Mis en examen en février 2021 dans le cadre d'une enquête pour agression sexuelle et tentative de viol, Dominique Boutonnat, le président du Centre National du Cinéma, a été reconduit à la tête du CNC par décision du Conseil des Ministres.
Le producteur avait pris ses fonctions à la tête du Centre National de la Cinématographie en 2019 pour un mandat de trois ans qui vient donc d'être reconduit pour trois années supplémentaires.
Selon les informations de BFMTV, Dominique Boutonnat est accusé par son filleul de 22 ans de faits qui auraient été commis à l'été 2020. Le président du CNC a rapidement contesté ces accusations.
Le 25 avril dernier, le parquet de Nanterre avait requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de Dominique Boutonnat.
Dominique Boutonnat, mis en examen dans une enquête pour agression sexuelle, reste à la tête du CNCDans un communiqué envoyé le 13 juillet, La SRF (Société des Réalisateurs et Réalisatrices de Films), qui s'opposait déjà à sa nomination en juillet 2019, estimait que la reconduction de Dominique Boutonnat serait "incompréhensible".
"À la veille d’une possible reconduction de Dominique Boutonnat à la Présidence du CNC, les cinéastes de la SRF continuent à s’opposer de la manière la plus vive aux orientations qui sont les siennes depuis le début de son mandat.
Si certaines avancées peuvent être saluées, telle la mise en place d’une troisième commission à l’Avance sur recettes, si des aides exceptionnelles ont été rapidement débloquées au cours de la crise sanitaire, les fondements de la politique menée depuis trois ans restent des plus alarmants pour le cinéma indépendant."
Selon le conseil d'administration de la SRF, Dominique Boutonnat "conduit une politique ouvertement libérale et trop souvent court-termiste, s’appliquant à démanteler petit à petit ce puissant outil de régulation".
De son côté, la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, avait milité pour sa reconduction à la tête du CNC. Elle confiait en juin dernier au Parisien : "Il est mis en examen, pas condamné. La présomption d'innocence prévaut".
Pour la SRF, "la mise en examen de M. Dominique Boutonnat aurait dû empêcher sa reconduction."
Suite à l'annonce de ce second mandat, le Conseil d'administration de la SRF a publié une réaction ce jeudi 21 juillet.
"Les cinéastes de la SRF souhaitent réagir à l'annonce du renouvellement du mandat de Dominique Boutonnat à la présidence du CNC pour trois nouvelles années.
Au-delà de nos vives inquiétudes sur la politique conduite par les pouvoirs publics en place, en termes de culture et de cinéma, que nous avons exprimées par voie de presse mardi 13 juillet dernier, nous souhaitons rappeler notre plein accord avec le Collectif 50/50 quant à la nécessaire probité des institutions culturelles avec lesquelles nous échangeons et travaillons tout au long de l'année.
Tout en respectant le principe de la présomption d'innocence, il nous paraît essentiel de pouvoir observer une stricte égalité de traitement entre les professionnels du cinéma, tenus à des obligations très précises en termes de prévention et de détection des violences sexistes et sexuelles, et leurs dirigeants au sein du CNC et de toutes les instances publiques.
Nous partageons donc l'analyse du Collectif 50/50, selon laquelle la mise en examen de M. Dominique Boutonnat pour agression sexuelle et tentative de viol aurait dû empêcher sa reconduction à la présidence du CNC."