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    Alexandre Astier : sa bande originale coup de cœur, l'enregistrement de Kaamelott... on a parlé musique de film avec le Président du jury du Festival de La Baule
    Thomas Imbert
    Thomas Imbert
    -Chef de rubrique - Infotainment
    De la Terre du Milieu aux confins de la galaxie Star Wars en passant par les jungles de Jurassic Park, il ne refuse jamais un petit voyage vers les plus grandes sagas du cinéma. Enfant des années 90, créateur des émissions Give Me Five et Big Fan Theory, il écrit pour AlloCiné depuis 2010.

    Alors que le Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule se tiendra du 29 juin au 3 juillet, nous avons pu nous entretenir avec Alexandre Astier, président du jury de cette 8ème édition.

    SND

    Cette semaine, du mercredi 29 juin au dimanche 3 juillet, se tiendra la 8ème édition du Festival de Cinéma et de Musique de Film de La Baule. 

    Au programme de cette édition 2022 : un hommage au célèbre compositeur Alexandre Desplat (oscarisé à deux reprises pour La Forme de l'eau et The Grand Budapest Hotel), six longs métrages français en compétition, et un jury quatre étoiles présidé par Alexandre Astier

    A deux jours du lancement du festival, nous avons pu nous entretenir avec le créateur de Kaamelott, évoquer ses goûts et ses souvenirs en matière de musique de film.

    La Baule

    AlloCiné : Dans "Kaamelott - Premier volet", un instructeur romain déclare au jeune Arthur que "la guerre, c'est de la musique". Pensez-vous qu'on puisse adapter cette réplique et dire que "le cinéma, c'est de la musique" ?

    Alexandre Astier : Je ne sais pas trop, parce que si vous demandez ça à un réalisateur qui vient davantage de la photo, ou de la lumière, il aura abordé tout ça d'une autre façon. Je pense que, surtout dans le domaine de la comédie (...), ce qui compte, c'est le "quand". Quand les choses arrivent, quand les choses sont dites, quand on change de séquence... Je réfléchis avant tout comme ça.

    Ce n'est pas pour ça que je n'aime pas la photo, d'ailleurs je suis photographe et j'essaie de me parfaire dans le domaine des cadres, etc. Mais, autant je suis hyper heureux de bosser avec un chef opérateur en lumière, autant je ne lâcherai jamais le montage. Pour moi, c'est la signature de ce qu'on fait : le rythme. Donc, encore une fois, pour moi - et je suis bien conscient qu'il y a d'autres façons d'aborder la chose - tout est vraiment une question de rythmique.

    SND

    Y a-t-il une bande originale qui vous a particulièrement marqué récemment ?

    J'avoue que je n'écoute pas tellement de BO comme ça. J'écoute quand même plutôt des oeuvres classiques, mais disons qu'il y a des films que j'ai hâte de revoir pour leur BO. C'est-à-dire que je vais bouffer la BO, même parfois avant le reste. Et ça m'a fait ça il n'y a pas très longtemps avec une BO qui est pourtant très connotée, celle du Fugitif. (...)

    C'est donc signé James Newton Howard. Il a un truc que je n'ai jamais fait - si, un tout petit peu mais pas assez, parce que j'adore ça - c'est ce qu'on appelle l'orchestral pop. Il s'agit de toutes ces musiques qui sont avec orchestre - assez réduit généralement, mais quand même avec tous les pupitres - et section rythmique (batterie, basse, clavier, guitare, etc.). C'est forcément très américain mais - alors que c'est un style que je ne devrais pas aimer, parce que c'est une hybridation qui est quand même assez dangereuse, ça peut vite faire ringard - je trouve que dans Le Fugitif, ça défonce.

    Ça va bien avec Chicago, avec cette fuite, avec cette planque, avec la cavale du mec. Je suis fan de ce film, en plus. Et du coup, cette BO-là m'a surpris. Je ne me souvenais pas que c'était aussi bien fait. Pourtant, la partition n'est pas infaisable. C'est pas des partitions à la John Williams où il faut relire 50 fois pour piger ce qu'il a fait. Là, c'est simple, mais ça marche super bien.

    Warner Bros.

    Lorsqu'on compose (et notamment pour le cinéma), on passe forcément d'un travail initialement solitaire à un travail collectif. Comment s'est passée cette transition pour vous ?

    J'ai un problème personnel avec le travail figé, tout comme un problème personnel à rendre un montage. J'ai toujours l'impression qu'un montage pourrait être mieux. Du coup, il y a toujours une douleur à lâcher les choses. Et en musique, ça correspond au moment où ça devient collectif. C'est-à-dire d'abord en passant les maquettes aux gens avec qui je travaille, notamment pour faire les partitions, même si j'en fais un peu. Et puis après, évidemment, il y a le jour de l'orchestre, que je dirige ou que je ne dirige pas...

    Danny Elfman disait que l'orchestre était un peu un monstre, qu'il fallait aller se battre avec un monstre (rires). C'est vrai que quand vous êtes tout seul devant 95 personnes, il y a forcément quelque chose de l'ordre de la lutte. Evidemment, j'ai la chance de faire ça avec un orchestre extraordinaire, mais ce n'est pas toujours le cas, donc [parfois] on lutte plus pour obtenir ce qu'il faut. Mais, en ce qui concerne le vrai collectif, c'est-à-dire les jours d'enregistrement de Kaamelott - Premier volet, j'ai un souvenir extrêmement ému de ces jours-là. C'étaient potentiellement les jours les plus émouvants de toute la production du film. 

    Pour quelle raison ?

    Déjà parce que j'aime évoluer dans un monde de cette extrême précision-là, où on est tous ensemble, en train de connaître une langue étrangère qui s'appelle la musique, et où on se dit : "Celle-là, on va la mettre un peu plus violette", "Ça, on va le faire un tout petit peu plus vert", etc. On observe les choses, et on fait de l'ultra-détail. J'avoue que je suis dans mon élément là-dedans.

    Peut-être que sur KV1, cela m'a manqué de temps en temps de ne pas diriger les musiciens, mais ça m'a permis aussi de descendre dans la salle d'enregistrement, de comparer les choses... On a été plus efficaces comme ça en termes de temps. Mais vraiment, cette collectivisation de la musique que j'ai faite seul, c'est avant tout beaucoup de bonheur. 

    (Re)découvrez ici la bande originale de "Kaamelott - Premier volet"...

    Est-il vrai qu'en 2023, "Kaamelott - Premier volet" deviendra un ciné-concert ?

    Une tournée, même ! On commence à Lyon, mais petit à petit, les grands orchestres français dans nos villes sont en train de prendre le truc aussi chez eux. Donc en fait, je pense qu'il va y en avoir un peu de partout. Je n'ai pas encore la liste, et tout n'est pas calé, mais ce ne sera pas qu'un événement exceptionnel à Lyon, ça sera une tournée.

    Propos recueillis le 27 juin 2022

    (Re)découvrez notre interview d'Alexandre Astier pour la sortie de "Kaamelott - Premier Volet", en juillet dernier...

     

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