Après avoir dirigé Eva Green dans son précédent film Proxima, la réalisatrice Alice Winocour avait pour projet de faire appel à une autre actrice anglophone pour Revoir Paris, à l'affiche depuis mercredi.
Le film porté par Virginie Efira avait connu de précédentes versions avec un personnage non francophone d'origine. Le projet ayant été retardé par la crise du Covid, le scénario a ensuite évolué vers un personnage français.
Alice Winocour et scénariste du film nous en a dit plus lors d'une interview au Festival de Cannes : "Cela a fait partie du processus d'écriture du film. Au départ, -car pour moi, les choses plus lointaines sont plus faciles à faire-, j'ai d'abord écrit le film pour Nicole Kidman. Et puis, il y a eu le Covid et le film ne s'est pas fait."
Pour mémoire, Nicole Kidman a eu l'occasion de tourner pour un cinéaste français dans le passé, en l'occurrence Olivia Dahan, pour le film Grace, tourné en langue anglaise.
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Alice Winocour poursuit : "Mais je pense que c'était une étape d'écriture, car cela s'est traduit dans le film par le fait que le personnage de Mia n'est pas étrangère. Dans les premières versions, le personnage venait des Etats-Unis et rentrait à Paris. Mais tout à coup, j'ai pris conscience qu'elle revenait à Paris depuis les limbes. Elle n'est pas étrangère au sens du pays, étrangère à sa ville. Pour moi, elle est étrangère à elle-même. Il y a une dépersonnification, elle n'est plus dans son corps", détaille Alice Winocour à notre micro.
Après ce travail d'écriture, le choix de la réalisatrice s'est porté sur Virginie Efira pour tenir le rôle principal de Revoir Paris. "C'est une actrice que j'ai toujours beaucoup admirée, nous confie-t-elle. Je trouve qu'elle dégage une espèce de force. On voit que c'est quelqu'un de courageux, qui se bat, qu'elle n'est pas complaisante dans la souffrance. C'était quelque chose de très important pour moi, que cela se ne soit pas un film plaintif, mais sur des gens qui ont une énergie vitale, comme le sont les gens qui ont frôlé la mort : ce sont des gens qui essayent d'aller de l'avant. Virginie Efira dégageait ça."
L'actrice s'est beaucoup impliquée : "Nous avons créé ensemble ce personnage de femme libre, qui est dans cette quête obsessionnelle. C'est aussi une forme de performance pour Virginie d'arriver à trouver cet état particulier de post-trauma qui fait que l'on est étranger à son propre corps. Ce n'est pas simple à jouer, comme si elle était un peu spectatrice de sa mémoire. Ce que je mets en scène dans ce film, c'est aussi cette mémoire traumatique. C'est le phénomène des flashbacks en psychiatrie, qui sont différents des flashbacks de cinéma. Les flashbacks de cinéma, ce sont des souvenirs. Là c'est quelque chose qu'on appelle la mémoire récurrente involontaire. Ce sont des effractions psychiques d'images et de sons qui surgissent par des réminiscences sonores. Les sons peuvent suffire à faire resurgir intégralement la scène. Nous avons beaucoup travaillé sur son regard. J'ai eu beaucoup de chance de travailler avec elle, et aussi Benoit Magimel. Ce sont des acteurs qui provoquent beaucoup l'empathie".
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Le personnage de Virginie Efira se déplace en moto, ce qui porte une symbolique pour la scénariste et réalisatrice : "Pour moi, c'est un personnage d'affranchie, de femme forte. Il y avait cette idée qu'elle déambulait sur sa moto dans Paris, comme dans les limbes. Quelqu'un qui n'est pas vraiment là, pas vraiment dans ses souvenirs, pas vraiment dans le monde réel... Un peu ailleurs. Tout le chemin du film, c'est elle qui revient dans le monde des vivants".
Le pitch de Revoir Paris : A Paris, Mia est prise dans un attentat dans une brasserie. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle de l’évènement que par bribes, Mia décide d’enquêter dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible.
Le film est actuellement en salles.
