A Paris, Mia est prise dans un attentat dans une brasserie. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle de l’évènement que par bribes, Mia décide d’enquêter dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible.
Après Proxima, avec Eva Green dans le costume d'une astronaute, la cinéaste Alice Winocour s'intéresse au sujet des attentats, dans Revoir Paris, un film lointainement inspiré du Bataclan. Cette fiction prend le parti de montrer en premier lieu la question de la mémoire traumatique. En d'autres termes, comment un tel drame peut agir sur les souvenirs.
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, au Festival de Cannes cette année, le film avait été chaleureusement accueilli.
Alice Winocour, parisienne d'origine, pose sa caméra pour la première fois à Paris, et montre la ville comme on l'avait rarement vue au cinéma. Elle filme un Paris meurtri, blessé par les attentats, comme un personnage à part entière.
On l'a tous dans nos mémoires, cette nuit
"Je me suis inspirée de ma propre mémoire, nous a confié la réalisatrice lors d'un entretien au Festival de Cannes. C'est inspiré d'une nuit, celle du 13 novembre 2015, des attentats de Paris. On l'a tous dans nos mémoires, cette nuit. Pour moi, elle était un peu particulière, et peut être est-elle de manière traumatique dans ma mémoire, puisque mon petit frère était dans les attentats. Il a survécu. Il était dans le Bataclan et j'étais en lien SMS avec lui. Donc je me suis inspirée des conversations que j'ai pu avoir avec lui dans les jours et mois qui ont suivi."
"Ce qui est particulier, c'est qu'entre temps, j'ai fait un film qui s'appelle Proxima qui se passait dans l'espace, et qui n'avait rien à voir. Mais le désir, la nécessité de ce film m'a rattrapée, poursuit-elle. J'ai décidé d'aller dans la fiction, que ce ne soit pas l'attentat du Bataclan, ni aucun autre attentat réel. Que ce soit un attentat imaginaire. Car ce n'est pas l'attentat qui m'intéresse."
C'est plus un film de guérison, de résilience. Cela parle plus de la vie que de la mort
"Ce qui m'intéresse, ce sont les traces que ça a laissé dans la ville, chez les victimes. En revanche, il s'est vraiment nourri énormément de rencontres comme j'ai pu le faire pour mes autres films. Grâce à mon frère, j'ai vraiment découvert le monde des survivants qui m'a fait accéder à ces personnes. C'est un mélange avec ces personnes, des psychiatres, des spécialistes. C'est un sujet qui m'intéresse énormément, c'était déjà le sujet dans Maryland, que j'avais présenté il y a quelques années à Cannes, sur les soldats post-traumatisés qui revenaient d'Afghanistan, avec Mathias Schnonaerts. Je voulais vraiment parler de la résilience. C'est plus un film de guérison, de résilience. Cela parle plus de la vie que de la mort", souligne-t-elle.
L'héroïne de Revoir Paris reste bien sûr avant tout Virginie Efira, captivante, quasiment de tous les plans de ce long métrage qui lui offre un nouveau rôle beau, dense et complexe. Sa connexion avec Benoît Magimel est belle et fonctionne très bien à l'écran.
A l'occasion du Festival de Cannes, nous avons pu nous entretenir avec Virginie Efira. Un entretien à découvrir en vidéo ci-dessus (dans une version condensée) ou une version longue, ci-dessous, en format podcast audio :
En cette rentrée, Virginie Efira est également attendue dans Les Enfants des autres de Rebecca Zlotowski, qui sortira le 21 septembre. Quant à Benoît Magimel, on pourra le voir dans la comédie d'aventure Jack Mimoun et les secrets de Val Verde de Malik Bentalha et Ludovic Colbeau-Justin le 12 octobre sur grand écran, puis dans Pacifiction - Tourment sur les îles d'Albert Serra, en compétition à Cannes cette année, et qui sortira le 9 novembre en salles.
Propos recueillis au Festival de Cannes 2022