En promotion pour son documentaire The Last Movie Stars, diffusé sur HBO, Ethan Hawke a évoqué la cruelle absence sur les écrans du grand cinéaste Peter Weir, qui n'a plus rien réalisé depuis Les Chemins de la liberté, sorti il y a déjà dix ans.
Une absence que Hawke, qui avait tourné avec lui dans Le cercle des poètes disparus, explique par les difficiles expériences passées avec Russel Crowe sur Master & Commander, et un projet avorté avec Johnny Depp.
"Je pense qu'il a perdu tout intérêt pour faire des films" commente-t-il; "Il a vraiment apprécié ce travail quand il n'avait pas d'acteurs qui lui donnaient du fil à retordre. Russell Crowe et Johnny Depp l'ont brisé. C'est quelqu'un de si rare de nos jours, un artiste populaire.
Il fait des films grand public qui sont artistiques. Pour avoir le budget pour faire The Truman Show ou Master and Commander, vous avez besoin d'un Jim Carrey ou d'un Russell Crowe. Je pense que Harrison Ford et Gérard Depardieu étaient son genre d'acteurs. Ils étaient favorables aux réalisateurs et ne se considéraient pas comme "importants"."
Sorti dans une indifférence polie et totale - c'est un euphémisme - le 31 décembre 2003 chez nous, torpillant de facto sa carrière en salle, lourd échec au Box-Office mondial avec à peine plus de 211 millions $ au compteur sur un budget de 150 millions $, c'est peu dire que Master & Commander mérite plus que largement une sérieuse réévaluation. Un échec très douloureux pour Peter Weir, qui mettra plusieurs années à s'en remettre.
Quant à l'évocation de la collaboration entre Johnny Depp et Peter Weir, Ethan Hawke est assez évasif. En fait, les deux devaient travailler ensemble sur un film annoncé en 2004, Shantaram. Depp y incarnait un jeune Australien évadé de prison qui se reconstruisait une nouvelle vie dans les bidonvilles de l'Inde, avant de partir combattre les Russes en Afghanistan.
Weir quitta finalement le projet, officiellement pour "divergences de vues artistiques". Une formule toujours un peu fourre-tout, qui masque parfois, et mal, de grosses tensions sur les films.
"Mes succès ont été des accidents" disait le cinéaste six fois cité à l'Oscar. "Je suis totalement incapable de me consacrer à des projets taillés pour le Box-Office, à des scénarios infantilisants, à des histoires de justiciers costumés.
Au moment de leur sortie, Mosquito Coast ou Etat second étaient juste des films parmi d'autres. Aujourd'hui, Hollywood les classifie dans la rubrique "Drames pour adultes", et ça me donne l'impression presque honteuse d'avoir fait des pornos". Ça fait vraiment de la peine...