Y aurait-il un peu de The Boys et de Preacher dans The Sadness ? À première vue non, car on ne croise ni super-héros borderline, ni pasteur confronté à des démons (malgré la monstruosité de certains infectés) dans le long métrage taïwanais signé Robert Jabbaz. Ce dernier avoue pourtant s'être inspiré du comic book Crossed.
Publié entre septembre 2008 et mars 2010 aux États-Unis, le titre a été co-créé par Jacen Burrows et surtout Garth Ennis, à qui l'on doit The Boys et Preacher. Et son titre désigne la cicatrice en forme de croix que l'on aperçoit sur le visage des personnes infectées par un mystérieux virus, dans cette histoire qui se déroule dans une petite ville des États-Unis.
Là où le parallèle avec The Sadness saute aux yeux, c'est que les personnes contaminées ne deviennent pas tant des zombies que des êtres ultra-violents et sadiques, qui se laissent aller à leurs pires instincts. Comme dans cette scène du film de Robert Jabbaz qui implique notamment une orbite, entre autres joyeusetés. Culte aux États-Unis et relativement méconnu en France, alors qu'il y est disponible depuis le 18 mai grâce à HiComics, Crossed est décrit comme le récit "le plus extrême et le plus dérangeant" écrit par son auteur, comme celui-ci l'affirme sur la quatrième de couverture.
Ce qui, au vu de son palmarès, en dit long sur le contenu de cette intrigue beaucoup plus ramassée (et donc intense) que celui d'un The Walking Dead par exemple. Soutenu par les dessins très graphiques de Jacen Burrows, à réserver à un public averti, l'humour noir de Garth Ennis fait des ravages, avec un mélange de nihilisme et de méchanceté. Comme Robert Jabbaz au cinéma, il ne se refuse rien, qu'il s'agisse de membres arrachés, de viols ou d'enfants infectés qui attaquent leur mère pendant que celle-ci est au volant.
L'esprit sanglant est donc sur l'écran. Le sentiment d'urgence aussi. Le voyage moins, car les personnages de The Sadness n'ont pas le temps de quitter leur ville. Mais il y a effectivement des similitudes entre le long métrage et le comic book dont il s'inspire, sans que le premier ne ressemble à un décalque du second. Et on se dit que si Robert Jabbaz se tourne un jour vers les super-héros, son influence majeure sera peut-être The Boys.