De quoi ça parle ?
Dans le New York des années 60, Don Draper est l'un des grands noms de la pub. Maître manipulateur, il compte dans son entourage des ennemis qui attendent sa chute.
Pourquoi c’est super ?
Créée par Matthew Weiner en 2007, Mad Men débarque outre-Atlantique sur la chaîne câblée AMC qui se lance alors dans la création de séries originales maison. Le coup d’essai est un coup de maître. Série historique mais terriblement moderne par son sujet, Mad Men est un drame classieux qui questionne habilement la figure du anti-héros.
Mais la série offre aussi une galerie de personnages qui mériteraient chacun d’avoir leur propre spin-off. En plus de Jon Hamm, véritable révélation dans le rôle de Don Draper, Mad Men a aussi permis au talent d’Elisabeth Moss d’éclater grâce au rôle de Peggy Olson. Voici 5 bonnes raisons de (re)découvrir la série.
1. Série miroir
Matthew Weiner situe sa série à la fin des années 1960 qui correspondent aux Etats-Unis véritablement à la fin d’une époque. La transition vers les années 1970, c’est l’approche de la guerre, celle du Vietnam, l’accroissement des tensions entre les blocs est et ouest et l’approche des premières grosses crises économiques. C’est aussi la fin d’un style, celui si élégant des sixties pour aller vers les couleurs bariolées et la mode hippie des années 1970 que la série aborde comme une forme de renoncement. Bien sûr, en racontant la fin d’un âge d’or, Weiner fait écho à notre propre époque et souligne la transition qui s’opère sur tous les plans politiques, culturels… depuis l’entrée dans le 21ème siècle.
2. Une esthétique de cinéma
Avec sa reconstitution millimétrée des années 1960, allant des décors aux costumes en passant par les coiffures, Mad Men est un perpétuel émerveillement pour le spectateur. Sur le plan purement esthétique et celui de la réalisation, elle entre directement au panthéon des plus belles séries. Chaque épisode contient des plans à la composition parfaite où l’éclairage, le cadrage et les performances d’acteurs se combinent parfaitement pour raconter toute une histoire en une seule image.
AMC
3. La relation entre Don Draper et Peggy Olson
Peggy démarre dans la série en tant que secrétaire de Don, et elle a été choisie parce que Joan (Christina Hendricks) savait que Don ne voudrait pas coucher avec elle. Et bien que Peggy et Don n’aient jamais de relation amoureuse, leur amitié – qui s’est développée au fil des saisons – est l’une des relations les plus romantiques qu’on ait vues à la télévision. Don s’est entiché de Peggy, mais d’une manière toute autre. Il l’a prise sous son aile, l’a protégée, est devenu son mentor. Elle se sait montrer très dure avec lui par moments, mais le lien qui les unit est presque indéfinissable tant il est intense.
4. Une écriture au cordeau
Tout dans la série signifie quelque chose, d’une pile de documents en arrière-plan, à la cravate d’un personnage. L’écriture s’apparente à celle d’un livre. C’est un voyage littéraire parce que chaque épisode revient à plonger dans ces personnages. Chaque épisode ressemble à un nouveau chapitre, et chaque scène à une nouvelle page. Matthew Weiner et son équipe d’auteurs ont peaufiné leurs personnages et les ont travaillés comme une matière vivante. Captivante et donc parfois imprévisible. C’est ainsi qu’on voit des épisodes consacrés à des personnages secondaires, et certains se concentrant uniquement sur la distribution principale. Ce sont eux qui mènent l’action (et son urgence) et non l’inverse comme dans une scène de vie dont on ne peut prédire la suite.
5. L’âge d’or de la télévision
Mad Men s’inscrit dans une période bénie où la création sérielle a atteint un véritable pic artistique avec des séries comme Breaking Bad, The Wire, Les Soprano… Toutes ces séries ont marqué un tournant dans l’histoire de la télévision en mettant en scène des anti-héros ou "difficult men" comme les a appelés le journaliste et critique américain Brett Martin dans son livre Des hommes tourmentés. Avec Don Draper, Matthew Weiner brosse le portrait d'un homme non seulement tourmenté mais celui d'un imposteur dont la chute est certaine. Un portrait mélancolique et existentiel d'un génie de la publicité qui pourrait vendre des moufles à un esquimau, et qui est un peu le roi du monde, mais qui ne trouve jamais de sens à sa vie. Poignant et grandiose.
Mad Men quitte le catalogue de Prime Video le 2 juillet.
