C’était ma première préoccupation. Je voulais inclure toutes les femmes de sa vie, à commencer par sa mère. Je voulais éviter les clichés en montrant comment elles ont eu une influence sur lui. Par exemple, je ne voulais pas que Lorna Mae apparaisse comme une mère abusive. C’était une femme noire de condition très modeste, vivant seule avec ses trois enfants, dans un environnement hostile. Imaginez les difficultés et le stress qu’elle a vécus. De même avec Robin, nous voulions montrer comment ces deux jeunes étaient tombés amoureux et se sont soudainement retrouvés sur le devant de la scène. De même avec Désirée Washington qui a accusé Tyson de viol. On peut se demander pourquoi elle a été à son hôtel ? Dans tous les cas nous voulions savoir ce qui a pu vraiment se passer, au-delà de tout jugement et avec le plus d’honnêteté possible. C’est vraiment le but : vous divertir tout en mettant à nu tous les préjugés que vous avez sur Mike Tyson.